Tout être normalement constitué et au fait d’un minimum d’actualités connaît aujourd’hui les Pussy Riot. Condamnées à deux années de détention dans un camp de travail pour femmes, les trois activistes ont évidemment fait les frais d’un procès hautement politique mais leur combat n’est pas resté vain pour autant. Plusieurs semaines durant, le puissant projecteur des médias du monde entier fut braqué sur Moscou. La Règle du Jeu vous a fait vivre le procès et les rebondissements de l’affaire Pussy Riot. Et nous continuerons à le faire, chaque fois que de nouvelles pièces s’ajouteront à la défense nécessaire de Maria Alekhina, Nadejda Tolokonnikova et Ekaterina Samoutsevitch, les trois jeunes femmes emprisonnées.

Aujourd’hui, à l’heure de l’embrasement de l’opinion pour d’autres causes – l’une chassant l’autre…– il convient de faire le point sur la situation russe et la situation des Pussy Riot. Il y a quelques jours, on apprenait par exemple une information sortie du radar médiatique global. Selon une journaliste de l’AFP, le député russe Guennadi Goudkov, un des organisateurs des manifestations de l’opposition contre le régime de Vladimir Poutine, s’est vu retirer son mandat parlementaire par la chambre basse du Parlement (Douma). Une sanction dénoncée par l’intéressé comme une « vengeance » ourdie par le pouvoir contre l’opposition. Durant une session de la Douma, 291 députés ont voté en faveur du retrait du mandat de M. Goudkov, membre du parti Russie juste (centre gauche) et 150 ont voté contre. Il y a eu trois abstentions. M. Goudkov est immédiatement sorti de la salle, après l’annonce des résultats du vote, le poing en l’air. « Aujourd’hui, nous nous sommes couverts de honte devant le monde entier » a-t-il lancé aux journalistes.

Pour l’association Russie-Libertés, cela ne fait pas de doute : « L’initiative de priver M. Goudkov de son mandat de député, et donc de son immunité parlementaire à la veille de la Marche des Millions du 15 septembre, est de nature exclusivement politique et s’inscrit dans la ligne de répressions contre les chefs de file de l’opposition adoptée par Vladimir Poutine depuis son auto intronisation en tant que président en mars 2012. »

De leur coté, les Pussy Riot poursuivent leur combat et ce malgré l’emprisonnement de trois de leurs membres. Récemment, elles ont mis en ligne une vidéo de remerciement à l’attention de leurs soutiens. On y voit des jeunes filles clamer leur intention de continuer leur combat puis mettre le feu à un portrait du Président russe Vladimir Poutine. Dans le texte, cela donne :

« Nous nous battons pour notre droit à chanter, penser, critiquer. Pour être des musiciens et des artistes prêts à tout faire pour changer notre pays. Quels que soient les risques, nous continuerons notre combat musical en Russie.»

 

Ces derniers jours nous ont enfin apporté des nouvelles de Maria Alekhina, Nadejda Tolokonnikova et Ekaterina Samoutsevitch. On apprend entre autres qu’elles ont fermement refusé l’hypothèse d’une grâce présidentielle. Leur refus était prévisible. On voyait en effet assez mal comment les Pussy Riot pouvaient accepter une nouvelle décision arbitraire – eut-elle été cette fois-ci positive – de la part du pouvoir russe… Pour l’heure, les trois jeunes filles sont emprisonnées près de Moscou, dans une maison d’arrêt « moderne ». Il s’agit là d’un habile tour de passe-passe des autorités russes qui tentent d’étouffer les critiques en donnant aux Pussy Riot de bonnes conditions de détention. Bonnes mais éphémères… Car après la prison « où des chats se promènent et où les fleurs poussent », c’est bien le goulag qui attend les activistes comme l’explique la journaliste du New Times, Zoia Svetova : « Nadejda Tolokonnikova a demandé à y rester (dans la première prison). La directrice lui a dit de faire une demande, mais elle m’a fait comprendre que le maintien des Pussy Riot dans cette prison ne leur sera jamais accordé. Les autorités n’aiment pas laisser les prisonniers politiques ensemble à Moscou. Les avocats leur rendent visite, leurs familles et leurs amis les soutiennent, et les organisations des droits de l’homme et les journalistes continuent d’en parler. Les détenues en maison d’arrêt obtiennent plus facilement leur conditionnelle. C’est un avantage. Mais l’inconvénient est qu’elles sont mal vues des autres prisonnières. Si le tribunal rejette l’appel des trois filles en septembre, elles devront partir en camp dans les dix jours. »

Consultez le reste de l’interview, à lire ici.

Cette nouvelle plongée dans l’univers carcéral russe fait froid dans le dos…