Le 14 juillet, la France fête la liberté.

Ce jour où les Parisiens piétinèrent le symbole de la tyrannie qu’était devenu le système monarchique, ce jour fut un éclair d’éternité. Eternité de vie, éternité que s’acquiert l’homme face à l’infini et au néant. Eternité de l’instant et non des fins dernières.

Le 14 juillet, la France fête la révolte, le refus de l’abaissement, la haine de la prosternation.

Ce 14 juillet, on nous en a fait maintes fois procès. Il y a trois jours, le reproche qu’ainsi nous adressaient depuis deux siècles les forces de la nuit a pris la forme d’un massacre. Plus de quatre-vingts personnes ont trouvé la mort pour l’avoir célébré, peut-être même sans y penser, d’une oisiveté saine, chaleureuse, sacrée – ce que les esclaves d’un dieu despotique ne peuvent avoir qu’en suprême horreur.

Cette abomination nous rappelle hélas les attentats perpétrés en Israël, souvent dans l’indifférence des nations. Lorsqu’il suffit d’une voiture ou d’un camion pour assouvir sa soif de sang, plus personne ne peut s’estimer en sécurité. Guerre inexorable, guerre totale, guerre où chaque vie prise, fût-ce au coin d’une rue, est une victoire pour le conquérant.

Le massacre de Nice vient montrer une fois de plus que ce qui se joue depuis Charlie ne relève ni de causes sociales ou économiques, ni de causes politiques, mais bien du conflit de deux métaphysiques. D’un côté les amants de la mort, de l’abjection, de la souffrance, de la soumission, ceux qui disent que tout est écrit ; de l’autre ceux qui se refusent au fatalisme, qui aiment et recherchent la vie, qui lèvent la tête, qui s’aiment eux-mêmes et protestent contre le scandale du monde.

Quelles que soient les motivations conscientes ou le degré de pratique religieuse du massacreur, les causes profondes, les racines du mal sont là, et rien que là. Il y a ceux qui luttent contre Dieu et ceux qui s’y soumettent. Oui, notre guerre est celle des révoltés et des soumis, de ceux qui exigent du destin qu’il se rende à leurs raisons, et de l’armée de tous les prosternés. De l’Abraham qui à Sodome protesta contre la divinité de rigueur, et de l’Abraham qui, sourd à sa propre douleur, offrit son fils à l’autel. De Job en lutte et de Job abaissé.

La Bastille mise à bas, c’était la victoire de Job, du Job authentique, ce Prométhée biblique. La victoire de l’homme contre le drapeau de la nécessité. L’épiphanie, en un mot, de la non-prosternation. Aussi, face aux bêtes qui veulent nous détruire, nous n’avons le droit de répondre que ceci : non, nous ne nous prosternerons pas. Et nous nous battrons jusqu’à effacer de dessous le ciel le souvenir même de votre existence.

Un commentaire

  1. C’est beau, profond, intelligent et inutile!!
    Qui voulez-vous convaincre, nous les victimes? eux les bêtes immondes? Eux ils s’en foutent de vos commentaires et nous passé cet instant qui apaise nous retournons avec vous à nos peurs à nos angoisses à notre impuissance.
    Peut être vouliez vous juste nous faire savoir que vous savez écrire (très très bien rassurez vous), que vous étiez instruit, voilà c’est fait bravo! Mais quelle est votre ou vos solutions monsieur, ou peut être restez vous seulement dans votre cercle intelo?
    Moi je veux que la France se réveille et j’ose affirmer qu’une nouvelle fois c’est une guerre de religion, c’est la religion qui exacerbe la violence, qui guide ces pauvres imbéciles puisqu’ils ne leur reste plus que çà puisque leur Coran les incite à soumettre les chrétiens, les juifs, que ce livre est modulable à souhait et que comme tout recueil réligieux il peut donc interprété à volonté. Paradoxe de notre époque scientifique et cartésienne, nous sommes obligés de livrer une guerre contre la nébuleuse toujours présente du sacré!
    Et si nous regardions de façon plus concrète comment livrer bataille contre ces pauvres idiots en imposant le futur l’intelligence garante de la paix? même si celà, comme toute guerre devra passer par des décisions qui puent, des victimes innocentes, des drames et des hontes, prix à payer pour imposer le respect!