Zahra Bahrami, citoyenne irano-hollandaise de 46 ans, a été exécutée samedi matin à l’aube pour trafic de drogue, a-t-on appris du bureau du procureur de Téhéran. Le communiqué précise que Mme Bahrami avait été condamnée à mort par un tribunal révolutionnaire pour “la possession de 450 grammes de cocaïne et pour sa participation à la vente de 150 grammes de cocaïne”.

Cette exécution a amené les Pays-Bas à décider du gel de leurs relations diplomatiques avec l’Iran. Le chef de la diplomatie néerlandaise, Uri Rosenthal, s’est dit « profondément choqué » par l’exécution de Sahra Bahrami et a dénoncé un « acte commis par un régime barbare ». Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a condamné hier « fermement l’exécution d’une citoyenne européenne » et a dénoncé « un acte lâche de justice arbitraire ». Ces accusations sont « plus que douteuses et ce procès a été tout sauf juste et équilibré », a-t-il ajouté.

Car selon les organisations des droits de l’Homme, l’Irano-Hollandaise aurait été en réalité arrêtée le 27 décembre 2009, durant les manifestations de l’opposition à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence iranienne. Né en Iran, Zahra Bahrami s’est par la suite installée aux Pays-Bas, pays dont elle a obtenu la nationalité. En décembre 2009, elle décide de voyager en Iran pour rendre visite à sa famille. À cette époque, ont lieu en République islamique les cérémonies religieuses de l’Ashoura, que l’opposition détourne en manifestations de contestation. La révolte sera durement réprimée: 8 morts selon le gouvernement, plusieurs dizaines selon les sites de l’opposition.

Selon Hadi Ghaemi, porte-parole de la Campagne internationale pour les droits de l’Homme en Iran, « après avoir été arrêtée, cette femme a été interrogée à de nombreuses reprises par une équipe de contre-espionnage du ministère iranien du Renseignement, uniquement au sujet des manifestations post-électorales”.

Durant son procès, Zahra Bahrami, n’a eu de cesse de clamer son innocence, selon la radio néerlandaise RNW, expliquant que les confessions qu’elle avait accordées à la télévision iranienne d’État lui avaient été soutirées sous la torture, durant les mois qu’elle a passé en cellule individuelle de la branche 209 de la prison politique d’Evin à Téhéran.

« Je suis choquée. Je n’en avais absolument pas été informée », a réagi samedi matin l’avocate de Zahra Bahrami, Jinoos Sharif Razi, apprenant la nouvelle par le site de la Campagne internationale pour les droits de l’Homme en Iran. « Ils auraient dû avertir son avocat de l’exécution, mais je n’en savais rien ».

Même constat implacable chez la fille de la victime.« N’auraient-ils pas dû informer sa famille et son avocat avant de l’exécuter.(…) N’avais-je pas le droit de la voir avant son exécution? ». Dans une interview accordée mercredi à la Campagne internationale pour les droits de l’Homme en Iran, Banafsheh Nayebpour avait affirmé être convaincue que sa mère avait été condamnée pour des raisons strictement politiques. « Ma mère est une citoyenne néerlandaise, elles (les autorités iraniennes) ont probablement ajouté cette charge (de trafic de drogue) contre elle dans le but d’empêcher le gouvernement néerlandais d’agir”.

Les autorités iraniennes ne reconnaissent pas la double nationalité et considèrent comme Iranien tout citoyen possédant un passeport de la République islamique, peu importe l’origine de son autre passeport. Ainsi, Zahra Bahrami s’est vue interdire l’accès consulaire néerlandais en prison.

L’ambassadeur des Pays-Bas à Téhéran a été convoqué hier au ministère des Affaires étrangères iranien, en raison des « commentaires intrusifs » formulés par le ministère des Affaires étrangères néerlandais après l’exécution de Zahra Bahrami. Samedi, l’ambassade d’Iran aux Pays-Bas a affirmé que le cas de Sahra Bahrami était « une affaire intérieure » qui ne devrait pas influer sur les relations entre les Pays-Bas et l’Iran.

D’après Hadi Ghaemi, ce ne serait pas la première fois que l’on retrouve de la drogue au domicile d’un opposant politique en Iran. “Déjà, durant l’été 2009, les autorités iraniennes avaient annoncé avoir retrouvé une certaine quantité de drogue dans le bureau d’un grand avocat, sans pour autant donner de suite à l’affaire. Dans les années 80, il était courant qu’elles cachent au domicile des opposants politiques de la drogue et des bouteilles d’alcool pour mieux les exécuter”.

Cette exécution constitue la troisième en moins d’une semaine à viser une personne ayant pris part aux manifestations ayant suivi la contestée réélection de Mahmoud Ahmadinejad. En effet, lundi dernier, deux autres manifestants, Jafar Kazemi et Mohammad-Ali Hajaghaei, avaient été exécutés pour avoir entretenu des liens avec l’Organisation des Moudjahidines du peuple.

En comptant la pendaison de Zahra Bahrami, l’organisation Human Rights Watch estime qu’au moins 74 prisonniers ont été exécutés en Iran depuis le 1er janvier 2011.

« Au rythme actuel, les autorités auront facilement exécuté plus de 1.000 prisonniers avant la fin de 2011 », a déclaré à l’AFP Sarah Leah Whitson, directeur de HRW pour le Moyen-Orient.

 

Un commentaire

  1. Ce tyran dictateur qui regne sur l’Iran trouve n’importe quelle raison pour éliminer tous ceux qui ne sont pas de son bord. La lacheté des pays occidentaux face a ces comportements est indigne de la race humaine. Et dire qu’il y a encore plusieurs entreprises europeennes qui commercent avec l’Iran.