Au Palais-Bourbon, un député brandit un livre, publié quelques années plus tôt, par un écrivain entré, depuis en politique. Le député lit quelques lignes qui soulèvent des cris d’indignation. Il dénonce cet éloge de la perversion et de l’immoralité. Cette intolérable attaque contre les valeurs est un appel à la débauche, et, c’est bien sûr, une incitation à tous les comportements licencieux, à l’inceste et à la pédérastie.
L’auteur du livre, l’homme que l’on traque, que l’on insulte, c’est Léon Blum. Le député qui éructe face à lui, c’est Xavier Vallat.
Léon Blum a publié un petit livre d’avant-garde, une critique de la famille bourgeoise et de sa morale hypocrite. Un texte tout à la fois marxiste et libertaire, annonçant la libération de l’amour.
Xavier Vallat concentre sa haine sur cette gauche nourrie d’une littérature décadente, le Surréalisme comme le juif Proust, cette gauche porteuse d’idées malsaines venues de la juiverie viennoise.
Plus tard, un autre écrivain entré en politique, ministre de la Culture d’un gouvernement de droite devient à son tour une cible de choix. Au cours de ses voyages en Orient, il s’est adonné à des plaisirs illicites et le récit qu’il en fait incite à fréquenter des établissements clandestins.
Ce ministre de la Culture attaqué sur sa droite est André Malraux. Le général De Gaulle s’est engagé dans la voie de la décolonisation. La vieille droite croit voir l’inspiration de Malraux sous la nouvelle politique gaulliste. Une bombe explose sur son pallier. À l’Odéon Théâtre national, André Malraux a permis la représentation d’une pièce de Jean Genêt. Des commandos attaquent la salle, et vocifèrent leur haine de Malraux, de Genêt et des pédés.
Dans ces années-là, Xavier Vallat, revient hanter la politique. Commissaire aux questions juives du gouvernement de Vichy, il a payé de quelques années de silence sa contribution à l’assassinat de 75 000 juifs. Il revient, il tonne contre De Gaulle, Malraux et… Mitterrand !
Nous sommes en 1965, Xavier Vallat espère prendre la parole à la Mutualité pour soutenir Tixier-Vignancourt. L’organisateur du meeting se nomme Jean-Marie Le Pen. La gauche, en ce temps-là, manifeste pour empêcher cette ignominie.
Ces bagarres sont mes premiers souvenirs politiques.
L’héritière de son père reprend, après lui, les accents de Xavier Vallat.
Elle veut abattre Frédéric Mitterrand, elle le poursuit de cette même haine vouée, jadis, à Léon Blum et à André Malraux.
Comme dans un cauchemar, j’entends Benoît Hamon, Manuel Valls, Patrick Bloche… D’autres encore. Des socialistes ?
Cette indignité ruine les fragiles espoirs d’un renouveau de la gauche.