Frantz-André Burguet nous a quittés. Avec lui, disparaît un pan tout entier de la littérature française des années 70.
Ironie du sort, dans le gros roman (1600 pages) que je sortirai en automne 2012 et dont le titre (étonnant) est encore secret, Burguet apparaît comme un des personnages principaux.
J’aurais adoré lui faire lire ce livre mais il sera parti trop tôt.
De cet écrivain, important, nous n’avions plus de nouvelles depuis le début des années 80. Nous ne savions pas où il vivait, avec qui, de quoi, ni surtout pour quoi.
Il est très rare qu’un auteur (« Grand Canal », un excellent roman) ne donne plus signe de vie après avoir recouvert une décennie tout entière de son nom, de ses livres. Il y a et il y aura toujours un mystère Burguet.
Il a publié chez Gallimard, puis chez Grasset, fut critique littéraire à la NRF, au Magazine littéraire, au Masque et la plume. Il portait de grosses lunettes, une frange, des chemises pelle-à-tarte et zozotait un peu. Sa voix était aiguë, il fumait beaucoup, il buvait pas mal. Il avait, en 1975, consacré un roman à sa fille, alors bébé. Il imaginait, dans ce livre, la France en 2004.
Dans mon prochain roman, donc, j’ai imaginé que Frantz-André Burguet (dont même les Fasquelles n’avaient plus de nouvelles) avait emménagé en 1975-1976 à Orléans, dans la résidence où je vivais quand j’avais 7 ans. Je raconte dans cette fiction comment Burguet, incarnant l’écrivain ayant réussi à Paris et venant trouver l’inspiration en province, devient l’attraction numéro 1 de tout un immeuble. En particulier, un certain Mark Makota, vendeur de photocopieurs Rank Xerox et auteur d’un Que sais-je sur la photocopie, le harcèle chaque jour que Dieu fait dans le but d’obtenir un rendez-vous urgent avec la direction éditoriale de chez Grasset. Makota est en effet l’auteur d’un redoutable pensum dans lequel il étrille toute la ville d’Orléans et dont il juge qu’il est indispensable qu’il soit livré à un public national, voire international.
Je décris longuement comment la patience de ce cher Burguet est mise très lourdement à épreuve. Le duo Makota-Burguet, dont les étincelles sont décrites sur plusieurs centaines de pages n’ont pour l’instant été lues par personne.
Mon premier geste sera de déposer le premier exemplaire de ce roman sur la tombe de Frantz-André Burguet.
Mon second geste sera d’offrir à sa veuve, ou à sa fille, le deuxième exemplaire imprimé.
Je vous demande instamment de bien vouloir commander sur Amazon l’intégrale des œuvres de Franz-André Burguet, et je supplie les éditions Grasset de faire tous les efforts nécessaires pour que ses romans soient publiés dans les cahiers rouges.
Repose en paix, Frantz-André. Nous ne t’oublierons pas.
je serai heureuse de vous rencontrer à Paris ou Lyon car je vis à lyon et j’etais mariee 10 ans avec Frantz . Je l’ai assiste dans ses derniers moments et je suis heureuse que vous lui rendiez hommage !C’etait 1 etre exceptionnel
Cher Monsieur,
Merci pour ce très bel hommage à Frantz-André Burguet qui fut notre beau-père de 1980 à 1990, le « mystère Burguet », qui continuait pourtant de manière très active sa vie littéraire, partagée entre Paris et Lyon.
Ma mère et lui se sont mariés l’année de leur rencontre, en 1980 à Lyon.
Grâce à lui, mes deux sœurs et moi avons vécu une adolescence merveilleuse, remplie de tendresse, de rires, et de pudeur.
Malgré leur séparation en 1990, ma mère et lui sont restés très liés.
Depuis cette année, il n’y a pas eu un voyage à Paris sans lui rendre visite.
Frantz, avec, ou sans lui, il était toujours là…
Je me souviens de ces moments inoubliables, assis à la terrasse des 2 Magots, son havre d’inspiration, en face de l’église Saint Germain, où nous discutions des heures et des heures, sans jamais voir passer le temps…
C’était magique..!
Tels sont les derniers mots qu’il m’a prononcés de son lit d’hôpital quelques jours avant son décès, le 10 juin 2011, juste avant minuit.
Tout comme vous, nous garderons éternel son souvenir.
Votre prochain roman fera revivre sa mémoire…
Merci à vous pour cet hommage.
Merci à Frantz d’avoir croisé notre chemin.
Florence
Classant des papiers aujourd’hui, j’ai retrouvé des lettres de Franz André Burguet et une interview que j’avais faite de lui au cours qu’il avait fait au Liban. L’ayant perdu de vue depuis une quinzaine d’années, j’ai voulu savoir ce qu’il devenait… et en consultant votre blog, j’ai découvert votre hommage après sa mort en juin dernier.J’avais partagé de nombreuses complicités avec l’ami Franz à Aix en Provence quand il travaillait pour la Revue l’Arc de Stéphane Cordier. Il vivait avec sa première femme, Anne, que j’ai aussi bien connue. J’admirais beaucoup ses livres et son style. Il m’a introduit à Georges Lambrichs directeur de la Collection le Chemin chez Gallimard et m’a fait connaître dans les années soixante ses amis parisiens qui se nommaient Renaud Matignon, Philippe Solers, etc..La dernière fois où je l’avais vu au cours d’une réception parisienne, il m’avait appris ses activités de scénariste, m’a indiqué qu’il vivait à Lyon et était remarié avec une femme médecin, si je ne m’abuse. Il était égal à lui même, toujours aussi caustique et grinçant, buvant toujours autant.Depuis ce moment-là, je l’avais perdu de vue. J’appréciais beaucoup son exigence pour une certaine conception de la littérature. Je suis sensible à votre hommage pour l’auteur et l’homme qu’il était. Pouvez-vous me dire si votre livre, où il est d’un personnages, est paru. J’aimerais naturellement le lire. Gérard D. Khoury -écrivain/historien-.
bonjour
bravo pour votre article,mais frantz n’a jamais quitté st germain des prés !!! ?
Bonjour,
Je suis la fille de Frantz André Burguet, j’aimerais beaucoup entrer en contact avec Yann Moix. Il peut m’écrire à l’adresse qui figurait sur l’avis de décès dans les journaux ou sur mon adresse mail qu’il peut, je pense, récupérer ici même si elle n’est pas publiée. C’est mon second message, le premier n’est jamais paru, j’espère que celui-ci lui parviendra.
Merci pour cet hommage.
Vanessa
libération dans son cahier lire salue dignement cet article exceptionnel d’un auteur exceptionnel
Bonjour,
Je viens de lire votre hommage à mon père, Frantz-André Burguet. J’ai été très touchée par vos propos et je suis curieuse de découvrir votre manuscrit, peut être une nouvelle vie pour lui…Je ne sais pas comment fonctionne ce système de messages et si celui-ci vous parviendra. Je l’espère en tout cas. Vous avez réussi à dénicher une photo de lui que je ne connaissais pas, et pourtant j’en ai une belle collection signée Sophie Bassouls! Elle m’a d’ailleurs écrit un très gentil mot pour me présenter ses condoléances.
A très bientôt.
Vanessa Burguet
1600 pages de régal en perspective de notre meilleur auteur actuel ….
ça donne très envie de lire le livre de Yann Moix … et quel peut être ce titre mystérieux ?