24/05/2019: Lancement du réseau alumni de la Cité internationale de Paris.
Avec 450 000 étudiants et chercheurs internationaux accueillis depuis sa création en 1925, la Cité internationale dispose d’une vaste communauté d’alumni à travers le monde. Le réseau alumni de la Cité internationale c’est : une plateforme et une application numériques (www.cite-alumni.fr), un annuaire et une cartographie en ligne…
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Jean-Paul Charles Aymard Sartre était né le 21 juin 1905 dans le 16e arrondissement de Paris et il est mort dans le 14e arrondissement le 15 avril 1980; il est inhumé au Cimetière de Montparnasse: ce fut un écrivain et philosophe français; peu avant son occultation, il envoie le message ci-joint au Directeur de « Les cahiers du silence ». En 1958, Jean-Paul Sartre (voyant) écrit un texte de 68 pages sur le théâtre d’Arrabal. Texte auquel se réfère Juan Goytisolo, avec courage, dans son excellent « Reinos de taifas » [Les royaumes déchirés].
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Julio Florencio Cortázar Descotte, était né le 26 août 1914 à Ixelles , Belgique, et il s’est occulté à Paris, le 18 gueules de l’an 111 de l’ère ‘pataphysique (12 février 1984 apparent); il est inhumé au Cimetière de Montparnasse: ce fut un écrivain argentin de Buenos Aires naturalisé français …. On me demande, de fois, de parler de Cortázar, malheureusement je ne connais pas suffisamment son oeuvre et encore moins sa vie; pour moi Julio Cortázaren tenant compte du peu de choses que je sais de lui a une oeuvre admirable aux références fécondes et aux ‘militancias’ bizarres?… parle-t-il de ‘nous’ dans son « Marelle »? comme certains qui l’ont étudié l’ont prétendu bien que d’autres le nient; sommes-nous (avec Topor et Jodo) trois de ses références de cette époque? il me reste à lire ce roman et peut- être à voir s’évanouir mes doutes ou le contraire; avec Breton j’ai éprouvé aussi des difficultés pour franchir les premiers chapitres de Nadja et le livre a fini par être l’un de mes favoris… la poésie est-elle d’une insolite actualité? à dire vrai Cortázar et moi nous ne nous sommes pas connus officiellement et personne ne nous a présentés je l’ai croisé – sans un mot – un soir dans la rue de l’ Echaudée en plein Quartier Latin; avait-il l’air d’avoir plus de soixante dix ans ? sa chevelure étonnamment sans cheveux blancs m’ a ébloui comme s’il avait voulu courir plus vite comme si l’existence allait commencer plus tard… mais j’ai été encore plus surpris que quelques mois après soudain il m’écrive de l’Hôpital Saint-Lazare pour disputer une partie d’échecs! lettre que j’ai perdue dans mon capharnaüm et qui peut apparaître tout à coup sans que j’aie à recourir à Sainte Rita; pendant des années en règle générale -je ne m’en tiens jamais à la règle générale-j’ai rédigé toutes les semaines la chronique d’échecs dans le ‘franc’ Express je n’en avais jamais parlé avec lui et nous ne nous étions pas écrit; l’Hôpital Saint-Lazare est situé à quelque mètres de l’endroit où j’habitais à Paris à cette époque; un jeune docteur qui ‘faisait son internat’ à l’hôpital Saint-Lazare m’a parlé d’un service de gastroentérologie? le seul?déjà disparu comme tout l’hôpital ? je n’ai pas été du tout enthousiasmé à l’idée d’aller …; …bizarrement soudain des années après sa mort une femme accusée par ses ennemis acharnés d’être un agent politique Ugné Karvelis aux yeux de paradigme? de couleur Parabellum? est venue me voir [à l’époque d’Elsa Triolet le printemps tombait en automne] pourquoi? je ne la connaissais pas non plus; sans que malheureusement j’attende grand chose de sa visite elle m’a appris spectaculairement que contrairement à sa très mauvaise réputation (interdite aux albinos!?) c’était une Lituanienne qui avait ‘horriblement’ souffert de ‘l’invasion soviétique’ qu’elle était une fervente catholique et qu’elle représentait la Lituanie à l’UNESCO; … comme si cela ne suffisait pas des années plus tard un excellent éditeur cordouan m’a dit qu’il avait vécu avec Ugné comme si dans toutes les vies il y avait des rebondissements comme si on ne pouvait écrire des sms qu’en bégayant et comme si toutes les existences communiquaient entre elles en un superbe tohu-bohu;
C’est chose presque incroyable : «Mai 68» a commencé le 22 mars. Voilà pourquoi leurs leaders se sont soulevés en tant que «Mouvement du 22 mars». C’était une époque, au temps d’Edith Piaf, où l’automne tombait au printemps. N’importe qui pouvait dire qu’il était majoritaire avec les abstentionnistes. Entre autres crânes prouesses, avec un ou deux amis (nous n’avons jamais été plus de trois), nous conduisant à la perfection puisqu’en toute liberté, nous avons occupé, par exemple, allègrement, le Collège d’Espagne de la Cité Universitaire de Paris. Qui est resté occupé sans que nous, les occupants, ne nous rendions compte de rien, pendant un quart de siècle. Mais qui, parallèlement, est demeuré aussi tristement inoccupé à la grande fureur des universitaires qui déambulaient dans la Cité sans chambre où dormir («devant un collège plein mais vide»).
Avec l’aide du dessinateur et dramaturge Copi (exsangue comme presque toujours, mais exact) nous avons aussi occupé, par exemple, le Théâtre de la Cité Universitaire. Témérairement, sans nous laisser impressionner par les pots de fleurs qui se dressaient, menaçants, à notre passage, qui aurait dû être martial.
Comme nous occupions le théâtre sans aucune opposition nous nous sommes regardés, Copi et moi, tout surpris. C’était si facile de jouer un rôle dans l’Histoire. Ce n’est pas pour rien que Copi était connu comme humoriste plus que comme dramaturge. Sans nous l’être proposé, par raccroc, par pure coïncidence, nous avons occupé le Collège d’Espagne ou celui d’Argentine ou l’Odéon ou la «Maison du Brésil» et tutti quanti. C’était facile : tout le monde était d’accord ou, plutôt, personne n’osait ne pas être d’accord.
Les plus conséquents furent les universitaires de la «Maison du Brésil». Ils nous ont accueillis révolutionnairement et merveilleusement, à la Lénine! Ils ont proclamé que «depuis toujours» ils avaient souhaité l’occupation de leur maison. Et l’un d’eux a ajouté «et que nos crocodiles soient rouges». Ils ont installé toutes sortes de placards, de faux, de drapeaux et de marteaux. Aussitôt après notre départ, ils les ont décrochés et ont continué à vaquer à leurs occupations universitaires, ravis et débarrassés.
Au Collège d’Espagne, après de fort généreuses et altruistes promesses, les collégiens, changeant d’avis, voulaient, rien de moins, voter sur-le-champ en assemblée générale. Dans la Salle des Cérémonies Officielles elle-même. Le «Mouvement» (les «enragés») nous ont exigé par téléphone, sans délai, de remettre à plus tard ce microscopique préambule et plébiscite jusqu’à l’arrivée des masses laborieuses hispaniques.
En effet, le lendemain matin, une foule d’ouvriers des usines d’automobiles est arrivée avec famille et enfants. Les plus résolus sont venus avec une cuvette pleine d’acide sulfurique qu’ils ont installée dans une mansarde pour accueillir «l’ennemi».
– Qui, évidemment, allait nous attaquer. Mais de là-haut, bien armés, nous les tiendrions à distance.
Le lendemain matin j’étais invité par l’Université de Vienne. A mon arrivée j’ai eu la surprise d’être accueilli (moi qui, comme Topor, n’ai même pas fait le service militaire), comme «un grand révolutionnaire panique». Et précisément, lorsque je suis entré dans l’un des plus beaux amphithéâtres de l’université, a retenti un hymne pour moi inconnu mais très vibrant. On m’a expliqué que c’était l’hymne national autrichien. Aussitôt l’un de mes amphitryons s’est installé au pupitre. Il a baissé son pantalon, et avec une stupéfiante précision, s’est mis à déféquer comme en accord avec l’hymne. Une fois la musique et l’action achevées, le public a applaudi à tout rompre.
Quand tout le monde est sorti mon amphitryon et moi sommes restés seuls dans l’amphithéâtre. Avec une admirable dextérité (et un sac en plastique) il a retiré le produit de son acte et enfin, à quatre pattes, il a frotté le sol jusqu’à faire disparaître la tache.
Après une courte semaine à Vienne je suis revenu à Paris. Et à ma grande surprise au Collège il il n’y avait nulle trace de cuvette, d’acide sulfurique, de masse laborieuse, ou d’occupant. Le Collège était fermé et entouré d’une palissade.
À ma plus grande surprise encore, un quart de siècle plus tard après cette infortunée occupation manquée, j’ai reçu un appel de l’Ambassade d’Espagne à Paris. Une employée m’a demandé, au nom de Monsieur l’Ambassadeur, si j’allais de nouveau occuper le Collège d’Espagne.
– Mais comment, il n’est pas ouvert?
A l’aube du XXIème siècle grâce à mon autorisation (aussi peu nécessaire qu’acadabrabrantesque) il a pu être réouvert avec tous les honneurs et tout l’Etat Major.
Quel dommage que Copi (Raùl Damonte Taborda) se soit occulté à la fin de 1987! Je le regrette toujours. Qu’aurait-il pensé ce dramaturge si discret (surtout lors de ses dernières hospitalisations) de la toute nouvelle question posée sur les “réseaux sociaux” : «Copi: quand mourir du sida peut-elle être ta grande oeuvre d’art»?
Copi ne figure dans aucune des dithyrambiques apologies des anciens combattants de Mai 68. Il ne l’aurait pas mérité.
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Légende de la photo : Voici une photo de Mai 68 – rien de moins – avec nous tous. Topor derrière Antonio Saura; ce dernier, sans cheveux, près de Lis; Jérôme Savary couché à gauche, avec Hilcia d’Aubeterre penchée et accoudée sur lui devant l’actrice Maude Valdène; derrière moi Lise Granvel avec deux acteurs fumant (Renaud Gouyon et Jacques Coutureau); et finalement Copi allongé… sous le Radeau de la Méduse», huile d’Olivier O. Olivier.