Un suspect de la tuerie du 24 mai au Musée juif de Bruxelles a été interpelé vendredi à Marseille. Selon les premiers éléments de l’enquête, tout laisse penser qu’il s’agit bien de l’assassin à la kalachnikov qui a tué de sang-froid quatre personnes avant de réussir à s’enfuir. La police a trouvé dans ses bagages un fusil d’assaut, un revolver chargé, une caméra vidéo et du matériel informatique ; les premières analyses, dont on attend les résultats officiels très rapidement, ont fait dire aux enquêteurs qu’ils étaient en possession «d’éléments très probants». Ils ont également trouvé une pièce de tissu portant une inscription avec la signature de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), groupe affilié à Al-Qaïda, la plus radicale et violente des formations jihadistes qui sévissent en Syrie. Or il s’avère, selon la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), que le suspect y avait récemment passé de longs mois. A charge aussi contre lui : il a revendiqué ses actes, ainsi que l’a déclaré le procureur.
L’homme en garde à vue est un Français âgé de 29 ans, originaire de Roubaix, qui avait fait de la prison pour divers délits de droit commun. Il s’appelle Mehdi Nemmouche. On en saura plus dans les jours qui viennent sur les investigations policières, mais d’ores et déjà l’arrestation du coupable présumé appelle quatre remarques.
1/ Conformément à ce que redoutent les services spécialisés, les jeunes Européens qui partent combattre le bourreau de la Syrie Bachar el-Assad, non pour édifier une démocratie, ce qui était l’objectif initial de l’insurrection contre le régime baassiste, mais au nom d’un califat islamiste totalitaire, constituent des dangers absolus lors de leur retour. Leur haine vise systématiquement tout ce qui constitue les fondements du vivre-ensemble, et ils dénient tout particulièrement aux Juifs le droit à l’existence. Mohamed Merah, le tueur de Toulouse, avait été un premier révélateur de leur antisémitisme forcené.
2/ L’extrême droite conspirationniste, qui avait tenté de jeter le doute sur les motifs antisémites de la tuerie en laissant entendre que deux des victimes, de nationalité israélienne, pourraient bien être des agents secrets de l’Etat hébreu et qu’on avait sans doute affaire à un obscur épisode de guerre clandestine, cette extrême droite, à la manière d’un Soral ou d’un Tariq Ramadan, vient de recevoir une claque magistrale avec l’arrestation de Nemmouche. Les malades de la vision complotiste trouveront certes encore des centaines d’explications délirantes pour assouvir leurs fantasmes et brandiront de toute façon leur éternel complot sioniste comme causalité de la tuerie bruxelloise. Mais ils auront beaucoup plus de mal à convaincre les imbéciles susceptibles de les croire.
3/ Il faut combattre avec la plus grande fermeté toute campagne qui, prenant appui sur les origines du suspect, chercherait à cibler les populations issues de l’immigration arabe et les croyants de confession musulmane. Il n’est pas besoin d’être devin pour prévoir l’exploitation raciste que les milieux nationalistes – du Front national aux groupuscules identitaires – tenteront après l’arrestation de Mehdi Nemmouche. Une telle instrumentalisation serait une ignominie que les plus hautes sphères de l’Etat se doivent de prévenir dès maintenant par des déclarations sans concessions.
4/ Il est plus que jamais indispensable que les représentants du culte musulman s’expriment pour dénoncer les horreurs que commettent des ultra-intégristes se parant de l’islam pour assouvir leur haine. Il faut que des dizaines, que des centaines d’imams, il faut que des milliers et des milliers d’hommes et de femmes qui croient au Dieu du Coran crient «Pas en notre foi !». Pour s’opposer à cette «stigmatisation» de l’islam que les pécheurs en eaux troubles veulent voir à chaque coin de rue et dont ils essaient de bourrer le crâne des musulmans en France, pour s’y opposer avec la plus grande clarté, les musulmans doivent se démarquer des Nemmouche et autres Merah, ils doivent proclamer haut et fort leur rejet des brutes abjectes qui prétendent honorer Allah en s’en prenant, à Toulouse, Créteil ou Bruxelles, à des Juifs. Les musulmans ne peuvent pas accepter que leur religion soit ainsi monstrueusement défigurée et souillée.
L’auteur présumé de la tuerie de Bruxelles revenait du jihad en Syrie
par Bernard Schalscha
1 juin 2014
L’arrestation du Français Mehdi Nemmouche démolit l’intox conspirationniste et confirme le motif antisémite des assassinats.
Ca fait bien longtemps que nous souhaitons le cri, que nous l’implorons!! Et si encore pendant longtemps nous n’entendions rien? Ce pourrait être le point n°5??
Il est vrai que le silence assourdissant des communautés musulmanes, auquel s’ajoute l’adhésion, dans certains cas, aux thèses conspirationnistes, ainsi qu’un antisémitisme largement répandu, ne militent en rien pour éviter que ne soit ciblé l’ensemble des populations arabo-musulmanes.