L’étonnant et énigmatique « destin » et le dieu Pan m’ont-ils permis de connaître et parfois même d’assister à la « préhistoire de Bob Wilson » ? [Je note une série de coïncidences en évoquant la nuit du 16 janvier avec David Broncano et David Lynch.]
…puis… j’ai pu être (comme si souvent : seul survivant) avec l’aide de Ninon Tallon, notre agent de théâtre de l’époque, du compositeur Marcel Landowsky (« Centre national de la musique »), du violoncelliste Mstislav Rostropovitch, d’Ellen Stewart, de Nelly Vivas, de Jack Lang, de Emmanuel Demarcy-Mota, de Monique Lang, mis en relation avec lui…
…puis… le 25 février 1971, j’ai assisté enthousiasmé à Le regard du sourd – Deafman glance – à la Brooklyn Academy of Music (BAM) ; le pouvoir de l’enchantement était tel que Louis Aragon me demanda (plus tard à Paris) de servir de médiateur en vue d’une possible – et, hélas, avortée – réconciliation avec André Breton…
…puis… la demeure de quatre étages de « Bob » était située au sud de Greenwich Village, au 147 Spring Street, et c’est là, en avril 1972, qu’il joua deux fois « Apertura Shiraz », que Monique Lang et moi avions regardées jusqu’aux premières heures du jour…
…puis… il la dédia à sa mère, Lore Hamilton Wilson, mais pas à son père, qui le poursuivait sans relâche et sans vergogne. Il choisit donc un harem de Shiraz comme décor…
…puis… nous étions presque tous allés au festival Shiraz-Persépolis avec Monique Lang, Karlheinz Stockhausen, John Cage… en essayant d’être des visionnaires, alors que nous étions tous motivés par le désir d’aventure…
…puis… quelques jours auparavant, « Bob » avait été détenu dans une prison grecque pendant longtemps, mais son incarcération n’avait pas suspendu le cours de son cheminement spirituel…
…puis… la pyramide de son manoir a évoqué Manhattan, Babel et la ville du visionnaire Paolo Soeri…
…puis… Marcel Landowski et « Bob » décidèrent de créer l’opéra « L’Opéra Bastille », dont j’ai écrit le livret ; avec la superbe performance de Mstislav Rostropovitch, sur ses genoux, son violoncelle et sa beauté…
…avec quelle intrépidité Bob a fait saillir l’éclat du silence ; il resta dans la zone des balles perdues ; inconscient devant le soleil, avec son image d’adolescent ; il n’était ni une hirondelle, ni un papillon ; il n’avait ni ailes, ni racines ; mais des jambes et un cœur… s’enivrant de la grâce vibrante et bruyante du silence,
« arrabalaïquement »
fa…

