Il y a des mots qu’on aime associer à Paris : l’amour, la lumière, la liberté. Ces mots ne sont pas que des symboles. Ils sont un cap. Une responsabilité. Car dans un monde où aimer peut encore tuer, il ne suffit pas que Paris soit une ville de l’amour. Il faut qu’elle soit aussi une ville de courage.
En ce mois des fiertés, alors que nous célébrons nos amours, nos luttes et nos fiertés, je pense à celles et ceux pour qui ces mots sont encore synonymes de peur : à Budapest, à Tunis, à Téhéran, à Dakar, à Yaoundé, à Moscou ou dans certaines villes des États-Unis ou le simple fait d’être une personne trans devient un champ de bataille.
Le mois des fiertés n’est pas un simple rendez-vous festif : il est un moment éminemment politique. Un moment où, ensemble, nous choisissons de faire mémoire et de célébrer nos luttes et nos combats. Nous rappelons que rien n’est jamais acquis. À l’heure où des discours haineux et réactionnaires se répandent partout dans le monde, y compris au sein de grandes démocraties, à l’heure où des gouvernements d’extrême-droite, comme celui de Viktor Orbán en Hongrie ou de Georgia Meloni en Italie menacent nos libertés, nous devons nous mobiliser plus que jamais.
Je pense aussi à celles et ceux qui traversent des frontières, des mers, et parfois la tragédie, pour venir chercher ici un peu d’air, un peu de paix.
Paris les accueille. Non pas comme un geste charitable, mais parce que c’est ce que nous sommes : une ville d’accueil.
Paris est bien plus qu’une carte postale. Elle est une promesse. Une promesse solennelle faite à toutes celles et ceux qui fuient les persécutions, qui cherchent un lieu où exister librement, dignement. Depuis 2020, avec Anne Hidalgo, nous avons fait de cette promesse un cap politique structurant. Et cette année encore, les actes sont là pour le prouver.
Depuis plusieurs années, Paris agit concrètement pour que les droits des personnes LGBTQIA+ soient une réalité vécue.
En juin 2025, la Ville a soutenu 30 associations à hauteur de 287 100 €, portant à plus de 2 millions d’euros les aides versées depuis 2019 pour faire vivre le tissu associatif LGBTQIA+. Ce soutien prend aussi la forme de lieux pensés pour durer : la Bulle – maison des solidarités LGBTQIA+, inaugurée en 2023, qui accueille aujourd’hui près de 3000 personnes par an, majoritairement des personnes trans et exilées. Ce lieu, géré par des associations, incarne ce qu’est cette ville refuge, de soin et d’écoute.
Parce que l’histoire fait aussi partie de nos combats, nous avons inauguré le premier Mémorial en France en hommage aux personnes homosexuelles victimes de la déportation à toutes les personnes LGBTQIA+ persécutées à travers l’Histoire et soutenu la création d’un centre d’archives LGBTQIA+, affirmant ainsi que la mémoire LGBTQIA+ mérite reconnaissance et transmission.
Et parce que nos luttes doivent aussi être des fêtes, nous avons créé de nouveaux rendez-vous pour les Parisiennes et les Parisiens, comme le Bal de l’amour, qui a rassemblé, pour sa troisième édition plus de 12 000 personnes : une célébration joyeuse et politique de nos amours sur la Place de la Bastille
J’aime que Paris soit la ville où l’on peut danser sous les étoiles lors du Bal de l’amour, militer lors du Prix international pour les droits des personnes LGBTQIA+ et se souvenir lors de la cérémonie d’inauguration du Mémorial en hommage aux personnes homosexuelles victimes de la déportation et a toutes les personnes LGBTQIA+ persécutées à travers l’Histoire.
En ce 28 juin, anniversaire des émeutes de Stonewall, je pense à ces personnes qui, partout dans le monde, risquent leur vie pour être simplement elles-mêmes. Paris est à leurs côtés. Parce qu’ici, l’amour n’est pas une formule : c’est un acte.
Paris a l’âme de celles et ceux qui refusent de baisser les yeux. Et nous ferons en sorte que cette ville continue à être ce refuge, cette scène, ce cri, ce baiser pour toutes celles et tous ceux qui n’aspirent qu’à s’aimer.
Parce qu’il n’y a pas d’amour sans combat. Et pas de liberté sans fierté.
Jean-Luc Romero-Michel est adjoint à la Maire de Paris en charge des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations.