Au moins 25 morts et des dizaines de blessés : tel est l’horrible bilan de l’attentat-suicide qui a frappé ce vendredi 6 janvier le vieux quartier de Midane à Damas. L’origine de cette ignoble opération ne fait nul doute : ce sont les services de Bachar al-Assad qui ont agi. Tout le prouve : le quartier de Midane est le haut-lieu du début de contestation damascène ; l’explosion s’est produite peu avant la prière du vendredi à la suite de laquelle devait avoir lieu une manifestation ; il n’y a que des civils parmi les victimes. Personne n’avait intérêt à un tel massacre sinon le régime. L’objectif était bien de terroriser la population.
Ce n’est pas la première fois que le gang mafieux au pouvoir se met à réutiliser ses bonnes vieilles méthodes de la bombe anonyme, telles que largement employées par le passé notamment au Liban : déjà le 23 décembre dernier des attentats à la voiture piégée ont ensanglanté Damas, cette fois devant des locaux des services de sécurité, faisant 44 morts et 166 blessés. Le périmètre où ont eu lieu les explosions est hautement sécurisé : il est impossible d’y accéder sans de multiples contrôles. Il se murmure même que plusieurs cadavres seraient ceux d’opposants emprisonnés qui auraient été transportés sur les lieux peu auparavant.
Le régime avait aussitôt dénoncé la main d’Al-Qaïda. Ce qu’il a immédiatement refait après l’attentat de ce vendredi à Midane. Faut-il que Bachar al-Assad se sente en danger pour se lancer dans de telles manœuvres, dont le dérisoire le dispute à l’immonde ! Est-il à ce point coupé de la réalité qu’il ignore que plus personne n’en est dupe, que ce soit en Syrie ou dans la communauté internationale ? De telles méthodes ne font qu’accélérer sa fin. Sauf à définitivement se discréditer, les «observateurs» missionnés sur le terrain par la Ligue arabe ne pourront cette fois user encore de la myopie qui leur sert à ne presque rien voir depuis leur arrivée le 26 décembre.
Les insurgés syriens ne leur accordent d’ailleurs plus la moindre confiance et ont pris leurs distances avec la Ligue arabe. Il est ainsi hautement révélateur que les manifestations hebdomadaires de ce vendredi aient pour thème «La situation syrienne ne concerne pas que la Ligue arabe mais toute la communauté internationale». Soumise à la pression des militants actifs sur le terrain, la direction du Conseil national syrien (CNS) avait dû piteusement se renier quelques heures après avoir signé, à la toute fin décembre, un accord avec un autre regroupement d’opposants, le Comité national de Coordination. Cet accord stipulait en effet que les deux formations rejetaient «toute intervention militaire qui porterait atteinte à la souveraineté et à la stabilité du pays – sans considérer une intervention arabe comme étrangère». Ce passage avait suscité un tollé tel que Burhan Ghalioun, signataire du pacte au nom du CNS, avait dû inventer des explications embrouillées et vaseuses avant d’annoncer que finalement il n’avait pas vraiment signé ce qu’il venait de signer.
Qui plus est, le CNS, effectuant un tournant à 180°, étudie dorénavant de très près les conditions militaires nécessaires à l’établissement d’une zone libérée et sécurisée, à la façon de ce qui s’est passé en Libye. Ce virage dans la stratégie du principal regroupement de l’opposition syrienne (essentiellement basée à l’étranger) donne enfin satisfaction aux exigences exprimées depuis des mois par les contestataires qui luttent en première ligne sur le terrain. Déjà moins certains de leurs soutiens étrangers, les maîtres de Damas sentent que leur fin approche. L’attentat-suicide de Midane donne une idée de la manière dont ils s’y préparent : leur bande de barbares semble ne connaître que la fuite en avant dans le meurtre. Il est temps de les neutraliser définitivement.