- Réalisation, montage, production :Luis Buñuel.
- Musique : Richard Wagner (« Tristan et Iseult ») ; tango argentin.
- Photographie : Albert Duverger.
- Décors : Pierre Schild ou Schildknecht.
- Production : Luis Buñuel ; producteur exécutif, Pierre Braunberger.
- Et aussi :
- Luis Buñuel : l’homme au rasoir
- Salvador Dalí: un séminariste
- Jaume Miravitlles: un séminariste
- Marval : un séminariste
- Fano Messan: l’hermaphrodite
- Résumé: « …tout commence sur un balcon où un homme aiguise un rasoir. Un homme sectionne l’oeil d’une jeune fille. Un nuage passe devant la lune. Huit ans après. Un cycliste tombe accidenté dans la rue. La jeune fille lui porte secours et l’embrasse…c’est une succession de scènes ayant pour seuls liens quelques personnages et le décor d’un intérieur parisien qui accueille la plus grande partie du film. Relations violentes et difficiles entre un homme et une femme dans cet appartement. Les tentatives de l’homme poussé par le désir vers la femme, qui, le plus souvent, se défend. Des objets et des personnes apparaissent et disparaissent; pour leur attribuer une part de réalité, d’imagination, ou de souvenir : objets de l’enfance, fourmis, revolvers, pianos chargés d’ânes morts ; un personnage qui se fait écraser par une voiture, un double du héros abattu par le héros lui-même, un boiteux passionné, des séminaristes ligotés. Changements subits de lieux (un bois, une plage) par des intertitres indiquant des sauts temporels de plusieurs années en avant ou en arrière. Le film conclut sur une plage où les deux personnages principaux, l’homme et la femme, paraissent former un couple heureux, avant d’être « au printemps » à la fois ensablés vivants et la proie des insectes. Rêve et réalité sont deux instances complémentaires. « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, la surréalité … c’est à sa conquête que je vais. » avait dit André Breton dans le Manifeste du surréalisme de 1924.
Les rêves de Salvador Dalí ont inspiré le film. Luis Buñuel, reconnait : « En arrivant chez Dalí, à Figueras, invité à passer quelques jours… il me raconta qu’il venait de voir en rêve, la nuit précédente, une main pleine de fourmis. Il ajouta : « et si nous faisions un film, en partant de ça »? On y retrouve des éléments récurrents dans l’œuvre du peintre : âne mort, piano, érotisme, fourmis, etc. Le scénario du Un chien andalou est écrit en six jours par Buñuel et Dalí qui travaillent sur le mode du cadavre exquis: « Nous travaillions en accueillant les premières images qui nous venaient à l’esprit et nous rejetions systématiquement tout ce qui pouvait venir de la culture ou l’éducation. Il fallait que ce soient des images qui nous surprennent et qui soient acceptées par tous les deux sans discussion. »
Lors de la première projection du cout métrage en public il fut accompagné d’une sonorisation exécutée par Buñuel lui-même avec des disques. En 1961 il en réalise une sonorisation définitive, qu’il dit conforme à celle de la première projection. En 1983 sort une troisième version, dont la musique est cette fois composée spécialement par Maurice Kagel.
Un chien andalou ouvrit définitivement à Dalí et Buñuel les portes du groupe surréaliste, mais ce fut au prix d’un procès interne dont la conclusion aurait pu être la destruction du film -chose que Buñuel dit avoir été prêt à accepter- mais le verdict fut favorable.
Dalí: « un chien andalou était le film de l’adolescence et de la mort que j’allais enfoncer comme un poignard en plein cœur du Paris». Jean Vigo : Buñuel et Dalí auraient envoyé là une botte de provocation à l’hypocrisie des hommes qui leur fait accepter toutes les monstruosités de la réalité, mais les fait vibrer d’horreur à la vue d’une image reconstituée.
Garcia Lorca ,ami des deux auteurs du film, crut se reconnaître dans le titre ce qui lui déplu fortement ; selon lui Un chien andalou avait été le surnom moqueur que lui aurai donné Buñuel : «Buñuel ha hecho una mierdecita así de pequeñita que se llama Un perro andaluz; y ese perro andaluz soy yo.»
Dans ce film on trouve les symboles de toute la mythographie dalinienne.