Opéra de Saint-Étienne
Éric Blanc de la Naulte, qui vient d’être confirmé à la tête de l’Opéra de Saint-Étienne présente la saison 2017/2018 de la maison stéphanoise:: « Notre fonction est d’innover »
Damien Dutilleul (02/05/2017).- Éric Blanc de la Naulte, l’un des événements majeurs de la prochaine saison de l’Opéra de Saint-Étienne sera la création mondiale de « Fando et Lis » de Fernando Arrabal et Benoît Menut. Pouvez-vous nous présenter cette œuvre ?
Éric Blanc de la Naulte.- Lorsque j’ai pris mes fonctions en juin 2014, j’ai décidé de créer une œuvre contemporaine tous les deux ans, afin de redonner sa place à l’Opéra de Saint-Étienne. C’est ce qui fait l’identité d’une maison d’opéra. Or, ce type de création est de plus en plus rare. Saint-Étienne est une très belle maison disposant de forces vives : elle doit proposer des créations. Néanmoins, on ne pouvait pas faire ça du jour au lendemain. Il fallait imprimer une nouvelle ligne à l’Opéra et organiser cette nouvelle production pour qu’elle ait le plus de chance d’être bien accueillie par le public. Dès la saison 2014/2015, j’ai travaillé à mettre la maison en ordre de marche pour accueillir cette commande pour 2018 car ce type de projet demande de s’y prendre bien en avance.
Cette nouvelle production est une commande que j’ai passée à Benoît Menut, avant qu’il ne gagne son grand prix du jeune compositeur délivré par la SACEM, et à Kristian Frédrik avec qui j’avais déjà travaillé lorsque j’étais au Théâtre national du Rhin. Je voulais que l’œuvre s’intègre dans la saison 2017/2018 que j’avais placée sous le signe du fantastique : nous avons opté pour une œuvre de Fernando Arrabal, et avons obtenu les droits de Fando et Lis. L’œuvre est une sorte de voyage initiatique, un peu comme l’Alchimiste de Coelho, qui est une quête de la vie, de la vérité, qui conduisent Fando et Lis à errer dans un univers assez sombre, que Kristian Frédrik va éclairer par son écriture du livret et sa mise en scène. J’encourage les spectateurs à venir voir cette création : ils vont avoir la chance de faire une découverte comme l’ont faite ceux qui ont assisté aux premières de Carmen ou de Faust. Le maître mot, c’est la qualité [la production sera chantée par Mathias Vidal et Maya Villanueva].
Éric Blanc de la Naulte (© Denis Meynard)
Damien Dutilleul.- Quel cahier des charges avez-vous fixé au compositeur Benoît Menut ?
Éric Blanc de la Naulte.- S’agissant d’une œuvre contemporaine, je ne souhaitais pas que celle-ci soit d’une longueur démesurée. Les publics sont toujours un peu réfractaires à tout ce qui est nouveau et surtout à ce qui est long. J’ai donc donné l’objectif d’une œuvre de 1h30-1h45 de musique, pour un orchestre de 45-50 musiciens et une vingtaine de choristes. Le nombre de solistes dépendait bien évidemment de l’écriture d’Arrabal [l’auteur de Fando et Lis]. À part ça, il avait carte blanche.
Damien Dutilleul .- Comment avez-vous sélectionné le compositeur et le librettiste ?
Éric Blanc de la Naulte.- J’ai d’abord choisi l’œuvre, puis le compositeur. Le sujet de l’opéra était une donnée d’entrée : j’avais beaucoup d’idées mais encore fallait-il avoir les droits. Je connaissais le travail de Benoît Menut, mais d’autres compositeurs ont été étudiés. Il fallait qu’il s’intéresse à l’œuvre d’Arrabal, puisqu’il n’y avait pas encore de livret. En ce qui concerne Kristian Frédric, nous avions déjà travaillé ensemble. Il connaissait personnellement Arrabal, ce qui était un atout.
Fernando Arrabal
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Damien Dutilleul.- Quelles recommandations feriez-vous pour améliorer le fonctionnement des maisons d’opéra ?
Éric Blanc de la Naulte.- Aujourd’hui, les règles, qu’elles soient administratives, financières, juridiques ou sur la sécurité, sont de plus en plus strictes. C’est un problème national dont il est souvent question : la simplification administrative. Les maisons d’opéra ne peuvent pas simplement être des services administratifs. Il faudrait travailler au niveau national en donnant une spécificité aux opéras parce que nous avons trop de règles à prendre en considération ! Ça devient de plus en plus lourd et compliqué. Nous faisons attention et nous connaissons notre métier. Gérer une maison d’opéra, c’est comme gérer une entreprise : nous avons entre 200 et 400 salariés. Nous ne sommes pas des artisans ! Il faut de la rigueur mais il faut savoir s’adapter au spectacle vivant et aux artistes.