Le  comte de Lautréamont né à Montevideo (Uruguay) s’appelait en réalité  Isidore Lucien Ducasse . Il était né le 4 avril 1846 et s’est occulté à Paris le 24 novembre 1870. Il emprunta  ‘Lautréamont’ à Eugène Sue. Dominique Noguez a décrit la rencontre Rimbaud  et Lautréamont gare du Nord.   Ducasse est l’auteur des Chants de Maldoror, de deux fascicules, Poésies I et II,  et aussi des lettres. On n’a longtemps su que très peu de choses sur lui.

André Breton évoque Ducasse plusieurs fois. Il dit dans un entretien: « Pour nous, il n’y eut d’emblée pas de génie qui tînt devant celui de Lautréamont ».  André Gide écrit en 1925: « J’estime que le plus beau titre de gloire du groupe qu’ont formé Breton, Aragon et Soupault, est d’avoir reconnu et proclamé l’importance littéraire et ultra-littéraire de l’admirable Lautréamont ». Genonceaux, troisième éditeur des Chants de Maldoror: «  …en 1867 il occupait une chambre dans un hôtel situé au 23 rue Notre-Dame-des-Victoires. Il y était descendu dès son arrivée d’Amérique. C’était un grand jeune homme brun, imberbe, nerveux, rangé et travailleur. Il n’écrivait que la nuit, assis sur son piano… » ; « ….par les jours froids et pluvieux de Paris, Ducasse, dans sa chambre dont le lit restait défait jusqu’à la nuit, écrivait et pensait. Il avait un piano de location, c’était tout son luxe …» prétend Ramón Gómez de la Serna.  Sa vie a donc donné lieu à de nombreuses conjectures, en particulier chez les surréalistes  qui essayèrent notamment de trouver des éléments biographiques dans ses poèmes.

Justement lors de ma première rencontre avec Jorge Luis Borges  celui-ci m’a déclaré: «  …comment les surréalistes, peuvent-ils aimer Ducasse, un roturier qui voudrait se faire passer pour un comte? ».  Julio Cortázar  fait de lui  un « sud-américain anonyme » dans sa  nouvelle L’autre ciel publiée  dans le recueil Tous les feux, le feu (1966).

 

Le  père d’Isidore Ducasse, François Ducasse (1809-1887), était  commis-chancelier au consulat général de France. Isidore Ducasse naît dans un lieu indéterminé de Montevideo. Sa mère, Jacquette Célestine Davezac, décède le 9 décembre 1847.  En octobre 1859, Ducasse  entre comme interne au lycée impérial de Tarbes en sixième alors qu’il a treize ans et demi.  « C’est un élève des plus ternes » .  En août 1865 (à 19 ans),  il obtient son baccalauréat ès lettres avec la mention « passable ». À cette époque, son tuteur est un avoué tarbais, Jean Dazet. Ducasse est ami avec Georges Dazet (1852-1920), le fils de Jean, qui fut le premier dédicataire de Poésies. Il arrive à Paris et s’installe à l’hôtel L’Union des Nations. Il publie à compte d’auteur et anonymement le premier des Chants de Maldoror chez l’imprimeur Gustave Balitout, Questroy et Cie, édition finalement repoussée puis publiée en dépôt en novembre 1868 en deux endroits différents.  Il reprend son nom d’état civil pour publier deux fascicules intitulés Poésies publiés à la Librairie Gabriel.   Sur son acte de décès, est écrit : « Sans autres renseignements ». Selon ses biographes, il serait mort phtisique  et vraisemblablement a été inhumé au cimetière de Montmartre.

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Rien à voir sauf quelques consonances:

Paul Léautaud  était né le 18 janvier 1872 au  no 37 de la rue Molière  de Paris et s’est occulté à Châtenay-Malabry le  28 gueules de l’an  83 de l’ère ‘pataphysique  (le 22 février 1956, apparent); ce fut  un « homme de lettres » injustement inconnu jusqu’en 1950; cependant  ses entretiens radiophoniques  de cette année « le rendirent un peu célèbre » ; »mes (maigres) ressources ont été toujours et exclusivement  consacrées  à nourrir ma ménagerie d’animaux recueillis… »; …il a écrit sur ses parents: «…une mère un peu catin qui m’a laissé tranquille dès ma naissance, un père plein de succès de femmes et qui ne s’occupait pas de moi… »;  ; …ses dernières paroles avant de s’occulter  ont été : « …maintenant, foutez-moi la paix»…

[Robert Mallet était né le 15 mars 1915 à Paris où il   mourra le 4 décembre 2002; ce fut un docteur en droit et en lettres et membre de l’Académie des sciences, des lettres et des arts d’Amiens;  il fonda la faculté des lettres de l’université d’ Antananarivo.   Le livre  Paul Léautaud  ENTRETIENS avec Robert Mallet fut édité en  1951.]