Avec quel vertige le théâtre nous emporte
Vers le périple de l’hallucination
Traversant des labyrinthes
Au son des plus vibrantes traviattas
En des scènes exponentielles
Multipliées instantanément
Grâce au fils de Dumas
Le père des camélias
Avec quel décor le théâtre
Sur des galaxies Rostand
Et des Ophélies de Hamlet
S’élèvent jusqu’au ciel
Au son des claquettes d’Offenbach
Entre panique et éclats
Impossible de tout voir
Tout défile à grande vitesse
Sur la scène de Tchekhov
Ou sous le microscope de Feydeau
Qui rit à gorge déployée
Des pierres plus que précieuses
Et des miroirs en caoutchouc
Font des bonds sur la lune
Des kaléidoscopes de rhinocéros
S’ouvrent aux solitaires d’Ionesco
ou aux zoos d’Edward Albee.
Des anges humains
Murmurent tout près de nous
Les sourds sur leurs cymbales
Jouent la symphonie de l’Eden
De Claudel à Courteline
La Poésie voyage-t-elle avec nous ?
Au-dessus ou au-dessous ?
Derrière nous ou à nos côtés ?
En haut ou en bas ?
Transversalement ?
Ou arrabalaïquement ?
De Vigny à Marivaux ?
Elle nous suit une seconde
Puis s’éloigne inexorablement
Nous rêvons tout heureux
Montés sur une vache de météorite
De Labiche à Bertolt Brecht
La course se précipite
Avec la scène et ses accessoires
À califourchon sur Strindberg
Nous sommes en proie au tournis
Sans pouvoir nous redresser
De Dario Fo à Euripide
Aristophane et Anouilh
Tels des rayons supersoniques
Surgissent de couloirs occultes
Prisonniers de leur folie
Nous nous embrasserons tous
Tout au fond du firmament
Parmi des cataractes de sable
De Beckett à Pirandello
Se tordant franchement de rire
Feydeau & Victor Hugo
Dali & Pablo Picasso
Volent à bord d’une fusée
Leur perfusion d’oxygène
Fixée au bout de leur nez
Nous rions avec les séraphins
De Vaché à Alfred Jarry
Les pataphysiciens du chœur
Du plus moderne des collèges
Chantent si fort
Qu’on – peut mastiquer
L’écho d’Arthur Miller
Nous-mêmes apparaissons
Et disparaissons
Sans pouvoir reconnaître
Ni Eschyle ni Cocteau
Dieu nous avale et nous recrache
Sous son bonnet de carnaval
Vers nos véhicules supersoniques
Nous nous posons dans sa main
Et dans celle d’Henrick Ibsen
Il va se passer quelque chose
D’encore plus prodigieux
Lorsqu’une voix
Murmure doucement :
-fernando arrabal, comment allez-vous ?
Je reconnais le Théâtre
Et j’atterris !
Ou je rêvais ?
Ce serait pour la France commettre un autre suicide, au sens où celui-ci se révélerait autrement plus complexe à déjouer, que de persuader un Juif que le statut des Juifs concernait, en octobre quarante, les seuls Juifs étrangers, ou qu’en recensant les Juifs de manière parfaitement indistincte en vue de je ne sais quelle abomination qui se tramait en haute sphère, on aurait cherché à en protéger les deux tiers quand, au lendemain de l’opération Torch, suite à l’invasion de ladite Zone libre, on attendra longtemps un signe de désolidarisation idéologique de la part de l’État français vis-à-vis d’un Troisième Reich au sein duquel les élites politiques, culturelles et cultuelles aryennes avaient vite appris à avancer dans leur carrière professionnelle.
Vous me direz que le sort des Juifs n’intéressait alors que très moyennement les Alliés… et vous me coinceriez, si j’oubliais que ce sont eux qui, au bout des comptes, libéreraient nos ancêtres des griffes de la Bête immonde, et de ses parasites.
Le légiste bipolaire de la France suicidaire offre une chance inédite à l’échiquier d’un monde d’après dont la mémoire est suffisamment caviardée pour inciter ses tendances lourdes à noyer l’idéogramme bad painting avec lequel chinoisent leurs signaux faibles.
En postulant l’existence d’une liaison covalente entre deux réalités présentées comme historiques, celle d’un pétainisme de combat, résistant, non-collaborationniste, qu’il faudrait combiner avec l’autre tabou d’une islamisation globale orchestrée par la nébuleuse djihadiste à travers l’instrument de conquête des flux migratoires, la France n’a d’autre choix que d’honorer uniment ces deux thèses par une validation simultanée, ou de les nier en bloc.
Dans un cas comme dans l’autre, elle se commet dans l’obscénité d’une réécriture partielle de l’histoire propre à satisfaire ses maîtres chanteurs les plus chevronnés qui, pour les uns, ne consentiront à combattre le néofascisme islamiste qu’après qu’on les aura laissés réhabiliter le héros de Verdun, ou pour les autres, conditionneront le bannissement de la Révolution nationale à la banalisation de la Révolution islamique.
P(isse-vin de mes)-S(e) : Le roi Zemmour et ses faiseurs sont les deux bonifaces d’une même stratégie, cuisante et inconsciente de ce qu’elle nous mijote sous couvert d’une supposée assuétude à la marinade de rat, diagnostiquée chez les 67 M.
Non, Pétain n’a jamais livré aux Allemands les Juifs étrangers dans le saint dessein de sauver la vie à ses compatriotes de confession ou d’origine juive.
Ces derniers ne furent qu’incidemment épargnés par l’armistice du 22 juin 1940, eu égard à la citoyenneté que le trop immense Napoléon Ier leur avait accordée, — on ne détricote pas sans risque ce qu’un empereur de France a promulgué, or le courage moral est une vertu que l’on ne prête guère aux collaborationnistes d’un vitrificateur des droits fondamentaux.
Voilà pourquoi les Juifs d’Algérie ne bénéficieront pas d’un bouclier antinazi qui, de fait, n’a jamais existé sous la férule irrésistante de la Révolution nationale.
Faire d’un État français qui, pour la période au cours de laquelle il se doterait du régime le plus inhumain de son histoire, participerait activement à la Solution finale, un État protecteur des Juifs, est un délit de négationnisme patenté qui, en l’espèce, tombe sous le coup de la loi.
Diable ! me voilà pris d’un besoin pressant de dissiper tout malentendu, après m’être hasardé à relever mon réquisitoire d’une touche d’ironie en expliquant, par son défaut de vertu caractérisé, la réticence de Pétain à étendre la déchéance nationale à des Juifs de métropole dont il savait qu’ils pouvaient compter sur le soutien militant de la France dreyfusarde.
En allant déterrer l’Excalibur des résistants de la dernière heure, les compagnons de l’Illibération n’auront aucun mal à débusquer dans son terrier un maquisard de premier ordre pour conforter la thèse dont ils distordent le dévoiement originel.
Nous ne les avons pas attendus pour consentir à comprendre qu’il n’y avait pas d’autre forme de coup d’arrêt à la nazification française, après une demi-décade de formation continue en dératisation des villes et des champs, qu’une réunification mythologique des deux faces d’une nation fratricide où Charles de Gaulle, loin d’être déclaré ennemi n° 1 par Berlin, l’avait bel et bien été par Vichy.
Cinquante ans après la capitulation allemande, les Français étaient-ils mûrs pour se prendre la vérité en pleine poire et en extraire un jus de conscience à partir duquel se reconstruire à travers un avenir national fécond, loyal vis-à-vis de leur autre moi ?
Les nationaux-révolutionnaires essaient de nous faire avaler que l’ex-ambassadeur de France en Guernica, ratificateur de la paix franco-nazie et durcisseur de la loi portant sur le statut des Juifs, avait en tête de sauver ses concitoyens israélites lorsqu’il prit la décision de sceller son destin funestement glorieux à celui d’un vulgaire naufrageur des civilisations.
En se badigeonnant un fond de bonne conscience pour mieux justifier leur ambition d’expulser un nombre croissant ou décroissant de migrants illégaux dont ils devraient se donner pour mission de hâter la désassimilation méta-impérialiste, ils donnent de leur eau sale au moulin reptatif du djihadisme protéiforme, sans parler du profit déconsidérable que sauront en tirer Ducon et Ducon, enquêteurs à la manque se montrant incapables de détecter l’objet du délit de blasphème contre la vérité des faits, en d’autres termes, l’effet né faste d’un faisceau d’indices préfabriqués à l’intention d’attirer l’attention de l’acommunauté infranationale sur telle ou telle fraction d’anthropologie immanentale victime desdits préparatifs d’une Shoah à bis, voire d’une Shoah dont la fractalisation s’avérerait être inexorablement en cours, occultée a fortiori par une autre guerre mondiale, quand ce n’est pas une Shoah consommée, avant qu’on ne l’eût enfouie entre les lignes d’un manuel d’histoire désorienté par le prisme néocolonial des exploiteurs de la main-d’œuvre des pays en voie de sous-développement.
P.-S. : Notre combat pour la liberté de conscience ne se limite pas, hélas, à la seule défense des libertés individuelles, mais doit nécessairement s’étendre à leur universalisation qui, si elle ne va pas sans imposer une réforme de la législation internationale concernant l’application, non pas du droit des gens, mais des droits de l’homme par ces gens mêmes, entre membres d’une même nation comme avec leurs congénères étrangers, requiert une campagne à tout le moins mondiale d’éducation aux premiers principes des Lumières. Or le monde, ça commence au coin de la rue, au seuil de la porte, voire sous son propre toit. Pour défendre la liberté de conscience, faut-il encore qu’une conscience embryonnaire, on s’en contenterait, puisse faire l’objet d’une privation de liberté.
P.-S. du P.-S. : La DCA antilittéraire nous repousse à nous mettre en abyme par une autojustification sans fin en forme d’explication d’explication de texte. Nous survolons ses tirs de catapulte, confiants dans la confiance de nous accordent et que nous accordons à nos chers Compagnons de l’ultime Libération avec lesquels nous restons bien perchés, sur le seul et unique toit du seul et même monde.
Finky avait eu la très bonne idée d’aller se colleter avec Zemmour en vue de neutraliser, par la preuve irréfutable d’un contraste favorable, ce procès en néomaréchalisme qui, disait-on, n’avait pas épargné son esprit, trop fin à l’évidence pour franchir le ground zero du nivèlement multiculturel suite au passage du cautère de l’apensée woke sur la patte folle de notre civilisation.
Pari gagné, du moins pour quelques semaines… avant que nos exaspérants exaspérés ne trouvent, sans avoir à se baisser davantage, un énième faux pas qui suffirait à rediaboliser leur maître incontestable pour prétendue complicité de pédocriminalité.
Bonne chance à Manuel Valls pour le renforcement de son destin national, mais bon ! qu’il nous pardonne de ne point attendre pour le mettre au parfum.
Car depuis son départ, l’eau a coulé la gauche républicaine sous le pont festiviste du Grand Retournement.
Il n’y a plus, aujourd’hui, deux gauches irréconciliables, là où à aucun angle du PIR de l’État social ne règne plus le moindre esprit républicain reconnaissant, c’est-à-dire apte à reconnaître comme l’un des siens le chef du gouvernement de moyenne, j’allais dire médiocre, résistance de 2015, — une médiocrité dont nous nous contenterions, et pour cause ; nous contracterions à son endroit une dette éternelle, — sauf qu’après avoir dû manger son homburg virtuel, notre Churchill barcelonais aura beaucoup du mal à nous prouver que la fronde qui aurait finalement raison de lui, se limitait alors aux bancs de l’Assemblée nationale.
Macronisez-vous, grand chef !
Entrez dans la danse du clivant déclivage !
La République c’est vous, et quelques autres, que l’on retrouve parfois dans la botte de foin de l’exécutif, ou éparpillés ailleurs, mais au fait…
Quel est le nombre exact de justes qui, d’après le Talmud, suffirait à sauver le monde ?