Bernard Schalscha a très longtemps été engagé dans les rangs du trotskisme, plus particulièrement dans le courant dit « pabliste » (avis aux connaisseurs) dont il a été l’un des dirigeants. Il a rompu avec le marxisme en se rendant compte – bien tardivement, mais parfois on ne comprend pas ce qu’on sait pourtant déjà – qu’il n’aidait en rien à appréhender les raisons de l’extermination des Juifs d’Europe par les nazis. Dans la foulée il a eu le plaisir et l’honneur de se fâcher avec beaucoup de ses anciens camarades le jour où il leur a affirmé que, vu la place infinitésimale que l’extrême gauche en général et son propre groupe en particulier accordaient à la plus grande tragédie du XXème siècle, il considérait qu’à leurs yeux ce n’était finalement qu’un « détail de l’histoire ». Restant attaché au souffle de liberté qui a heureusement aéré la France en Mai 68, il s’est par la suite consacré pleinement aux combats pour les droits de l’homme, estimant qu’ils constituent une nécessité universelle et une condition absolue pour vivre dans des sociétés ouvertes, lesquelles ne sont pas réservées au monde occidental. Ancien « révolutionnaire professionnel », il a par la suite été journaliste (notamment à Libération et à l’émission Droit de réponse), ferrailleur, conseiller en communication dans un grand cabinet, guide pour touristes français en Europe centrale, traducteur… – tout en regrettant de ne pas avoir pu vouer pleinement sa vie au rock, auquel il est resté d’une fidélité absolue. Il a été très heureux de rejoindre La Règle du Jeu, qui lui avait à l’origine offert la possibilité de s’exprimer sur le Darfour et la Syrie, car il se sent chez lui dans la revue fondée par Bernard-Henri Lévy, pourfendeur du besoin de pureté et sachant distinguer origine et commencement.