Christèle Jacob en 2007 à réalisé ce you tube:
https://www.dailymotion.com/video/x3cyzx?playlist=xxzmr
qui évidemment est un document unique.
Un jour au Salon Pourpre du Sénat (Palais du Luxembourg), j’étais  avec mon ami Alain Robbe-Grillet.  Lorsqu’il m’a présenté à un « co-lauréat du trophée remis au Sénat »:   Jean Claude Trichet. J’ai  pensé que  c’était un collègue d’Alain: un romancier. « Non, je suis banquier ». « Vous êtes, donc, un ‘Banquier anarchiste’, comme l’a décrit Fernando Pessoa ».  » Pas du tout , je suis au contraire le Gouverneur de ma banque ».  « Quelle banque? ». « La Banque centrale européenne ».  « C’est une blague!… je ne peux pas vous croire ». « Je peux vous le démontrer…; avez-vous un billet? ».  J’en avais: un de 20 €. Je l’ai sorti. « Regardez la signature :c’est  la mienne ». « Mais comment pourrez -vous me démontrer que vous avez  vraiment signé ce billet en circulation? » . « C’est facile: je vous le signe »…***
JEAN-CLAUDE TRICHET est né le 20 décembre 1942 à Lyon.
Ingénieur civile.
Élève de l’École nationale d’administration de 1969 à 1971. Il fait partie de la promotion Thomas More.
Conseiller pour le think-tank transatlantique European Horizons.
Directeur du Trésor de 1987 à 1993.
Gouverneur de la Banque de France de 1993 à 2003.
Président de la Banque centrale européenne de 2003 à 2011.
  • Il est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques le 22 février 2010.
  • Il est président du groupe européen au sein de la Commission trilatérale depuis 2012.
  • Il est Gouverneur honoraire de la Banque de France (depuis le 8 mars 2012).
  • Commandeur de l’Ordre de la Légion d’honneur.
  • Officier de l’ordre nationale du Mérite.
  • Grand-croix de l’ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne.
  • Chevalier grand-croix de l’ordre d’Orange-Nassau des Pays-Bas.
  • Grand-croix de l’ordre de l’Infant Dom Henri du Portugal .
  • Policy maker of the yearThe International Economy magazine (1991).
  • Prix Zerilli Marimo, Académie des sciences morales et politiques (1999).
  • Prix international Pico della Mirandola (2002).
  • Prix franco-allemand de la Culture (2006) – Deutsch-Französischer Kulturpreis (2006) .
  • Médaille d’or Ludwig-Erhard (en 2007).
  • Man of the year du Financial Times pour sa gestion de la ‘crise du subprime’ (2007)
  • Prix international Charlemagne (2011).
  • Plusieurs universités ont conféré à Trichet le titre de docteur honoris causa.
  • Vision pour l’Europe Award.
  • Jean-Claude  Trichet  vient  de déclarer le 5 septembre 2018 : « …l’accélération de l’endettement des pays émergents rend aujourd’hui l’ensemble du système financier mondial au moins aussi vulnérable sinon plus qu’en 2008.  La situation financière actuelle est aussi dangereuse qu’au moment de la chute de la banque américaine Lehman Brothers en septembre 2008. Il est maintenant admis que le surendettement massif des économies avancées a été un facteur essentiel dans le déclenchement de la crise financière mondiale des années 2007 et 2008. Or aujourd’hui, la croissance de l’endettement – en particulier privé – des pays avancés a ralenti, mais ce ralentissement est compensé par une accélération de l’endettement des émergents. C’est ce qui rend aujourd’hui l’ensemble du système financier mondial au moins aussi vulnérable sinon plus qu’en 2008.  L’institution monétaire européenne basée à Francfort s’est retrouvée en première ligne au côté des autres grandes banques centrales mondiales à partir de 2007. Le vrai début de la crise financière qui allait déferler sur le monde, je l’ai perçu le 9 août 2007 au matin lorsque nous avons été confrontés à une interruption complète du fonctionnement du marché monétaire de la zone euro.  Plusieurs signaux avaient déjà laissé entrevoir une fragilité du marché hypothécaire américain, mais à l’été 2007 les événements s’accélèrent et les premières faillites se produisent aux Etats-Unis. Fin juillet, les bourses mondiales vacillent et la contagion atteint l’Europe : l’Allemagne doit renflouer en catastrophe la banque IKB, un plan de sauvetage de plus de trois milliards d’euros.  Le 9 août 2007, le groupe bancaire français BNP Paribas gèle trois de ses fonds investis aux Etats-Unis, dont l’encours a fondu de 400 millions d’euros en quelques jours. La panique gagne et le marché monétaire, sur lequel les banques s’échangent des liquidités, s’assèche brutalement.  La situation était sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale : il n’y avait plus aucune activité normale, plus aucune transaction entre banques, plus de taux d’intérêt sur le marché. (…) Je prends alors avec mes collègues la décision de donner toute la liquidité demandée par les institutions financières sans limite . Ce 9 août 2007, une cinquantaine de banques de la zone euro demandent à la BCE 95 milliards d’euros de liquidités pour pouvoir faire face à leurs obligations, un montant jamais vu. Et elles l’obtiennent. J’étais alors en Bretagne, dans ma résidence secondaire de Saint-Malo, en liaison électronique constante avec la BCE et les membres du directoire. Nous prenons la décision en deux heures trente. Cette décision a été considérée comme très importante par tous les observateurs et les participants du marché car elle démontrait que la BCE pouvait prendre très rapidement des décisions extrêmement audacieuses. Il y avait deux écoles : ceux qui pensaient que la crise des ‘s annonçait quelque chose de grave et de majeur à venir et ceux qui estimaient qu’il ne s’agissait que d’une simple correction du marché, plutôt saine et sans gravité systémique. J’appartenais à la première école ». Loin de s’apaiser, la situation continue à se dégrader au fil des mois jusqu’à l’embrasement généralisé : le 15 septembre 2008, la banque d’affaire américaine Lehman Brothers se déclare en faillite. Lehman a beau être la plus petite banque d’affaires de Wall Street, « c’est le détonateur ». Dans les jours qui précèdent, je suis en contact avec Ben Bernanke (le patron de la Banque centrale américaine, la Fed), avec Tim Geithner (chef de la Fed de New York), avec mes collègues du monde entier. Nous sommes en conférence permanente. Nous expliquons que le dépôt de bilan de Lehman aurait des conséquences catastrophiques, mais je comprends que le gouvernement américain ne sauvera pas Lehman au cas où il n’y aurait pas de solution privée.  De fait, critiquées à gauche à comme à droite après l’aide publique apportée aux organismes de refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac, les autorités américaines laissent Lehman s’effondrer. Ma compréhension est que l’exécutif américain estimait ne pas avoir, à ce moment là, la capacité politique d’intervenir avec de l’argent public. Je me préparais donc moi-même à la catastrophe… »