On ne peut pas dire que les protagonistes de La Cérémonie – les actrices en particulier – n’aient pas eu l’occasion de s’exprimer dans les médias à l’occasion de la sortie du film. La promotion du film lors de sa sortie en France et à l’étranger fait partie de leurs obligations et elles s’y sont prêtées de bonne grâce. Ont-elles eu pour autant l’occasion de dire ce qu’elles pensaient ? On ne peut s’empêcher de trouver certaines questions obscènement réductrices, par exemple, quand on leur demande si la fin du film n’aurait pas pu être différente… Demanderait-on, observe Isabelle Huppert, à Jean-Sébastien Bach de mettre un sol à la place d’un la ?

Il m’a paru intéressant de laisser Isabelle Huppert s’exprimer librement sur la façon dont elle a véritablement créé l’interprétation du personnage de Jeanne et sur la mise en scène de Claude Chabrol. Caroline Eliacheff.


En italien, La Cérémonie[1] s’appelle L’Obscurité dans les esprits et c’est bien de cela dont il s’agit. Les esprits sont frappés de cécité. Jeanne est une révoltée mais douloureuse et victime. Chabrol a l’art de faire éprouver de la compassion pour des personnages a priori peu sympathiques. D’emblée il divise le monde en deux, les nantis et les démunis. Quoi de plus naturel, de plus acceptable que de vouloir ce qu’on n’a pas et ne pourra jamais avoir ? Ainsi est Jeanne. Envieuse, follement envieuse mais aussi émouvante dans son désir inassouvissable car victime d’un système implacable. D’un côté ceux qui ont des certitudes : pour eux la vie est légère, émaillée de mini-incidents. De l’autre côté, rien, presque rien, pas de passé, pas d’avenir, seul compte l’instant présent, la survie.

Avant le début du tournage, au moment de préparer les costumes, j’ai réalisé qu’il était possible d’aller dans plusieurs directions diamétralement opposées pour composer le personnage de Jeanne. Le couple Jeanne/Sophie fonctionne comme un couple homme/femme dont Jeanne serait l’élément mâle et Sophie l’élément femme. Cela entraîne une dynamique très particulière dans le film, différente de celle d’une simple amitié féminine. C’est une dynamique contradictoire qui les fait avancer ensemble.

Le costume est très important car il induit la façon de se tenir, de se déplacer, le rythme. J’essaie toujours de définir le rapport du personnage à sa sexualité, à sa féminité ou à son érotisme.

Pendant un temps, j’ai imaginé une personne d’apparence beaucoup plus masculine, austère, sans aucune indication sur son envie de séduire ou sur sa féminité. J’y ai renoncé pour ne pas rendre évidente une homosexualité qui doit rester latente. Je suis alors partie dans une voie opposée : une sexualité très agressive, un état de séduction permanent qui n’était pas non plus vraiment adapté.

Puis, j’en suis arrivée, avec l’aide de la costumière Corinne Jorry, à ce petit personnage un peu sexy mais pas trop, avec ce look ni débraillé ni pauvre. J’ai opté pour quelque chose d’assez mignon, d’acidulé pour contredire la noirceur des personnages. L’effet de surprise est d’autant plus grand que ces deux petites nanas sont plutôt assez mignonnes. Du coup, la violence est d’autant moins prévisible.

Ensuite, il y a une sorte d’imaginaire qui se met en route inconsciemment et qui devient conscient seulement sur le tournage. Dès le premier plan du film, il m’est apparu que toute l’expression de Jeanne tenait dans son regard : un regard extrêmement pointu, au laser, exprimant l’envie, la jalousie. Une fois trouvé ce regard, cette démarche en fait, cette espèce de côté saccadé dans l’élocution et les gestes, j’avais trouvé pratiquement le personnage.

Je n’ai pas eu du tout l’impression d’interpréter un être atteint de folie. La folie n’est pas forcément repérable, elle est le plus souvent invisible. Ce sont des jeunes femmes qui passent de l’état normal à l’état de monstres mais j’ai eu le sentiment de jouer quelqu’un d’excité, d’extravagant mais pas de fou. La représentation de la folie me paraît très difficile à imaginer, très abstraite, comme d’ailleurs toutes les gammes de sentiments. On peut tomber très vite dans la caricature quand on doit exprimer la très grande douleur ou la très grande joie ; pour moi, la très grande douleur ne s’exprime pas forcément par une image exagérée ou outrée, ça peut être invisible.

Jeanne est complètement normale jusqu’au moment où elle est mise en face de son anormalité. Même l’épisode de la mort de l’enfant, j’ai tout fait pour le banaliser pour que soient visibles ces moments où elle bascule ; bien sûr, on ne donne pas innocemment un coup de pied à un enfant, c’est déjà une violence, mais je n’ai jamais pensé qu’il y avait préméditation dans l’acte de tuer l’enfant. C’est un accident qui a mal tourné, au pire un « acte manqué ». On peut bien sûr se demander pourquoi il y a eu accident mais au départ, ce n’est pas plus que ça et elle ne se pose pas la question du pourquoi.

Les personnes atteintes de paranoïa donnent à leur entourage ce sentiment de normalité. La seule nourriture théorique dont je m’étais imprégnée, c’était le passage du livre d’Elisabeth Roudinesco sur le cas Aimée[2]. Il s’agit d’un cas psychopathologique bien sûr mais il m’a aidée à comprendre comment quelqu’un peut être à la fois primaire et cérébral. J’avais du mal à faire cohabiter ces deux idées dans un même personnage. Le cas Aimée m’a aidée à comprendre comment on pouvait avoir une structure intelligente, complexe et en même temps assez primaire. Intelligente au sens de mettre les choses en perspective, d’identifier des rapports de force, des contradictions. Et ça, elle l’a. Contrairement à Emma Bovary qui est insatisfaite et rêve d’autre chose, Jeanne est jalouse, envieuse. On n’imagine pas Emma Bovary rêver d’avoir la robe de sa voisine. Jeanne veut tout ce qu’elle n’a pas et en particulier tout ce qu’a Madame Lelièvre y compris son employée de maison. C’est une prédatrice. À défaut d’avoir les robes, elle aura Sophie. Sophie ne l’intéresse que parce qu’elle appartient à cette famille.

C’est aussi un personnage sans passé et je l’ai tout de suite retourné comme un avantage. Cela caractérise les deux personnages vis-à-vis de la famille Lelièvre : elles viennent de nulle part pour retourner nulle part. Jeanne vient de l’obscurité pour aller… au ciel. Il y a une sorte d’épaisseur et de mystère autour d’elles qui est assez bien vu. Ce qui caractérise aussi la bourgeoisie, le monde des nantis, ceux qui vivent dans le confort, ce sont les codes, les transmissions, les liens sociaux : on sait qui est marié avec qui même si c’est une famille recomposée ; les liens familiaux existent, ils sont définis, clairs. Il n’y a cela ni chez Jeanne ni chez Sophie.

Ce qui est intéressant c’est cette pauvreté de liens, ce manque d’accès aux sentiments, à la souffrance. Elles sont dans un no man’s land qui les rapproche. Si on savait plus de choses, ça leur donnerait moins de mystère. Ce sont des personnages en forme de question. Pour interpréter le personnage de Jeanne, j’ai imaginé qu’elle avait un passé de prostituée. N’ayant pas lu le livre de Ruth Rendell, je ne savais pas que c’était le cas dans le roman. Cela lui donne un comportement particulier : on doit sentir qu’elle est prête à n’importe quoi — et pourquoi pas à coucher avec un homme pour de l’argent — pour avoir un lien.

Dès le début du tournage, nous nous sommes dit avec Claude Chabrol, sous forme de boutade, que c’était le dernier film marxiste. Jeanne et Sophie représentent un groupe social qu’on le veuille ou non. La haine et la jalousie de Jeanne ont cette dimension sociale. Dès qu’elle pénètre dans la maison, c’est une propriété à conquérir, un ennemi à abattre qu’elle finira par abattre. En même temps, il n’y a pas de théorie sauf dans la façon dont elle insuffle ses idées à Sophie. Là, il y a le début d’un comportement politique puisqu’elle est prosélyte. Sophie est la proie idéale. Il faut le silence de Sophie pour que la parole de Jeanne jaillisse. C’est une parole qui se met en mouvement au contact du silence de Sophie. L’une est un silence bovin et la logorrhée de Jeanne la modèle, elle lui apporte une pensée qui se met en forme et ose s’articuler au contact de Sophie. C’est une parole qui jaillit sur fond de silence, c’est la haine qui prend corps grâce à la soumission. C’est par cette différence qu’elles sont complémentaires et se construisent à deux.

La télévision qui est, en principe, accessible à tous devient le symbole même de la différence de culture qui caractérisent de plus en plus les groupes sociaux. Jeanne se situe très exactement entre la famille Lelièvre qui regarde la retransmission d’un opéra et Sophie qui regarde n’importe quoi, puisque elle vient voir un film qu’elle a choisi en consultant une revue avec un grand acteur.

Chabrol restitue de très près une vérité « objective » par l’art de sa mise en scène. Il se place un peu au-dessus de son histoire, de façon objective. Dès lors qu’il y a mise en scène, reconstitution, interprétation, il y a forcément un point de vue. On est souvent tenté de se situer du côté du pathos. Chabrol, lui, reste toujours à distance très raisonnable mais l’émotion n’est pas absente. C’est l’art suprême de la mise en scène que de restituer ce sentiment de la réalité.

Comme actrice, je ressens sa mise en scène comme très serrée. J’emploie souvent l’image du papillon dans un filet. Très coulée aussi, comme un fil qui se dévide, comme le fil de l’histoire. La mise en scène, ce sont des plans qui s’enchaînent. Chabrol s’approche toujours au bon moment par rapport aux sentiments exprimés. Quand sur le papier je ne vois pas la solution, il l’apporte systématiquement par sa mise en scène. Lui-même définit la mise en scène comme une science assez exacte. L’objectif – celui de la caméra et le but à atteindre – semble pour lui découler d’une seule attitude : la bonne ! Dès Violette Nozière[3], alors que nous tournions dans une toute petite pièce, il me disait : « De toute façon, c’est pas compliqué, comme il n’y a pas beaucoup de place pour mettre la caméra, il n’y en a qu’une possible, je suis obligé de la trouver et en général c’est la bonne. » Cela vient sans doute en écho au fameux « le travelling est une affaire de morale » de Jean-Luc Godard. Par rapport au projet qu’a Chabrol, il n’y a en effet qu’une solution. Encore faut-il avoir un projet. Quelqu’un qui n’a pas de projet ne sait pas où se mettre. La caractéristique de la mise en scène de Chabrol c’est d’être toujours à la bonne distance, toujours à sa place.

J’imagine parfois un film comme un bloc de pierre ou de marbre que l’on sculpte pour faire apparaître la forme. Claude ne procède pas comme ça. Un film de Chabrol, c’est plutôt comme une toile blanche sur laquelle le trait apparaît très précisément. C’est vraiment un très grand metteur en scène parce que sa mise en scène est conforme à son projet et le projet c’est de coller à la réalité en la recréant tout à fait à la manière de Flaubert. Il se situe à la même distance de son œuvre que Flaubert par rapport à son écriture. Tous les personnages du cinéma de Chabrol sont bovariens.

Sur le plan du jeu et de la construction des personnages, cette distance englobe l’ambiguïté de l’être humain, et elle donne forcément lieu à des personnages complexes parce qu’ils sont vus dans leur totalité. C’est pour cette raison que l’acteur ressent une liberté incroyable.

Avec Chabrol, je me sens la liberté de restituer le personnage dans sa globalité, dans sa complexité, je ne suis jamais obligée d’aller dans une seule direction. Il ne faut pas confondre son apparent silence avec une démission ou un manque de direction. Si on a l’oreille un tout petit peu musicale, on ne peut pas s’y méprendre.

On sent qu’il est là à chaque pas, sans jamais être là, ce qui donne une grande liberté d’invention et permet à l’acteur d’apporter beaucoup à cette complexité c’est-à-dire sa personnalité tout entière.

Depuis Rossellini, on sait que le cinéma n’est pas uniquement fait pour distraire ou pour raconter des histoires, il est fait aussi pour faire réfléchir. On peut distraire en faisant réfléchir. Le cinéma de Chabrol a cette dimension. C’est un cinéma très ouvert. Il y a un paradoxe entre la fermeture de sa mise en scène et l’ouverture qu’il propose. Et c’est magnifique.

Propos recueillis par Caroline Eliacheff


[1] La Cérémonie, film réalisé par Claude Chabrol et sorti sur les écrans le 30 août 1995, s’inspire d’un roman de Ruth Rendell, L’Analphabète (1977), et d’une pièce de Jean Genet, Les Bonnes (1947), eux-mêmes inspirés par l’Affaire Papin. Synopsis : Dans la campagne bretonne, Sophie (Sandrine Bonnaire) devient la domestique d’une famille bourgeoise, les Lelièvre. Mutique, Sophie dissimule son analphabétisme à ses employeurs. Elle se lie d’amitié avec la postière, Jeanne (Isabelle Huppert), qui hait cette famille, jalousant sa réussite et ses biens. Les deux femmes s’entraînent alors dans une révolte qui les poussera au crime.

[2] En psychanalyse, le cas Aimée est un cas princeps d’érotomanie. Il a été étudié par Jacques Lacan pour sa thèse qu’il a soutenue en 1932.

[3] Violette Nozière, film réalisé par Claude Chabrol en 1978, avec Isabelle Huppert dans le rôle-titre, est également basé sur une affaire criminelle.

11 Commentaires

  1. Permettez-nous de repointer du doigt le glissement sémantique au terme duquel la riposte ayant été considérée comme une agression par l’allié objectif de l’agresseur, la neutralisation d’une organisation terroriste peut alors revêtir très artificiellement la nature spécifique d’un crime de guerre et, enfin ! comme par miracle, le crime de guerre — qu’il fût authentifié ou falsifié importe peu — se voir compulsivement requalifié en génocide.
    L’Iran accuse Israël de perpétrer un nouveau génocide.
    Il ne voyait de génocide nulle part, et voilà maintenant qu’il en pousse comme des champignons nucléaires dans sa petite Forêt-Noire mentale !
    Nous ne nous risquerons pas pour autant à réfuter son vulgaire despote islamiste, impérialiste à tendance totalitaire et planétaire, omniterroriste comme tout le monde, j’entends par là un monde qu’il représenterait mieux que personne en tant qu’il en serait la seule et unique incarnation, en retournant contre l’immonde personnage son arme de prédilection, ce qui pourrait nous conduire à organiser un concours de caricatures au franchissement du neuvième cercle de Dante ou, si nous préférons, à la racine crustale du mont du Temple. Nous aurions beau nous y coller, je crains que nous ne soyons condamnés à rentrer bredouille de cette tâche rebutante. On peut sans doute relever le défi du traitement exhaustif du réel en explorant les contours escarpés ou subtils de n’importe quel sujet, mais voilà… encore faut-il pour cela qu’il en existe un.
    Lors de la dernière guerre mondiale, il semble qu’il ait été plus évident pour un guerrier combattif ou un combattant aguerri de prendre ou reprendre les armes, dans la mesure où il était aisé de (se) situer (soi-même par rapport aux) lignes de positionnement éthique. Le choix était simple entre Hitler et le camp de la liberté, entre Hitler et l’humanité, entre Hitler et les Juifs. On voudrait nous faire croire qu’il est plus difficile, voire impossible, pour un citoyen du Supramonde, de choisir de défendre les droits universels inhérents aux principes humanistes sans s’en prendre automatiquement aux intérêts généraux et particuliers de la communauté ethno/culturelle dans laquelle on invite notre irréductible éthos à se couler. Ceci est faux. Car le choix auquel l’Embraseur nous confronte en ces heures de clarification qui obscurcissent l’entendement de certains, se situe tout Bêtement entre Hitler et les Juifs : entre le camp de l’inhumanité et le camp de la liberté. C’est à croire que ce parfum d’Avant-Guerre que nous sommes de moins en moins nombreux à contester, n’est pas cette WWIII qui alimente nos dystopies intimes, mais la poursuite de notre épouvantable Seconde Guerre mondiale dont la fin (épongeage de sueurs froides) n’aurait jamais eu lieu qu’en surface.
    À ceci près que la répétition de notre grande histoire tente pour une première fois d’opérer une permutation entre la tragédie et la farce, en substituant un paratsar stalinien malgré lui à feue la fureur de l’Allemagne ; mais le tour de magie s’arrête là. On voit mal un Hitler II se taper l’incruste sur la photo de famille des raccords de Yalta.

    • Faire gaffe, Madame la République : médiatiser deux rencontres avec les woke personalities Zelensky et Abbas avant une intervention devant l’Acommunauté internationale, pourrait donner l’impression que vous établissez un parallèle entre leurs situations géopolitiques respectives.
      Aller à contresens de l’histoire, pourquoi pas ? mais à la condition expresse que les contorsions diplomatiques soient effectuées dans les règles de l’art du nonsense.
      Or pour l’instant, le grand embarras que trahissait la moue chiraquienne de Son Altesse monarcho-républicaine quand celle-ci apparût aux côtés, ou plutôt à côté du PM d’Israël, n’augure absolument rien qui aille dans une direction différente de celle qui mènerait dans le mur, l’un après l’autre, ses éminentes prédécesseuses et de droite et de gauche.

    • Sans vouloir en rajouter, permettez tout de même que je rejoute un peu. Êtes-vous bien conscient qu’en attribuant implicitement à la tête de pont palestinienne du Méta-Empire le rôle de l’Agressé, vous confortez dans leur posture victimaire les réactivateurs de la stratégie du désordre et encouragez la riposte perpétuelle des BRICS+ face à un Occident dont l’hégémonie, fût-elle humaniste, persiste à être vécue par le Sud global comme le principal vecteur d’un tramatisme collectif qui se mord la queue de peloton ?

    • L’otage devant ses ravisseurs : 1) condamnation des attaques du 7-Octobre pour 3) mieux renvoyer dos à dos une guerre d’agression et une riposte ayant causé « des pertes civiles que rien ne saurait justifier », — hormis, peut-être, une menace existentielle et le devoir de protéger les intérêts vitaux d’un peuple contre la nouvelle organisation terroriste n° 1 ? — et puis, entre les 2) visages du pantin désarticulé : « Le terrorisme est inacceptable, quelles qu’en soient les causes… »
      Comme tout cela est bien formulé.
      « Ben Laden y est allé un peu fort, mais entre nous… hein ? ils l’avaient bien cherché ces putains d’impérialistes amerloques de merde !
      — Ce qui vient d’arriver à la rédaction de Charlie Hebdo est tragique ; pour autant, cet événement retentissant offre à chacun de nous une occasion d’élever sa conscience à travers un premier enseignement : la liberté d’expression n’autorise personne à insulter la foi d’autrui. »
      Une chose est sûre, quand un pervers se drape dans son humanité, loin de réduire son taux de contagiosité, il ne fait qu’en augmenter la vitesse de propagation.

    • « Israël a-t-il les moyens de perdre ses alliés ?
      — On leur retourne la question.
      — Mais qu’est-ce que vous cherchez, en fait… Ne comprenez-vous pas que personne dans la région n’a intérêt à s’embarquer dans une guerre généralisée ? Les Iraniens ne veulent pas faire la guerre. Le Hezbollah ne veut pas faire la guerre. Netanyahou souhaite-t-il être le seul à vouloir faire la guerre ?
      — De deux choses l’une : ou bien vous persistez à considérer ledit Parti de Dieu (Hezbollah) comme un mouvement politique ayant accédé au sommet d’un État souverain, et alors vous souffrez que votre embarrassant ami soit mis en demeure de payer les conséquences de ses actes de guerre selon les conventions internationales en matière de conflits armés, ou vous reconnaissez que ce dernier agit au cœur d’un réseau terroriste mondial de type Daech ou al-Qaïda (Paris 1985-86 : 14 morts et 303 blessés ; Buenos Aires 1994 : 85 morts et 230 blessés), auquel cas vous vous coalisez en vue d’anéantir le monstre. »

    • Le secrétaire à la Défense de l’ex-première puissance mondiale tire la sonnette d’alarme sur les conséquences d’une guerre totale qui serait « catastrophique pour le Liban, et dévastatrice pour les citoyens des deux pays.
      — Bour Izraël auzi ? Ach, en foilà une ponne noufelle ! »

  2. Les leaders hamassistes inondent la mauvaise fille aînée de l’Église d’une idéologie rance bénéficiant d’un bilan séculaire plutôt positif des gauches radicale et réformiste en termes d’acquis sociaux ; dommage pour l’État de droit inter(nation)aliste.
    Les petits soldats du Méta-Empire ne savent pas plus aujourd’hui qu’hier pour quelle défiguration ou reconfiguration de l’islam politique ils suent, lambinent ou triment avec méticulosité ; pour la Cause, peut-être… il semble que cela suffise à certains pour dresser un rempart tout sauf collectiviste, vaseusement convergent, contre ce fascinant ennemi que l’on nommait jadis les droits de l’homme, la République ou la laïcité, sur lequel on s’applique à déverser en boucle, de même qu’un chien marquerait son territoire en pissant sur les pilastres d’un transport en commun bondé d’asservis volontaires, quelque verset satanique au manque de caractère bien trempé posté sur Instagram.
    L’europhonophobie a le vent en poupe chez notre Europe honteuse ; le processus de panislamisation au long cours sous couvert de panarabisation décoloniale du monde libre, a de beaux jours devant lui.
    J’en déduis deux conseils lancés à la volée, ou plus exactement adressés au nouveau ministre de l’Intérieur, les marges de manœuvre du garde des Sceaux étant, tout comme d’ailleurs celles de son homologue du quai d’Orsay, réduites à peu de choses près aux honorables prérogatives d’un porte-parolat : 1) ne rien décider sans avoir à l’esprit les tenants et aboutissants de l’affaire Sarah Halimi ; 2) face au risque d’émeutes et de soulèvement impopulaire faussement craint par une opposition pro-terroriste, se borner à rappeler la lettre et l’esprit de la loi, appeler chacun au respect des Lumières génésiques et, à cette fin, éviter d’en déborder le cadre républicain.

    • Je me méfie comme de la peste des parangons de vertu qui se révèlent prêts à préserver le savant équilibre des relations internationales entre le Bien et le mal, dans le but non désintéressé — si seulement la stratégie fonctionnait… — d’obtenir les faveurs d’une alliance contre-nature dont la réplique de la Méduse, vaisseau illustre de sinistre mémoire, constitue à leurs yeux une occasion rêvée de se laisser prendre en otage.
      Et si les dragueurs de la déconstruction à la sauce Drumont révisaient leur histoire atlantiste !
      S’ils échangeaient l’autocuiseur OTAN avec l’exécutif démocratique israélien — un jour et une nuit suffiront — pour nous enseigner l’art et la manière de négocier une sortie de Première Guerre sainte mondiale !
      Non, vraiment, on est impatient de voir ça.

    • Descente de Tsahal dans les locaux d’Al Jazeera en Panarabie afin d’y ordonner leur fermeture… pour l’Internationale sectionnalisée : une violation de la liberté d’expression dont l’atteinte, dite islamophobe, équivaudrait à un délit à caractère raciste ; pour nous : une victoire sur l’islamonazisme et l’islamogauchisme.

    • Oyez, oyez, damnés de l’antique terre de Tyr amie de Shelomo, qu’on nous dit être les adversaires irréductibles de la Milice collaborationniste ! L’heure de vérité a sonné. Les forces mécaniques supérieures dont vous priiez qu’elles vous rendissent votre souveraineté, puis votre liberté, s’apprêtent à vous tomber dessus telle une manne rédemptrice. Vos alliés comptent sur vos renforts, cruciaux et capitaux tant au plan stratégique que symbolique. Dans ce contexte de renversement de l’ordre mondial et des principes cardinaux du droit universaliste, où les partisans proactifs de l’hégémonie du Sud global agissent comme s’ils avaient atteint leur but, le soutien diplomatique et militaire de vos reufrés français ne serait pas superflu.
      La guerre, comme disait un autre cohabitant de la Cinquième République, est toujours la pire des solutions ; on n’ira pas jusqu’à dire « à l’exception de toutes les autres », mais on ne va pas se gêner pour mettre en garde notre architecte des paix planantes, alors même qu’il chercherait à exister dans le chaos obscène des guerres galvanisantes, contre une menace hélas bien supérieure, qui enferrerait notre État de disgrâce dans la situation de devoir seconder une puissance occupante sanguinaire, totalitaire, mue par une volonté de conquête planétaire.
      L’heure de vérité a sonné. Elle sonne et, Monsieur le Président, je crains que votre appel à repenser notre rapport à la Russie après la guerre, n’y fasse superbement écho. Je vous dis donc banco, impatient d’en finir avec le monde d’avant et ses nanars-scénars diplomatiques de série Z.