Jafar Panahi, figure emblématique de la Nouvelle Vague iranienne, actuellement en liberté sous caution, a fait appel de sa condamnation à l’emprisonnement et à une interdiction de travailler pendant 20 ans et attend la réponse de la justice iranienne.
Celle-ci pourrait intervenir « dans le courant du mois de février », selon le philosophe Bernard-Henri Lévy, l’un des plus fervents soutiens mobilisés en faveur du cinéaste.
Sa revue, La Règle du jeu, ainsi que la revue Transfuge ont co-organisé la soirée de soutien mardi en présence de nombreuses personnalités du cinéma – d’Agnès Varda à Michel Piccoli, Amos Gitai ou Jane Birkin – pour « ne surtout pas relâcher la pression à l’approche de cette échéance », a-t-il expliqué à l’AFP en marge de la soirée au cinéma La Pagode, à Paris, où était diffusé l’un des films de M. Panahi, « Hors Jeu ».
« Aucun régime totalitaire n’est totalement autiste, ni totalement monolithique », a fait valoir M. Lévy en rappelant les distances prises récemment par un proche conseiller de la présidence avec cette double condamnation. « Une telle déclaration atteste de divisions au sein du régime ».
Mais surtout, a-t-il insisté, « quand on se trouve dans une telle situation de désespérance et d’absolue solitude, ces éclats de voix donnent du courage: Jafar Panahi nous l’a dit ».
Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, qui avait déjà lu une lettre de Jafar Panahi lors du Festival de Cannes – auquel le cinéaste invité comme juré, n’avait pu se rendre – a assuré que « la parole, par des canaux mystérieux, parvient toujours à ceux qui sont gênés de l’entendre comme à ceux qui ont besoin de l’entendre ».
« Se battre pour lui, c’est se battre pour tous les autres », a insisté M. Mitterrand qui a refusé de préciser si la diplomatie française était intervenue en sa faveur.
Pour la compatriote de M. Panahi, la réalisatrice et dessinatrice iranienne Marjane Satrapi, une telle mobilisation « pourrait paraître vaine, mais ça change quelque chose », a-t-elle assuré, en appelant « à rester derrière lui jusqu’à ce qu’il obtienne l’autorisation de tourner de nouveau ».
Agnès Varda, Michel Piccoli, Romain Goupil et Patrick Mille ont lu la lettre d’appel que le réalisateur a adressée à la justice iranienne, rappelant notamment que sa lourde condamnation sanctionnait « un film dont moins d’un tiers avait été tourné au moment de (mon) arrestation » en février 2009: « Comment peut-on juger d’un film avant même qu’il ne soit fini? », interrogeait-il.
M. Toubiana, directeur de la cinémathèque française, diffuse tout le mois de février les films de Jafar Panahi, précisant que « les recettes de ces séances seront versées à la famille ».
Caméra d’Or à Cannes, Ours d’Argent à Berlin et Lion d’Or à Venise, Jafar Panahi, 50 ans, a été honoré par tous les grands festivals de cinéma du monde.
Mardi soir, le festival de Berlin, qui l’a invité comme membre du jury du 10 au 20 février, a fait savoir qu’il espérait toujours sa venue.
Selon Serge Toubiana, la Berlinale entend également faire du 11 février une « journée spéciale Jafar Panahi » dans ses différentes sections.

(Source AFP- Paris)
Crédit photographique : © Ehsan Maleki (Toutes sauf DR)

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Un commentaire

  1. Je n’arriverai décidément jamais à comprendre comment des individus au pouvoir de dictatutre peuvent en arriver à rabaisser d’autres à ce point.
    Qu’ont-ils eux-mêmes vécu, pour faire subir de telles injustices à d’autres ?
    Empêcher M.Panahi d’effectuer son métier librement, c’est comme lui voler son âme et une partie de son être.
    Le mettre en prison pour cela, c’est lui voler des instants précieux de son existence !
    Quelle solitude immense et profonde, ces personnes emprisonées pour de tels actes anodins doivent-elles ressentir, en plus dans leur pays natal !
    Quel geste indigne et non respectueux du peuple et des compétences d’autrui !
    Au lieu de valoriser les gens selon leurs aptitudes intellectuelles ou manuelles, d’ essayer de s’intéresser aux messages qu’ils veulent faire passer, d’ouvrir le débat…