Une énorme colère s’est emparée ce soir de la place Tahrir après l’allocution du président Hosni Moubarak. Ce dernier a déclaré à la surprise générale qu’il ne démissionnerait pas, alors que le monde entier annonçait son départ. Le président égyptien a néanmoins précisé qu’il déléguait ses pouvoirs au vice-président Omar Souleimane, ancien chef des renseignements militaires du pays.
C’est à un Hosni Moubarak sourd, qualité principale des dictateurs, qu’ont eu à faire les Égyptiens ce soir. À croire que la crise sans précédent que traverse le pays depuis 17 jours maintenant ne l’émeut pas plus que cela. Cynique à souhait, le président égyptien s’est placé au niveau des jeunes manifestants et a fait parler « son cœur » en exprimant sa profonde douleur, après la mort de près de trois cents personnes depuis deux semaines. Et le président égyptien de surenchérir dans le grotesque, en promettant de punir les responsables des meurtres qu’il a lui-même commandité.
Et puisqu’il faut trouver des coupables, le raïs égyptien s’est attaqué, une fois n’est pas coutume, à l’étranger. « Les injonctions de l’étranger sont une « honte » et sont inacceptables » a-t-il notamment affirmé. Étonnant, surtout de la part d’un chef d’État considéré comme le pilier de l’Occident dans le monde arabe. Il est vrai que le président américain Barack Obama avait affirmé quelques heures auparavant que « l’histoire était en marche » en Égypte et que « les Égyptiens veulent le changement ».
Au risque de décevoir tous ceux qui pensaient que le raïs égyptien s’en irait dès ce soir, Hosni Moubarak a réaffirmé son souhait de respecter ses engagements, c’est à dire de mener le pays jusqu’aux prochaines élections présidentielles, en septembre prochain. « Une intention pure et sincère », a-t-il osé. Son peuple appréciera.
Pour ce faire et tenter d’apaiser la colère populaire, il a décidé d’entreprendre des réformes, ce qu’il promettait il y a déjà deux semaines, après les premières manifestations. Son cadeau au peuple ? L’amendement de cinq articles de la Constitution. Ils concernent l’élection présidentielle, le mandat du président, ainsi que l’Assemblée. Mais aucune trace de levée de l’État d’urgence, ou seulement « lorsque des garanties civiles seront apportées », c’est à dire lorsque le calme sera revenu. L’espoir est de nouveau déçu.
À la fin du discours, Moubarak va néanmoins annoncer ce qui restera la seule véritable nouvelle de la journée. « J’ai décidé de déléguer certains de mes pouvoirs au vice-président conformément à ce que dit la Constitution », a-t-il indiqué. Ainsi, c’est à un des bras droits du Régime, chef des services secrets égyptiens pendant près de 20 ans, et récemment nommé vice-président d’Égypte pour apaiser les manifestants, que sont transférés une partie des pouvoirs de son mentor.
Quelques minutes plus tard, Omar Souleiman s’adressera dans un autre discours télévisé aux jeunes, leur demandant de rentrer chez eux, comme si de rien était.
À l’issue de la soirée, place Tahrir, les chaussures des manifestants étaient brandies en direction du raïs égyptien, aux cris de « Moubarak Dégage ! ». Après un tel discours mêlant insolence et dédain, Hosni Mubarak, qui pouvait espérer une sortie honorable, a sellé non seulement son sort, mais celui de son Régime. Cette dernière sortie télévisée, ultime provocation d’un raïs désormais autiste, n’aura pour seul effet que de revigorer les manifestants, d’autant plus que des appels à manifester ont déjà été lancés pour demain après la prière. Reste une seule inconnue, la réaction de l’armée – à l’origine des rumeurs mais neutre jusqu’ici. Il est à craindre que seule la promesse d’une vaste répression des manifestations demain pourrait expliquer l’impertinence du discours présidentiel de ce soir.
Je pense qu’il est important que le Président égyptien écoute son peuple et respecte sa demande le plus rapidement possible.
Mais je pense aussi que plusieurs pays, dont les USA, ne doivent pas oublier si rapidement que M. Moubarak a quand même garanti une stabilité de paix dans cette région vis à vis d’ Israël durant de nombreuses années !
Le peuple égyptien souhaite une démocratie pour son pays, mais est-ce vraiment cela qu’il va obtenir ?
Comment être sûr, s’il y a des votations prochainement, qu’elles ne soient pas truquées ou faussées ?
Il faut se méfier des extrémistes et islamistes qui pourraient s’emparer du pouvoir en faisant même croire qu’ils l’ont obtenu de manière démocratique !
Les égyptiens risqueraient alors de vivre des événements similaires au peuple iranien, pour ne citer que cet exemple de régime extrémiste et islamiste et vivre des injustices encore plus graves et profondes qu’à présent.
Comme ces abjectes peines de mort pratiquées en Iran en lapidant ou pendant des gens, ces emprisonnements injustes ou sous-traitements des femmes qu’ils pratiquent à tour de bras.
Est-ce cela que le peuple égyptien souhaite ?
Est-ce cette liberté-là que les hommes et femmes égyptiens souhaitent ?
Cela m’étonnerait… L’avenir nous le dira…
MrMiller>
Les frères musulmans ont refusé de participer dès le départ et ils ne sont pas la majorité des manifestants.
Bref arrêtez avec vos mensonges sans cesse répétés parce que vous croyez intimement que les arabes ne sont pas capables de démocratie.
Certes, il a grandement tord de s’accrocher. Mais il faut encore se souvenir de ce qu’il a fait pour son pays, se souvenir qu’il a combattu l’Idéologie extrèmiste, fasciste, aux buts dangereusement anti-démocratiques.
N’oublions pas que le principal objectif des Frères musulmans est l’instauration au lieu des régimes en place de républiques islamiques dans les pays à majorité musulmane telles que l’Égypte, la Libye, la Syrie, ou encore la Tunisie. Les Frères musulmans s’opposent aux courants laïques des nations à majorité musulmanes et préconisent un retour aux préceptes stricts du Coran, impliquant autant un rejet des influences occidentales que des influences soufies qui, elles, préconisent une adaptation du Coran au temps. Le mot d’ordre de l’organisation est : « Allah est notre objectif. Le prophète Mahomet est notre chef. Le Coran est notre loi. Le djihad, appelé improprement guerre sainte- est notre voie. Mourir dans les voies d’Allah est notre plus grand espoir ». Il existe depuis 1944 une branche féminine : les « dames musulmanes »