Paris, le 21 mars 2013

Suis-je partial ? Certainement. J’ai toujours quelque chose à lui reprocher. Mais là, son documentaire m’a bluffé. Je m’ennuie vite, cette affaire à trois initiales ne m’avait jamais passionné, et je suis pourtant resté rivé à l’écran, le bel écran B et O de mon amie Lilia, elle aussi happée. Ce film est un chef d’œuvre du genre.

Quel genre, au fait ? Je pourrais l’inventer : le genre non judgemental. On ne dit pas si le héros est bon ou méchant. On expose les événements matter of fact, on montre la matière factuelle. Or, celle-ci est toujours matière signifiante. Si on monte bien le matériel, en plaçant l’éclairage où il faut, eh bien, la logique d’une vie, les lignes de force du destin, apparaissent d’elles-mêmes.

 

2 + 2 = 4

Dire d’un homme politique qu’il n’a pas fait les sacrifices qu’exigeait sa position, et que supposaient plus encore ses ambitions, est-ce interpréter ? A peine. C’est de l’ordre de : 2+2=4. C’est rapprocher deux faits avérés :

a) que cet homme étant ministre des finances, il sautait tous les jours à heure fixe des femmes toujours nouvelles qui le rejoignaient dans ses appartements privés au ministère, au vu et au su de ses collaborateurs comme des journalistes ;

b) que les sondages nous assurent que les Français, s’ils concèdent aux puissants des privilèges dans l’ordre sexuel, ne souhaitent pas être gouvernés par des faunes.

Un homme politique, s’il est faune, se doit au moins d’être un faune prudent et discret. John Kennedy était un faune. Il était compulsif, imprudent et m’as-tu-vu. Il partageait une maîtresse, Judith Exner, avec Sam Giancana, un chef de la Mafia. C’était les années 60 : personne ne parlait rien.

Les soirées d’un faune

Que se passe-t-il si un faune politique vit en France à la jointure du XXe et du XXIe siècles, et s’il est un faune bling bling ? Si sa dégaine même, quand il déboule roulant sa caisse, swaggering comme un Texan, est du style Zorro est arrivé ? Entendez : Phallus Ier est en ville, il veut tirer un coup ou plusieurs, qu’on se le dise.

Je pense là au tambour dont Knock s’assure les services sitôt installé dans ses meubles. Oui, Knock ! plutôt que Zorro. Le gars reste tapi dans sa, ou ses, demeures. Mister Araignée, Spiderman, a rendez-vous avec les mouches. Oyez ! Oyez ! Nique nique les poules tous les jours de 5 à 7 au 10e étage de son hôtel particulier. Le Docteur Knique. Ou encore plus simple : le Docteur Kock.

Je suis moins « bon chic bon genre » que Gérard et Anaïs. Leur film parle des femmes, oui, mais ce pourrait être aussi bien des comptes à numéros de Genève ou Singapour. Gérard dit : le risque. Oui, bien sûr. C’est le mot juste. Ça parle au citoyen lambda : « Il a pris des risques inconsidérés ». Mais est-ce le mot juste du côté du sujet ? A ses yeux, prenait-il des risques ? Il prenait plutôt son pied.

Tire la bobinette…

Il prenait son pied à quoi exactement ? Tout l’indique : à manifester sa puissance, à l’exhiber.

Il y a les jouisseurs de l’ombre. Chez ceux-ci, hommes et femmes – beaucoup de femmes – la jouissance est intensifiée par la clandestinité ; la sexualité et le secret ont partie liée. Lui revêtait un habit de lumière. Tour de passe-passe devant le public.  Rien dans les mains, rien dans les poches. Tout dans la culotte. Lui, le toréro. Une femme, le taureau. Il la manœuvre avec sa muleta. Son amulette de chair. Puis il l’embroche.

« Deux coups sur la table, elle écarte les jambes. » Toc toc, laisse-moi entrer. Il sait se faire ouvrir. Une femme lui ouvre la porte. La porte étroite. La phrase si belle de Célia, qui me mettait les larmes aux yeux jadis : « Entre ici, ami de mon cœur » est une sublimation du coït. Quand Lucien bouleversé se demande si Madame de Chasteller ne serait pas enceinte, Stendhal griffonne : « S’il l’eût enfilée, … » etc. Je cite de mémoire. Ça m’a marqué, cette note de Stendhal. Il n’était pas dupe de son fantasme d’amour chaste. Sous l’air chaste, la chatte.

La porte. Voilà pourquoi Le Portier des Chartreux. C’est maintenant en Pléiade, je crois.

Abracadabra !

Ali-Baba ! Bien sûr ! L’Abracadabra qui ouvre la Caverne. Le phallus qui crochète toutes les portes. « Peu importe le flacon – le flacon ! – pourvu qu’on ait l’ivresse ». J’ai le passe-partout. Le signifiant-maître. « Je suis maître de moi comme de l’univers », dit Auguste. « Je suis maître des femmes comme de l’univers »., dit le faune. Mallarmé s’est rêvé en faune. Très chic, le faune, mais mauvais genre.

Maître des finances. Maître des femmes. Maître de l’univers. Il y a certainement une équation à trouver. Il s’agit toujours de dominer le signifiant. A savoir :

1) Le signifiant monétaire. C’est le signifiant par excellence, puisqu’il mortifie toute chose, annihile toute signification, égalise, homogénéise.

2) Le signifiant « femme ». Le faune est caractérisé par ceci, qu’à ses yeux, pour l’usage qu’il en a, une femme en vaut une autre. Donc, pour lui une femme est un signifiant. Il y a des hommes qui ont rapport avec un ou des types de femme, parfois avec une femme et une seule. D’autres, un petit nombre, ont rapport avec « toutes les femmes ». N’importe laquelle. La bouche d’ombre. Victor Hugo était de ceux-là. Il a fini au Panthéon. Balzac l’a peint dans La Cousine Bette.

Pour un faune, une femme n’est pas un objet cause de désir, de rêveries, d’interrogations scrutant son mystère. La femme est sans mystère comme la rose d’Angélus Silésius est sans pourquoi.  La femme est sans mystère précisément parce qu’ils savent son pourquoi.  La femme est sans mystère parce qu’elle est un signifiant. Un signifiant qui fait série, et qui ne prend sens et jouissance que de l’accumulation. Au-moins-une est à part. « Toutes des putes, sauf ma mère. » Par ailleurs, ma mère aussi, bien sûr.

3) L’univers. Ces hommes-là sont des hommes de l’universel. Universel = Uni-vers-elles. C’est logique. L’universel veut dire : « les hommes et les femmes ». Donc, à ce niveau, on ne fait pas la différence. Donc, il y a un « Pour toute femme » comme il y a « Pour tout homme. » Ils pensent et disent : « Toute femme a désir du phallus ». Ou plutôt : « de ma queue ». Ils la proposent à toutes les femmes : satisfaction garantie ! Ils ont à le vérifier incessamment. C’est un TOC (un « trouble obsessionnel compulsif » tel que définit par le DSM – je dis DSM, avec un M).

L’Autre qui ferme les yeux

Ces hommes à femmes sont très généralement des fils de la mère. Leur structure inconsciente, puissamment phallocentrique, confine – paradoxe pour les Lambda – à l’homosexualité. Leur imaginaire n’est pas héroïque, mais hédoniste. Jouir est non seulement leur droit, mais leur devoir en ce monde. Ils sacrifient tout à ça. La jouissance comme Absolu.

Il y a des obstacles. Ils ne les prennent pas de front. Ils se faufilent. Ils comptent sur la complaisance, la compassion, et surtout la connerie des autres. Ils jouissent de tromper le frère, l’autre homme, le prochain, le chef. Leur loyauté va à leur jouissance. Aimer autrui comme soi-même, impossible.

Plus précisément : ils jouissent que l’Autre ferme les yeux. L’Autre ? Les autres hommes. La femme, l’épouse. Plus généralement, toutes celles, tous ceux qui ne veulent pas voir ce qu’ils ont sous les yeux. Ces sujets ont affaire à un Autre qui est défini par ceci, qu’il ne veut pas savoir. C’est un Autre que le réel angoisse, et qu’il refoule, dénie, dément, voir forclôt. Ils se délectent de la division de l’Autre.

D’objet cause de désir, il n’y en a qu’un : eux-mêmes. A l’Autre les tourments. Eux sont des enfants heureux. Ils sont charmants. Ils séduisent comme ils respirent. On leur passe tout. On parle de leur narcissisme : oui, mais ce n’est qu’un phénomène de surface. Ils sont hors d’atteinte. Ils ignorent la culpabilité, la honte, ne sont jamais déprimés, presque jamais. Inoxydables. Ils rebondissent. Ils renaissent. Phénix = Phallus  Ce sont des félins. Des chats. Ils ont neuf vies.

Tiens, pourquoi dit-on que le chat a neuf vies ? Que répond Wikipédia ?

 

Le « Mau » (chat en égyptien)

Les premiers chats recensés par les archéologues datent de 5000 ans av. J.C., et sont localisés en Égypte. Chaque foyer de l’Égypte antique avait son chat protecteur. La ville de Bubastis était entièrement dédiée aux chats, et elle était sous la protection de la déesse à tête de chat : Bastet. La déesse Nout était aussi nommée : « Chatte sacrée ». Quiconque tuait un chat, fut-ce par inadvertance, encourait la lapidation. Quand un félin mourait, ses familiers prenaient le deuil ; ils se rasaient les sourcils ou la tête, et faisaient embaumer le cadavre de leur petit compagnon.

Le « Mau » égyptien fut immortalisé, par des artistes des plus anciennes dynasties, sur les fresques des temples et des tombeaux. Cet envoyé des dieux porte sur le front la marque du scarabée symbolisant, dans l’antique Vallée du Nil, le soleil et la résurrection.

En Égypte, où le culte du chat ne s’éteignit qu’au IVè siècle de notre ère, ces félins appelés : « Mangeur de chagrin » passaient pour absorber les mauvaises influences, et pour posséder le don de dédoublement.

On attribuait aux chats 9 vies car ils étaient capables de se sortir de situations critiques, comme tomber et se recevoir sur leurs pattes, survivre en période difficile grâce a leur talent de chasseur et à leur fort instinct de survie…

Mais pourquoi 9 ? Le chiffre 9 est composé de trois fois trois (une trinité de trinité). Le 9 est symbole de renaissance et de perfection. Cette croyance en les 9 vies du chat perdure dans l’Europe moderne (notamment en France, en Angleterre et en Allemagne). Sauf en Italie, où le chat n’est crédité que de 7 vies.

Post-scriptum

–         7 vies seulement en Italie ! Comme c’est intéressant ! Pourquoi ?

–         Gérard m’envoie deux communiqués qui viennent de sortir. Voir ci-dessous. Il a cassé la baraque. S’il y a une justice, il aura un prix. Quelle empathie !

–         Il faudra tout de même que je lise Marcela Iacub. Hypothèse : elle aurait voulu être une « au-moins-une ». Pourquoi pas ? Certains en ont deux. Des gens très bien : Hugo, Mitterrand, Sollers. A défaut d’être sa maman, je serai sa Némésis. Si mon souvenir esst bon, il y a une Aphrodite Némésis.




communique-de-presse

Hier soir à 20h45, le documentaire inédit DSK, l’homme qui voulait tout, de Gérard Miller et Anaïs Feuillette a réunit plus de 3.4 millions de téléspectateurs pour 13.1% de PdA.

Il s’agit du record historique absolu en audience et en Part d’audience pour la case Histoire Immédiate (en première partie de soirée) depuis son lancement sur la chaîne en 2011.

France 3 avec Histoire Immédiate se place ainsi en deuxième position des chaînes nationale hier soir.

Le documentaire a particulièrement séduit le public féminin avec 14.3% de PdA (2.0 millions de téléspectatrices), mais également les hommes avec  (12.6% de PdA).

A noter également que DSK, l’homme qui voulait tout a été le programme le plus tweeté hier soir avec plus de 4000 tweets et 42,5% de Part d’audience sociale (source Twitter / Mesagraph).

Sur l’ensemble de la soirée, avec la rediffusion du documentaire, La Maladie du Pouvoir, Histoire Immédiate de 20h44 à 23h30 fédère près de 2.6 millions de téléspectateurs pour 11.9% de PdA, soit le deuxième meilleur score historique pour une soirée continue d’Histoire Immédiate depuis son lancement.

Le prochain rendez vous d’Histoire Immédiate en soirée continue sera consacré à Nicolas Sarkozy

morgane-groupe