NUSH L’INOUBLIABLE MUSE  D’ÉLUARD

Le groupe surréaliste avec Nusch et son très amoureux Paul Éluard adhéra collectivement au A.E.A.R. (Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires). Lors d’une de ses réunions (mémorable) un communiste demande  à Breton:

-Tu reconnais camarade, qu’à la page xx de ton livre tu fais l’éloge de Lénine?

– Oui, répond Breton

– Et qu’à une autre page tu approuves le Marquis de Sade?

– Oui, répond à nouveau Breton

– Un livre qui met sur le même plan Lénine et le Marquis de Sade est objectivement anti-révolutionnaire… de plus Dali a fait un portrait de Lénine avec une tête anormalement allongée.

L’AEAR exige que Breton rompe avec Dalí. Breton refuse ; Éluard défend aussi son « rival », Dalí. Peu à peu tous quittent l’ AEAR quand ils ont constaté que la situation est intenable à cause de ses réquisitoires.

 

Le 21août  1934, après quatre ans de « fiançailles »,   Éluard et sa  muse Nusch  se marient à la mairie du 17è arrondissement de Paris  ou  s’étaient mariés une semaine auparavant  Jacqueline Lamba  et André  Breton.Gala Dalí (Елена Ивановна Дьяконова) a été la première épouse d’ Éluard   puis la femme  de Dalí et la maîtresse  de Max Ernst.

***

Le  poème de Paul Éluard

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

 

 

 

« ÉLUARD, en la noche del 8-I-1936 :PICASSO