Le 27 juillet 2022, alors qu’il y avait des dizaines de sujets à traiter et que les préoccupations de nos concitoyens ne manquent pas, 37 députés de gauche (NUPES)s’unissent et cosignent une proposition de résolution qui entend condamner « le régime d’apartheid institué par Israël à l’encontre du peuple palestinien. » Ce texte a été élaboré à l’initiative de Jean-Paul Lecoq, un député communiste, vice-président de la commission des affaires étrangères. Les signataires prétendent que l’apartheid serait exercé dans tout Israël et dans les territoires. Ils demandent à ce que des sanctions soient prises et que la France fasse pression aux Nations-Unies. Nous avons là, une somme particulièrement redoutable et d’une dureté implacable. Longue et ennuyeuse à lire, cette proposition qui est une première du genre, sur la forme comme sur le fond, n’a cependant pas force de loi et n’a aucune chance d’aboutir. Et probablement, n’a-t-elle qu’un seul objectif que je résumerai avec ce verbe : détabouiser. Il ne s’agit pas dans le cadre d’un débat démocratique de critiquer les politiques menées en Israël, de s’opposer à l’occupation des territoires et d’appeler à la création d’un État palestinien qui pourrait mettre fin à ce conflit interminable. Non, il s’agit surtout de blâmer tout un pays et son peuple, de culpabiliser toutes celles et tous ceux qui sont les ami·es d’Israël. Et, comme le rappelle très justement le philosophe Pierre-André Taguieff[1], les Juifs sont criminalisés et « racisés » au nom de l’antiracisme. Cette proposition sent le soufre, celui de l’israélophobie. Cette passion réunit sous des élans antiracistes toutes et tous ceux dont l’indignation est sélective.
Les tweets enflammés de la NUPES
Quelques jours plus tard, lorsqu’un énième conflit intervient à Gaza et oppose cette fois Israël à l’organisation terroriste du Djihad islamique, des députés communistes et des insoumis ne manquent pas d’imagination sur Twitter pour diaboliser l’État hébreu et disculper le Djihad islamique, qu’ils ne mentionnent même pas. Il faut ajouter l’absence d’empathie pour la population civile en Israël, alors que près d’un millier de roquettes ont été tirées par le Djihad depuis le territoire palestinien.
Prenons quelques exemples.
Le 2 août, un député NUPES, signataire de la proposition de résolution israélophobe déposée le 27 juillet, intervient sur le plateau de BFMTV. Aurélien Taché déclare : « Il y a un antisémitisme très fort en France, en Europe qui peut avoir différentes ramifications. Mais quel rapport avec le fait de ne pas pouvoir dire qu’il y a une extrême-droite en Israël qui tue des enfants, des personnes âgées ? Nous pouvons devoir dénoncer cela. » C’est ainsi qu’Aurélien Taché, sans sourciller et s’interroger plus en avant, résume un conflit qui dure depuis des décennies. Il le fait d’une manière si caricaturale, qu’elle en est affligeante. D’ailleurs, on se demande même comment il pourrait comprendre les arcanes complexes de ce conflit, tant il le méconnaît. Nous sommes là uniquement dans le registre de l’émotion et du simplisme.
L’émotion encore, lorsque le 6 août, sur son compte twitter, la députée Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’assemblée nationale, écrit : « Bombardements intensifs de civils sur la bande de Gaza par l’armée israélienne. 15 morts dont une enfant. Dans un silence assourdissant. Quelles que soient les intimidations : notre soutien au peuple palestinien ne faiblira pas[2]. » Notons au passage que le silence qu’elle désigne dans son tweet est loin d’être assourdissant, puisque presque toutes les télévisions du monde ordinairement couvrent le conflit israélo-palestinien. Le nombre de victimes palestiniennes est rappelé quotidiennement dans la presse, les chiffres sont actualisés. Et, il suffit de se connecter sur les réseaux sociaux pour voir à quel point ce conflit est sensible et suscite des flots de réactions et de condamnations multiples.
Le lendemain, la députée LFI Clémentine Autain écrit : « Israël s’est lancé dans la plus dramatique attaque depuis mai 2021. 28 morts, tous palestiniens, dont plusieurs enfants et des centaines de blessés. Et la France sort un communiqué renvoyant dos-à-dos Israéliens et Palestiniens ! Scandaleux.[3] » Autain fait ici référence à une déclaration de la porte-parole du ministère de l’Europe et des affaires étrangères sur la situation à Gaza et en Israël, publiée le 6 août. Cette réaction est pourtant équilibrée, appelant « à la retenue, l’obligation de protection des civils et de droit humanitaire qui incombent à toutes les parties[4]. » Mais, Clémentine Autain réagit de la même manière que Hala Abu Hassira, la cheffe de la mission de Palestine en France, qui voudrait que l’on condamne exclusivement Israël[5].
Dernier exemple. Le 6 août, le député LFI Aymeric Caron écrit : « Israël a une nouvelle fois bombardé un quartier résidentiel de Gaza et a tué plusieurs civils, dont une enfant de 5 ans. C’est inacceptable. Il faut rester mobilisés pour les droits du peuple palestinien[6]. » Le 9 août, le même député écrit : « Je lis les attaques. Mise au point. 1. Je condamne et combats absolument toutes les formes d’antisémitisme, ce poison. 2. Je réclame un traitement politique et médiatique équilibré du conflit israélo-palestinien. Et le respect du droit international. Ce n’est pas incompatible. » Il ajoute : « Je ne céderai pas aux tentatives d’intimidation de certains[7]. » Le dernier tweet d’Aymeric Caron se distingue un peu des autres. Mais, s’il réagit à nouveau, c’est parce qu’il est très critiqué dans les réseaux sociaux. Il est d’ailleurs curieux de le voir réclamer « un traitement politique et médiatique équilibré du conflit. » Pourtant Aymeric Caron ne devrait pas ignorer que le conflit fait l’objet de commentaires quelquefois passionnés dans les médias, les journalistes étant accusés de privilégier un camp au dépend d’un autre. Certains commentateurs estiment que les journalistes auraient présenté des points de vue favorisant systématiquement la « victimisation » des Palestiniens et la « diabolisation » des Israéliens. Cela relève-t-il pour autant d’une intention de délégitimer Israël ? À l’inverse, d’autres estiment que les Israéliens sont toujours privilégiés par les médias, ce qui est faux. De toute évidence, s’il est possible là aussi de s’intéresser à la manière dont les faits et les événements sont rapportés et commentés, il serait excessif d’en tirer des conclusions hâtives[8]. Quant au traitement politique, il n’est pas uniforme. Chacun a la possibilité d’exprimer son point de vue et certains députés (notamment, ceux de la NUPES) ne s’en privent pas.
Globalement, remarquons que les tweets des insoumis sont construits de la même manière : condamnation unanime d’Israël, condamnation des seules attaques israéliennes, énumération des seules victimes palestiniennes. Rappel du soutien au peuple ou à la cause palestinienne. Mais, en plus des réactions que suscitent le conflit israélo-palestinien et des condamnations d’Israël, d’autres tweets se télescopent.
Par exemple, le 2 août, Mathilde Panot, vient dire que « l’antisémitisme est un poison[9]. » Alors qu’elle avait suscité un tollé après avoir qualifié, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, Elisabeth Borne de « rescapée du suffrage universel. » Puis, elle avait instrumentalisé les commémorations du Vél’d’Hiv en lançant une accusation contre le président de la République. Elle avait trouvé également le moyen d’utiliser le souvenir du Vél’d’Hiv sans employer le mot « juif ».
Qu’est-ce que l’antisémitisme pour la NUPES ?
Notons que les députés de la NUPES condamnent l’antisémitisme. Pour autant, le malaise persiste et de nombreuses confusions et ambiguïtés demeurent. Les quelques exemples récents que nous venons de citer suscitent un profond malaise dans la communauté juive et provoquent des polémiques.
Cela m’amène à formuler trois observations, non exhaustives.
1) À gauche, certains pensent que l’antisémitisme s’incarnerait exclusivement au sein de l’extrême-droite. De fait, il y aurait un antisémitisme tout à fait condamnable (et, il l’est, bien évidemment), celui qui proviendrait disons du RN. Mais, en dehors de l’extrême-droite, point d’antisémitisme.
Des militants de gauche doivent continuer de penser que l’antisémitisme ne peut s’exprimer à gauche et/ou que la gauche est ou continuerait d’être un rempart contre l’antisémitisme.
Enfin, à gauche, certains ne veulent pas voir que l’antisémitisme se répand chez les musulmans qui vivent en France ou chez des Français de confession musulmane.
Or, ces considérations sont balayées par de récents sondages qui montrent qu’il existe plusieurs foyers d’antisémitisme, notamment chez les sympathisants de LFI, ceux du RN et chez les Français ou les étrangers de confession musulmane[10].
Un exemple ? Selon les données de la Fondation pour l’innovation politique et de l’American Jewish Committee, 15% des musulmans reconnaissent éprouver de l’antipathie pour les Juifs, soit une proportion supérieure de 10 points à celle mesurée dans l’ensemble de la population française. Plus encore, c’est concernant l’adhésion aux préjugés que les écarts avec le grand public sont les plus spectaculaires. L’idée d’une mainmise des Juifs sur les médias (54%, soit plus de 30 points par rapport à la population française dans son ensemble) ou sur l’économie et la finance (51%, plus de 27 points) est ainsi partagée par plus d’une personne de confession musulmane sur deux[11]. Ignorer ces réalités, c’est ne pas vouloir entrevoir la réalité d’un antisémitisme multiforme, qui s’actualise et s’adapte et est attractif dans notre société[12].
2) Pour une partie de la gauche, l’antisémitisme serait moins un problème que le racisme, selon Philippe Marlière, professeur de sciences politiques à l’University College de Londres[13]. Et, il me semble que son analyse est juste. Je le cite : « Une hypothèse (corroborée par la lecture de multiples commentaires sur les réseaux sociaux et d’échanges personnels avec des dirigeants et sympathisants de gauche, notamment de LFI) : pour une partie de la gauche,l’antisémitisme est un racisme “mineur” comparé aux racismes “majeurs” tels l’islamophobie ou la négrophobie. Dans l’inconscient de certains dirigeants et sympathisants de gauche, les Juifs ne sont pas victimes d’agressions racistes car ils sont “blancs”, socialement bien intégrés et économiquement aisés. »
Or, ces considérations militantes et subjectives par ailleurs teintées de clichés sont balayées par la connaissance que nous avons des actes antisémites.
En 2019, 687 actes antisémites sont comptabilisés[14]. Les Français juifs, qui représentent environ 0,67% de la population, ont subi 41% des violences physiques racistes commises en France.
En 2021, 589 actes antisémites sont recensés, soit une augmentation de près de 75% par rapport à l’année précédente. Les violences physiques ont augmenté de 36% comparativement à 2020. Et, selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur, 73% des actes racistes portant atteinte aux personnes sont dirigés contre des Juifs[15].
Cependant, les chiffres de l’antisémitisme ne sont que la part la plus visible d’un phénomène beaucoup plus large, beaucoup plus vaste, beaucoup plus complexe et qui a pour nom l’antisémitisme. Or, l’antisémitisme ne se résume pas aux seules actions violentes et menaces qui sont commises, tout aussi importantes soient-elles. Il faut compter également avec la haine qui s’exprime contre Israël. Nous savons qu’Israël focalise tout un imaginaire conspirationniste. Mais, cet antisionisme est difficilement quantifiable.
Il faut aussi compter sur le fait qu’en 2020, la pandémie de Covid-19 a suscité un déferlement de propos antisémites. Les réseaux sociaux sont les vecteurs d’accusations multiples. Là, des individus, des groupes/groupuscules délirants, diffusent et relaient des rumeurs, des informations erronées, mensongères et trafiquées afin d’attiser la peur, tout en désignant des boucs-émissaires. Des groupes alimentent régulièrement leurs comptes injurieux en les saupoudrant de théories complotistes. Mais, en temps de Covid, ils s’adaptent et adaptent leurs accusations récurrentes, à des fins stratégiques. Là encore, ces propos sont difficilement quantifiables, ils ne font pas l’objet de statistiques à part entière.
Enfin, il faut aussi compter sur la survivance de stéréotypes et de préjugés. Globalement, les sondages récents démontrent que si « les Français considèrent massivement que les Juifs sont bien intégrés », plus d’un sondé sur deux (56%) estime qu’ils ont « beaucoup de pouvoir », ou qu’ils sont « plus riches que la moyenne des Français[16]. » En novembre 2018, une étude réalisée par le sondage ComRes pour CNN montre la prégnance des clichés antisémites en Europe. Ainsi, en France comme dans les autres pays de l’Europe, entre 24 et 28% des personnes interrogées estiment que « la communauté juive a trop d’influence à travers le monde » dans la sphère de la « finance et des affaires », un chiffre qui s’élève à environ 21% dans les champs politique et médiatique. En 2019, un nouveau sondage est publié par l’hebdomadaire Marianne[17]. L’enquête, réalisée par l’Ifop, montre que, même si une majorité de Français sont inquiets du sort réservé à leurs concitoyens Juifs, les stéréotypes antisémites sont encore très présents dans l’opinion. Ainsi, un peu plus d’un sondé sur quatre (27%) pensent que les « Juifs sont plus riches que la moyenne des Français » ; une personne interrogée sur cinq pense qu’ils « utilisent aujourd’hui dans leur propre intérêt leur statut de victimes du génocide nazi pendant la Seconde Guerre mondiale », qu’ils « ont trop de pouvoir dans le domaine des médias » et qu’ils ont « trop de pouvoir dans le domaine de l’économie et de la finance. » Au final, 27% des Français sont d’accord avec deux affirmations antisémites.
Ces violences ont un impact indéniable et encouragent le départ de Français juifs.
Ce sentiment d’insécurité conduit certains habitants à changer de quartier et les Juifs qui vivent dans le 19e, le 20e ou le 11e à Paris décident de quitter ces arrondissements pour aller vivre dans le 17e ou en tout cas dans l’Ouest de Paris et non plus à l’Est, parce qu’ils pensent y être en sécurité. Les pôles d’attraction se situent donc à Paris, notamment dans le 17earrondissement et dans ses banlieues Ouest comme Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) ou Sud, à l’instar de Vincennes et Saint-Mandé (Val-de-Marne). Strasbourg (Bas-Rhin) est aussi une destination privilégiée[18]. Cet exil non désiré – mais imposé par une haine implacable – est communément appelé « alyah de l’intérieur ».
Ajoutons enfin, qu’en France, entre 2000 et 2017, 55.049 Juifs ont fait leur alyah en Israël, soit plus qu’entre 1970 et 1999, période pendant laquelle 48.097 Juifs sont partis[19]. Ces chiffres s’appuient sur les données de l’Agence juive, chargée d’accompagner les candidats à l’alyah (Olim). L’alyah avait explosé entre 2013 et 2016. Au plus fort de la vague, près de 8.000 Juifs de France avaient décidé de s’installer en Israël. Mais, l’alyah connaît des fluctuations, à la hausse ou à la baisse, souvent liées aux perspectives économiques en Israël et à des difficultés d’intégration.
À la baisse donc en 2018, 2.600 Juifs français sont allés s’installer en Israël, ce qui représente une baisse de 25% par rapport à 2017.
À la hausse, justement, en 2020, 1.000 demandes d’ouvertures de dossier ont été effectuées en mai 2020 contre 275 l’année précédente à la même époque. Soit une hausse de 400% !
Bref, celles et ceux qui à gauche considèrent que l’antisémitisme est un racisme « mineur » se trompent lourdement. Ils ignorent les données, les statistiques et les faits.
3) La diabolisation d’Israël est un vrai problème, elle se répand de plus en plus au sein de la gauche. Généralement, les chiffres des actes antisémites, lorsqu’ils sont en hausse, correspondent à la répercussion d’un conflit lointain qui oppose les Israéliens aux Palestiniens – alors que ce conflit se déroule à près de 4.000 kilomètres de notre pays. Or, dans la France des années 2000, l’hostilité à l’endroit des Juifs s’est développée chez les jeunes ou les moins jeunes qui s’enflamment pour la cause palestinienne, ont un discours déstructuré et passent très vite de l’antisionisme à l’antisémitisme, d’Israël aux Juifs. À moins qu’il s’agisse d’un « nouveau lumpenproletariat, issu de l’immigration, endoctriné à la haine des Juifs et plus largement de l’Occident », comme le suppose le philosophe Pierre-André Taguieff[20] ? Plutôt, ces jeunes ne sont-ils pas motivés par une haine implacable des Juifs pour s’en prendre ainsi à des cibles juives (écoles, lieux de cultes, magasins, particuliers, etc.), tout simplement ? N’y a-t-il pas finalement dans cette rage antijuive, une culture de l’antisémitisme ?
Conclusion provisoire
Les trois points que nous venons de développer ici montrent l’étendue du problème. La gauche fut considérée autrefois comme un rempart contre l’antisémitisme. Force est de constater que ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Une partie de la gauche marque une certaine indifférence à l’égard de l’antisémitisme, ou tout au moins, marque-t-elle une certaine distance. Cette distance n’est pas compréhensible et l’indifférence est coupable.
La gauche manque d’empathie à l’égard du ressenti qu’éprouvent les Français de confession juive. Les ponts ont été coupés et de nombreux Français de confession juive estiment qu’il n’est plus possible d’entretenir un dialogue fécond avec la gauche – tout au moins, avec les insoumis et les communistes – et d’exprimer son ressenti. Ces incompréhensions provoquent un malaise et un sentiment d’abandon. Il est vécu douloureusement ou avec colère.
Quelquefois, soit par clientélisme et pour ne pas déplaire à quelques-uns de leurs électeurs, soit par conviction profonde, la gauche extrême se laisse happer, si ce n’est submerger, par un antisionisme militant, combatif, hargneux, haineux. Cela accentue le malaise, car les Français de confession juive vivent difficilement les mots accusateurs et les phrases assassines qui quelquefois sont prononcées ici ou là.
Alors ? Le divorce est consommé entre la gauche et les Français de confession juive. Beaucoup y lisent et y voient, une trahison. Et, hélas, dans le cœur des Français de confession juive, la gauche a vécu.
Marc Knobel est historien, il a publié plusieurs ouvrages dont L’Internet de la haine (Berg International, 184 pages). Il publie chez Hermann en 2021, Cyberhaine. Propagande, antisémitisme sur Internet.
[1] Pierre-André Taguieff, « “Israël-apartheid” : une opération de propagande islamo-gauchiste, ou l’introduction de l’antisionisme radical dans l’Assemblée nationale », La Revue des deux mondes, 9 août 2022.
[2] https://twitter.com/MathildePanot/status/1555896724769619969
[3] https://twitter.com/Clem_Autain/status/1556201084791787520
[4] https://il.ambafrance.org/Declaration-de-la-porte-parole-du-ministere-de-l-Europe-et-des-Affaires-14698
[5] https://twitter.com/HalaAbouHassira/status/1556025629165977601
[6] https://twitter.com/CaronAymericoff/status/1555915164473384961
[7] https://twitter.com/CaronAymericoff/status/1556957845047885826
[8] Voir sur ce sujet, Marc Knobel, « Parle-t-on trop du conflit israélo-palestinien ? », La Revue des deux mondes, 13 juillet 2022.
[9] https://twitter.com/MathildePanot/status/1554478926709276677
[10] Fondapol et American Jewish Commette, Radiographie de l’antisémitisme en France, édition 2022 : https://www.fondapol.org/etude/radiographie-de-lantisemitisme-en-france-edition-2022/#:~:text=Cette%20radiographie%20de%20l’antis%C3%A9mitisme,li%C3%A9e%20%C3%A0%20leur%20appartenance%20religieuse.
[11] Idem.
[12] Idem.
[13] Philippe Marlière, « Cette gauche que l’antisémitisme indiffère », L’obs, 4 août 2022.
[14] Depuis plusieurs années, le service central du renseignement territorial (SCRT), qui dépend du ministère de l’intérieur, suit l’évolution des actes racistes, grâce à des synthèses chiffrées, comptabilisant les « actions » (homicides, attentats et tentatives, incendies, dégradations, violences) et « menaces » (propos, gestes menaçants, démonstrations injurieuses, inscriptions, tracts et courriers). Ces données sont croisées avec les signalements centralisés au ministère de l’Intérieur, ils émanent des différents services de Police sur le territoire français. Elles sont ensuite croisées avec les signalements transmis par le Service de Protection de la Communauté Juive (SPCJ). Ces synthèses chiffrées comptabilisent les actions et les menaces qui ont fait l’objet d’une plainte ou d’une main-courante auprès des services de Police.
[15] « Rapport sur l’antisémitisme en France en 2021 », Service de Protection de la Communauté Juive, 2021. https://www.spcj.org/communique-spcj-raa-2021.
[16] En 2015-2016 et durant 18 mois, l’Ipsos enquête sur le « vivre ensemble » en France. Et plus particulièrement sur la façon dont sont perçues les communautés juive et musulmane. L’étude, qui a été commandée par la Fondation du judaïsme français (janvier 2016), révèle surtout le sentiment de défiance qui traverse notre société.
[17] Soazig Quéméner, « Des préjugés toujours ancrés », Marianne, 22 au 28 février 2019.
[18] https://www.leparisien.fr/societe/antisemitisme-obliges-de-demenager-parce-que-juifs-24-02-2019-8019558.php
[19] Marc Knobel : « L’Europe va se vider de ses Juifs. En France, 60 000 sont partis en dix ans », Le Monde, 29 mars 2018.
[20] « Taguieff : ces islamistes malades de la haine des Juifs », Le Point, du jeudi 11 octobre 2012, pp. 36-37.
Il existe des nazis russes qui sont autant de corps étrangers aux nazis canal historique que purent ou pourraient l’être les hauts dignitaires ou simples grouillots de la Révolution nationale, du mouvement Rex, des Oustachis ou d’Aube dorée. Staline en fut-il ? Selon mes sources, le liquidateur de Léon Trotski hérita, puis verrouilla, d’aucuns diront qu’il pervertit une idéologie totalitaire égalitariste dont l’instauration du régime visant à sa propagation avait précédé l’arrestation et l’incarcération du futur rédacteur de Mein Kampf chez qui, est-il besoin de le rappeler, le concept d’égalité ne s’accordait pas avec l’aspiration à (r)établir sur terre une race supérieure.
Poutine cherche à réduire ses voisins ukrainiens à ceux de leurs aïeux soviétiques et non moins enracinés dans une chrétienté victimaire, amniotisée de marialisme protecteur et vengeur, détestateur en cela du bouc émissaire — autre concept détourné de son sens premier ou second — présenté aux sujets d’un Empire sans limites par une Rome qui avait crucifié les premiers chrétiens à tour de bras, j’entends par là aux citoyens de la république socialiste soviétique d’Ukraine qui, pourquoi nous le cacherions-nous, avaient accueilli en libérateur l’envahisseur allemand et, comme partout ailleurs en Europe, enfin, avec un supplément d’entrain tout de même, allaient mettre la main à la pâte cannibale de la Shoah par balles : quand on aime, on ne compte pas, or la haine est aussi éloignée de l’amour que l’Hymne des Marseillais en sol majeur orchestré par Berlioz l’est de son sifflotement en do # majeur par un braillard nationaliste dépourvu d’oreille.
Poutine se magnifie sous les traits d’un libérateur d’Auschwitz et continue de s’aveugler lui-même en désignant à la vindicte crépusculaire une Europe sous influence américaine, créature supposée de la même Bête immonde dont nous, le peuple planétaire issu de l’après-seconde-guerre-mondiale, avons été éduqués dans l’idée que nous n’aurions plus de plus haute mission que celle d’en protéger l’humanité… savoir contre elle-même, — les travailleurs de la paix n’auraient d’autre choix que d’unir et leurs États et leurs nations pour vaincre cette Bête autorésurrective en la tuant de nouveau, ou plutôt en parvenant à la refouler au tréfonds d’elle-même avant qu’ils ne l’enferment en QHS psychique, sous le contrôle d’un esprit de responsabilité conscient des droits et devoirs de chacun envers un dèmos investi d’un pouvoir dont l’absoluité n’a d’égale que la précarité.
Si le maître du Kremlin ne peut pas être le planificateur du génocide d’un peuple qu’il considère comme partie intégrante du sien, il ne se privera pas de recourir aux méthodes d’un exterminateur averti pour délivrer sa Petite Rus’ du Juif qui lui a pris la tête ou d’armées collaborationnistes menaçant les Russies d’aujourd’hui comme, jadis, les forces de l’Axe avaient contraint des australoïdes à éventrer d’autres australoïdes, des mongoloïdes à carboniser d’autres mongoloïdes, des caucasoïdes à noyer d’autres caucasoïdes. Voilà pourquoi il est urgent que nos dirigeants ne se trompent pas d’ennemi ni, ce faisant, sur la nature de cet ennemi. C’est aussi la raison pour laquelle nous réaffirmons que, dans le grand théâtre des cruautés contemporaines, la Russie n’est pas le Troisième Reich du XXIe siècle car, aussi extravagant que cela puisse nous paraître, lorsqu’au siècle prochain, l’on se penchera sur la sombre période dans laquelle nous commençons de nous engouffrer, force sera de constater qu’à l’époque, le bloc civilisationnel qui était identifié avec le Reich nazi et traité comme tel, c’était à l’évidence, le nôtre et aucun autre.
Le Troisième Reich c’est nous, dans la tête de Poutine et des siens, — ceci ne dépend pas de nous, mais nous concerne passablement tout de même.
L’Ukraine n’est pas happée par la centrifugeuse démonique d’un État génocidaire, mais par celle d’un État prêt à mettre tout, donc, n’importe quoi en œuvre pour libérer notre planète d’un p… d’Empire du mal. De même que le génocide du peuple allemand ne fut jamais envisagé par les Alliés alors même que leurs troupes valeureuses, bien que juvéniles et majoritairement inexpérimentées, franchissaient les heures les plus rudes du conflit mondial les opposant aux forces de l’Axe, de même aussi, ce n’est pas notre extermination que nous concocte Little Staline depuis son abri anti-atomique mais, comme de juste ou presque, le renversement d’un régime, la destruction d’un système, la fin d’un monde en tant qu’idéal, modèle de civilisation. Nous devons donc nous préparer à combattre notre double — « Notre double, ce suprémaciste ? cet ultranationaliste ? ce pan-nationaliste ?! » — sans pour autant nous regarder dans le miroir qu’il nous tend, ni le défigurer lui-même au-delà de sa propre transfiguration fantasmagorique. Trop alambiqué ? Trop abstrait ? Trop fêlé ? Alors, pardon mais, pour le coup, on est vraiment mal barré.
C’est à la gauche – surtout israélienne et française – qu’on doit la résurgence de l’antisémitisme des années trente!