Fini le doute. Passé la curiosité. Plus de place à la circonspection ou à l’attentisme. Ce qui est à l’oeuvre sous nos yeux ébahis, à quelques heures du moment le plus solennel de la vie démocratique de notre pays, est à peine croyable.
Un attentat est dirigé sur l’élection présidentielle par ce piratage géant. Nous pensions l’élection menacée par d’autres types d’actions violentes. Le dernier coup, et peut-être le plus sérieux, aura été porté par l’extrême droite.
Une chose est sûre: les #Macronleaks , ce recel de documents volés, mélangé à des faux relayés par de faux comptes sur les réseaux sociaux accablent bien plus ceux qui l’ont organisé que celui qui est visé, en l’occurence Emmanuel Macron qui devrait selon toute vraisemblance être élu Président de la République dimanche.
L’instigateur du fric-frac a été identifié. Il s’agit de Marine Le Pen. Le moment choisi pour le déclenchement de cette opération de déstabilisation n’est pas anodin: 5 secondes du débat présidentiel où la candidate du FN invente une accusation sur l’existence d’un compte au nom d’Emmanuel Macron aux Bahamas; accusation aussitôt relayée sur internet par ses soutiens et ses réseaux. Le signal était donné. Le reste n’allait pas tarder à venir.
Concomitamment à la trêve durant laquelle, Monsieur Macron, ses soutiens ou son mouvement sont interdits de parole, nous apprenons le vol de données dont il a été victime et leur diffusion par internet, mélangées à d’autres fausses informations.
Il est établi que ceux qui ont organisé ce vol sont les mêmes sites, financés par les amis de Monsieur Poutine (lui-même sponsor en chef de Madame Le Pen), qui avaient pillé les données du parti démocrate et influencé la campagne américaine au profit de Monsieur Trump. Ne cherchez même pas les receleurs du larcin, vous verrez notamment que chez le gentil Monsieur Philippot et les plus proches cadres du FN, on relaie en masse cette bouillie infâme en faisant mine de ne pas y toucher.
Impossible de dire l’influence de ce coup d’Etat numérique sur le vote de dimanche. Souvenons nous seulement qu’«Ali Juppé», troll informatique de l’extrême droite, a eu raison d’Alain Juppé pourtant donné largement favori dans les sondages de la primaire des Républicains.
Les enseignements immédiats à tirer de cette affaire sont néanmoins immenses.
Nous n’osions plus écrire, tellement le terme était usé, que le FN était un parti fasciste. Pourtant, alors que Madame Le Pen se croit perdue, après qu’elle a été défaite devant 15. 000.000 français, ses amis tentent le tout pour le tout par la triche et le grand bluff.
Voyez! Une vilaine et véritable tentative de coup de force: la manipulation du scrutin démocratique par la divulgation de fausses nouvelles à deux jours du vote! Soyons plus clairs. Ici on trompe, on détourne et on capte l’expression du peuple.
Il n’y a, dans le temps imparti, aucun recours qui serait efficace. Le coup est parti de tellement bas qu’il est imparable. Chacun à sa place doit dénoncer cette rapine; du moins ceux qui ne sont pas interdits d’expression. Et il convient de serrer les dents et les rangs jusqu’à la proclamation des résultats et de faire échec, par le vote, à cette conjuration. Il n’y a que le suffrage qui protège la démocratie. Plus une minute ni une voix à perdre: AUX URNES!
Macron souhaite une recomposition. Il lui faut pour cela décomposer et la droite et la gauche dont le rétablissement instinctuel l’empêcherait d’obtenir cette majorité ni droite ni gauche sans laquelle il pense ne pas pouvoir gouverner la France durant les cinq prochaines années. Le tout pour le Tout est qu’il soit en situation de mettre en œuvre son programme et rendre à son pays une République en état de marche. Le hic, c’est qu’on ne recompose rien avec des organes en état de décomposition. Macron souhaite rassembler des forces de droite et de gauche. C’est la raison pour laquelle il se dit ni de droite ni de gauche. Car il n’est pas de droite pour la gauche ni de gauche pour la droite. En fait, Macron est un social-libéral (pour les penseurs de la droite) ou un libéral-social (pour les penseurs de la gauche). Il n’a jamais conçu le désir de rapprocher la gauche républicaine et la droite républicaine en vue de constituer un parti qui, d’une manière plus franche, pourrait s’appeler le Front républicain et condamnerait les citoyens viscéralement républicains à voter pour lui jusqu’à la fin des temps pour contrer l’avènement redoutable et redouté d’un Front totalitarien. Il ne l’a pas fait car ce qu’on appelle communément la droite de la gauche n’est, et c’est là que son intuition est juste, ni la droite ni la gauche, mais le centre gauche; car ce qui généralement se voit attribuer le disqualificatif de gauche de la droite est en définitive le centre droit. Macron a donc en tête de coaliser au centre avec des centristes qui s’ignorent. À eux et à eux seuls, les centristes des anciens grands partis de gouvernement de la République bipolaire, il appartient de sortir (la démocratie) de l’ambiguïté. À eux de comprendre de quel bois ils se refroidissent. Le fait qu’ils se sentent, les uns plus compatibles avec la gauche, les autres avec la droite, ne les empêche pas et les uns et les autres d’être violemment incompatibles avec ce qui fait droite ou gauche, c’est-à-dire ce qui fait qu’on se sache pas-de-gauche ou pas-de-droite, autrement dit, ni de gauche ni de droite, ça ne vous rappelle rien?
La paix civile se scelle par l’aptitude des mouvements politiques, réplicants non suprémacistes des castes féodales de l’Ancien Régime, à transcender leurs différences d’histoires, de bilans et de perspectives. La macronisation des esprits veillera donc à se présenter comme témoin de l’unité républicaine plutôt qu’en instrument de conquête prosélyte. La réussite d’Emmanuel Macron dépendra de sa capacité à inspirer ses opposants, à leur imposer de nouveaux comportements entre eux, et incidemment, avec lui. Je dirais que sa réalité dépend de l’étendue de son rayonnement pédagogique. Ceci étant posé, se réjouir de l’état de décomposition des courants de pensée sociaux et libéraux de son propre pays alors qu’on tenterait d’opérer la fusion des acquis que ces derniers nous ont légués serait une manière de piétiner la logique du progrès qui nous fonde. Je n’aurais aucune difficulté à me déclarer plus proche de la République en marche que d’un parti enraciné dans une forme de socialisme dont j’exècre le père fondateur, pour peu que le parti en question en arrive à succomber à la tentation fondamentaliste, mais je demande des gages de bonne tenue au dèmos en colère. Je lui demande de ne pas concéder à notre pluralisme en voie de disparition la seule et unique planche de salut d’un zoo d’autocrate.
Contrairement aux artisans de la recomposition, nous ne percevons pas la substitution au clivage gauche/droite opérée par le match Républicains/Légitimistes comme étant un signe d’excellente santé mentale pour notre République. L’union sacrée se justifie face à une menace existentielle du genre de celle que représente l’invasion d’un pays par des forces armées. La disparition d’une opposition soucieuse d’enseigner dans le texte le génie de l’État de droit induirait, en l’espèce, non pas l’ascension du Front national au rang de première force d’opposition, mais, ce qui aurait des conséquences beaucoup plus graves sur l’avenir de notre démocratie, la domination culturelle effective de la Révolution nationale en tant que fournisseur attitré de notre préconscient collectif. Nous n’en voulons pas. Les fascistes doivent être éjectés de l’échiquier républicain. Quant aux antifas, leurs derniers avatars étant pour la plupart issus des organes révolutionnaires rouge-brun et vert-brun, les forces antitotalitaires les auront dans leur collimateur jusqu’au retour tant attendu de la Pax Republicana.
REM TRIPA : Il serait malencontreusement totalitaire que les Républicains, agacés par le Macron de gauche, soient, sous l’effet d’un progressisme mal digéré, poussés dans les pattes antérieures de l’apatriote Le Pen, ou que les socialistes irrités par le Macron de droite, accusés de faire le jeu du Front national en refusant de se mettre En Marche le doigt sur la couture du pantalon, aillent grossir le banc de touche des «in» soumis.
Être, et demeurer, évidemment, à la hauteur de l’événement. Le huitième président de la Cinquième République tient son homologue palestinien pour un dirigeant modéré et celui qui a pour mission de protéger les intérêts vitaux du peuple israélien (minorités non juives comprises) pour un leader de tendance dure. Nous l’appelons à préciser sa pensée. Abou Mazen est-il un terroriste modéré, ou bien un grossmuftiste modéré? Prions pour que le chef de notre démocratie pluraliste ne se révèle pas trop tardivement atteint du syndrome de Stockholm, et ne poursuive ainsi ses tête-à-queue incessants jusqu’au fatal dérapage incontrôlé qui nous coûterait la vie, et, peut-être, davantage que la vie. Abbas est un modéré si on le compare à la totalité de ses prédécesseurs et successeurs potentiels réunis. Netanyahou est un dur par antagonisme avec le Premier ministre israélien de nos rêves, celui qui s’allongerait devant les armées de Napoléon Médiapart et leur étourdissante solution à un État et demi et un demi-État. Ironiquement, si la structure mentale de Benyamin Netanyahou parvenait à imprégner tout l’organigramme de l’exécutif palestinien, la paix régnerait comme par magie sur la Terre x fois sainte. À l’inverse, au moment même où celle du dictateur de Ramallah nidifierait au Beit Aghion, nous aurions à déplorer le premier holocauste nucléaire du XXIe siècle.
Délire complet s’agissant d’une origine russe à cette fuite (sans parler d’une implication de Poutine). Tout le monde sait dans le milieu de la sécurité que l’équipe digitale de Macron est en dessous de tout.