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Les parents de Magnus Carlsen racontent l’enfance du meilleur joueur du Monde

Comment détectez-vous un génie des échecs ?

Existe-t-il un moment, peut-être joue-t-il un coup exceptionnel, ou tapisse-t-il sa chambre de posters de Bobby Fischer et Gary Kasparov, un moment où tout devient clair ?

Ce n’est pas ce qui s’est passé pour Henrik Carlsen et Sigrun Oren, les parents de Magnus Carlsen.

La route empruntée par Carlsen est un peu plus longue que son ascension météorique pourrait le laisser supposer. Henrik, 52 ans, lui-même un bon joueur d’échecs, se souvient avoir fait découvrir le jeu à Magnus et à sa soeur plus agée, Ellen (qui a 25 ans aujourd’hui), lorsque Magnus était âgé de 5 ans. Après un ou 2 mois, Henrik se souvient : « Pour tout dire, j’ai abandonné, dans le sens où on continuait à jouer occasionnellement, mais je n’avais aucune ambition. » Il sait que des joueurs de légende, tels Capablanca et Kasparov, avaient compris le jeu – il claque ses doigts – « juste comme ça. » Magnus et sa sœur, dit-il « ont appris les règles rapidement et ils pouvaient prendre une pièce, mais faire travailler 2 pièces ou plus ensemble, ce qui est l’essence des échecs, cette vision spatiale a pris beaucoup de temps. »

A cette époque, Henrik pensait que les échecs allaient devenir un passe-temps familial. « Je me suis dit OK, ce ne sont pas des génies, mais ça ne fait rien. Je veux dire, nous aimons nos enfants. Les échecs étaient une activité que nous pouvions pratiquer ensemble, juste un hobby, comme jouer aux cartes ou autre. » Dans le même temps, il existait des signes que Magnus avait des capacités et une détermination pour effectuer des exploits cérébraux impressionnants. Sigrun, 51 ans, se souvient de son fils assis pendant des heures avec des puzzles ou réalisant des constructions complexes avec des Lego, exploitant des manuels de plusieurs pages conçus pour des enfants âgés de 10 ans de plus. « Il avait une capacité à rester assis très longtemps, même quand il était petit » se souvient-elle.

Cette qualité n’a pas été la moindre à contribuer à son succès : les commentateurs attirent l’attention sur sa capacité à épuiser ses adversaires, d’attendre patiemment que ceux-ci commettent la plus infime des erreurs. Magnus lui-même se définit comme un joueur agressif, mais l’audace n’est pas toujours nécessaire. « Quand vous jouez contre les meilleurs mondiaux, ils voient vos plans et vous ne pouvez pas gagner avec une attaque à la baïonnette, en avant tout le temps », dit-il « Vous devez vous contenter de ce qu’il y a. » Ses parents insistent sur le fait qu’il n’était pas plus rapide que ses soeurs (il a également deux soeurs plus jeunes, Ingrid 20 ans et Signe 17 ans) pour apprendre, mais qu’il continuait à avancer, concentrant son attention sur un sujet, tel que les marques de voiture, jusqu’à les connaitre à l’envers. Quand j’interroge Magnus sur cette maîtrise dans son enfance, il répond simplement « Je ne savais pas spécialement si j’étais bon pour ça ou pas. J’essayais juste de le faire. »

Puis vient un moment clé. Juste avant son 8e anniversaire, dit Henrik « Ellen connaissait suffisament le jeu pour rendre une partie intéressante entre elle et moi. » Magnus s’asseyait et regardait et, un peu plus tard, nous a rejoint. Le dilemme d’Henrik était que si il jouait [volontairement] mal, ses enfants n’apprendraient rien, mais il ne voulait pas non plus les décourager. Il a donc commencé à jouer avec un matériel réduit – juste un Roi et un pion – ajoutant lentement les pièces au fur et à mesure qu’ils apprenaient le jeu. L’intérêt de Magnus commença à se développer, bien qu’Henrik affirme qu’ « il voulait juste battre sa soeur. » Il avait toujours cet esprit de compétition, même en étant un jeune enfant ? « Oui, absolumment » répond Sigrun, « il l’a encore. » A t-il plus l’esprit de compétition que ses soeurs ? « Absolument. » Elle ri et désigne son mari : « il ne tient pas ça de moi, mais de lui. » Bientôt, il commença à participer à des tournois et, rapidement, à les gagner. A la maison, pendant le dîner, il commença à s’asseoir à part pour pouvoir étudier son échiquier en mangeant. « Il était dans la même pièce » se rappelle Sigrun « donc nous pouvions lui parler s’il le voulait, et il pouvait écouter ce dont nous parlions, et participer s’il le voulait. » Malgré ces repas étranges, ils étaient et demeurent une famille unie.

Il y a un lien particulier entre le père et le fils, forgé par l’amour commun des échecs. Quand Magnus a eu 12 ans, son père prit une année sabbatique à son travail (il a passé ses dernières années entre son travail de consultant pour l’industrie pétrolière et la gestion des affaires de Magnus), et retira ses enfants un an de l’école, afin qu’ils puissent voyager ensemble à travers l’Europe, une expérience dont Magnus se souvient « plus utile que de rester un an à l’école. » Maintenant, il réalise qu’une certaine ressemblance familiale est en train de se développer. « Je pense que je commence à ressembler à mon père d’une certaine manière, je raconte les mêmes blagues nulles ! » Beaucoup de fils pourraient dire la même chose, mais chez les Carlsen c’est une autre dimension : « Quand je perds » explique Magnus, « habituellement je veux être seul et comprendre. Deux ou trois fois j’ai perdu et je me suis plains à mon père, et il m’a dit : « Lève-toi et arrête de gémir. » Je pense que c’est le meilleur conseil qu’il m’ait été donné. »

Sigrun, ingénieur comme son mari, n’est pas une joueuse d’échecs, mais elle a commencé à essayer « Play with Magnus », un logiciel qui permet de se mesurer au Champion à différentes étapes de sa carrière. Elle se décrit comme introvertie et n’apprécie pas l’attention que la célébrité de Magnus a apportée, particulièrement quand des gens l’approchent dans la rue. Ceci se produit de plus en plus depuis qu’il est mannequin pour la marque de vêtement G-Star, dont la dernière campagne le met en scène jouant aux échecs contre l’actrice et modèle anglais Lily Cole (Henrik se souvient de la réaction des soeurs de Magnus quand il a entamé sa carrière de mannequin pour la mode : « Il a eu de la reconnaissance pour ça. Elles ont pensé, Ok, enfin tu arrives à quelque chose ! »

Bien que Sigrun insiste sur le fait qu’elle n’est pas fascinée par l’attention dont bénéficie Magnus, « Je ne le regarde pas comme le champion du Monde d’échecs car c’est mon fils. », elle a du franchir une barrière émotionnelle lorsqu’il a eu 9 ans et a commencé à jouer régulièrement. Quand elle le regardait jouer une partie, la seule chose que Sigrun pouvait voir était un petit garçon qui n’avait pas l’air heureux, penché sur un échiquier, comme s’il luttait. Bien sûr, tout ce qu’elle souhaitait était le ramener à la maison. Après coup, elle lui a demandé si la compétition avait été douloureuse pour lui. Il la regarda avec un regard blanc, d’incompréhension. Non répondit-il, il a pris beaucoup de plaisir et était perdu dans ses pensées. Maintenant dit Sigrun « je veux juste qu’il soit heureux. Et aussi longtemps qu’il est heureux, il peut faire ce qu’il veut. ». Source Europe-echecs

Magnus Carlsen’s Parents on Raising the World’s Best Chess Player

The family of the unmatched chess prodigy gave him time to find his passion, but never went easy on him

By Alex Clark (WSJ)

CHECK MATES | Magnus, at his office in Oslo, with his mother, Sigrun, and father, Henrik, a keen chess player himself who developed his son’s skills at an early age by not playing down to his level. Photography by Colin Dodgson for WSJ. Magazine

HOW DO YOU SPOT a chess prodigy? Is there a moment—perhaps when he makes a boldly brilliant move out of nowhere or plasters his bedroom with pinups of Bobby Fischer and Garry Kasparov—when it all becomes clear?

Well, that wasn’t quite how it happened for Henrik Carlsen and Sigrun Øen, parents of 23-year-old Magnus Carlsen, the Norwegian who became a grandmaster at 13 and the youngest-ever world No. 1 at 19, and whose peak World Chess Federation rating (2,882) is the highest in history. Last November, Carlsen defeated Viswanathan Anand to become the World Chess Champion, a title he will defend against Anand later this year in a yet-to-be-decided location—possibly Norway.

World Chess Champion Magnus Carlsen gives a thoughtful interview about his life in chess…and then he beats WSJ’s Jonathan Zalman in about thirty seconds.

Carlsen’s route to chess took a little longer than his subsequent stellar progression might suggest. Henrik, 52, a keen chess player himself, remembers introducing the game to Magnus and his older sister, Ellen, now 25, when his son was turning 5. But after a month or two, Henrik says, « I gave up, basically, in the sense that we continued to play chess occasionally, but I didn’t have any ambitions. » He knew that legendary players such as Capablanca and Kasparov had understood the game—he clicks his fingers— »just like that. » Magnus and his sister, he says, « learned the rules quickly, and they could capture a piece, but to get two or more pieces working together, which is what chess is about, this spatial vision took a long time. »

World-champion chess player Magnus Carlsen and his parents, Sigrun Øen and Henrik Carlsen Photography by Colin Dodgson for WSJ. Magazine

At the time, Henrik reconciled himself to the fact that chess would simply be an enjoyable family pastime. « I felt, OK, they’re definitely not geniuses, but it doesn’t matter. Because, I mean, we loved our children. Chess was something we could do together, just a hobby, like playing cards or anything else. » In the meantime, there were signs that Magnus had the aptitude and the determination to perform impressive mental feats. Sigrun, 51, recalls her son sitting for hours with puzzles or making advanced Lego models, patiently working his way through pages and pages of instructions meant for children a decade older. « He had the ability to sit for a very long time, even when he was small, » she recalls.

This quality has contributed in no small measure to his success; chess commentators draw attention to his ability to wear down opponents, to wait patiently for them to make the tiniest mistake. Magnus himself maintains that he is an aggressive player but that audacity isn’t always what’s called for. « When you play against the best people in the world, they see through your plans, and you cannot win with a swashbuckling attack all the time, » he says. « You just need to take what’s there. »

His parents are eager to point out that he wasn’t an obviously faster learner than his sisters (he also has two younger siblings, Ingrid, 20, and Signe, 17) but that he kept on going, focusing his attention on a specific subject, such as car brands, until he knew it inside out. When I ask Magnus about his childhood proficiency, he replies simply: « I didn’t particularly know if I was good at it or not; I just tried to do it. »

“ « I felt, OK, they’re definitely not geniuses, but it doesn’t matter. Chess was something we could do together, just a hobby. » ”

–Henrik Carlsen

Then came a turning point. Just before Magnus turned 8, says Henrik, « Ellen suddenly understood enough to make it interesting for me to play with her. » Magnus would sit to watch them and, a little later, join in. Henrik’s dilemma was that if he adopted poor strategy, his children wouldn’t learn anything, but he also didn’t want them to become discouraged. So he began to play with limited resources—just his king and a pawn—slowly adding pieces as they learned the game. Magnus’s interest started to grow, although Henrik maintains that « he just wanted to beat his sister. » He had a competitive streak even as a small child? « Yes, absolutely, » Sigrun says, « he still has that. » More competitive than his sisters? « Absolutely. » She laughs and gestures to her husband. « It’s not from me, it’s from him! »

Soon he was entering and very quickly winning tournaments. At home, during dinner, he began sitting apart from the family so he could study his chessboard while eating. « He was in the same room, » remembers Sigrun, « so we could speak to him if we wanted to; he could hear what we were talking about if he wanted to join. » Despite their unorthodox meals, they were, and remain, a close family.

WHIZ KID | Magnus at 13, playing Belarus grandmaster Alexei Fedorov in 2004’s Dubai Open Chess Championship. ©Anwar Mirza/Reuters/Corbis

Competing in 2013’s Sinquefield Cup ©Brian Cahn/Zuma Press/Corbis

There’s a particular bond between father and son, forged through a mutual love of chess. When Magnus was 12, Henrik took a year’s leave of absence from his job (he has spent recent years balancing his consultancy work in the oil industry with managing Magnus’s affairs) and took the children out of school so they could travel together throughout Europe, an experience that Magnus remembers as « more useful than staying in school that year. » Now, he says, he realizes that a certain family resemblance is developing. « I think I’m becoming more like my father in a way, » he says, laughing. « I’m cracking the same lame jokes! » Many sons probably find themselves saying the same thing, but in the Carlsens’ case, there’s another dimension. « Whenever I lose, » Magnus explains, « usually I want to be alone, figure it out. A couple of times I’ve lost and I’ve been complaining to my father about it, and he says, ‘Just get up and stop whining.’ I think that’s the best advice I ever got. »

Sigrun, an engineer like her husband, is not a chess player, although she’s started to dabble with Play Magnus, an app that allows you to test your skills against the champion at various stages in his career. She describes herself as an introvert and dislikes the attention Magnus’s celebrity has brought, particularly when people approach him in the street. This happens even more now that he is modeling for clothing company G-Star Raw, whose most recent ad campaign features him playing chess with the British model-actress Lily Cole. (Henrik remembers the reaction of Magnus’s sisters when his career took a turn toward fashion modeling: « He got a lot of credit for that. They thought, OK, now you’re getting somewhere! »)

Although Sigrun insists that she’s not starstruck by all the attention heaped on Magnus (« I really don’t think so much about him as a world champion in chess, » she says, « because he’s my son »), she did have to work through an emotional barrier when he was 9 years old and starting to compete regularly. As she watched him play in a match, all Sigrun could see was a little boy who looked unhappy, hunched over a board as if he were struggling. Naturally, all she wanted to do was take him home. Afterward, she asked him if the contest had been painful for him. He looked at her with a blank, uncomprehending stare. No, he replied, he’d been having fun and was merely lost in thought. Now, says Sigrun, « I just want him to be happy. And as long as he’s happy, he can do whatever he wants. »

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