C’était un matin comme tant d’autres en Ukraine, un de ces instants où la vie, malgré la guerre, tentait encore de suivre son cours. À Dobropillia, petite ville du Donbass, les premières lueurs du jour s’épanouissaient sur les façades fatiguées des immeubles, lorsque le ciel s’est embrasé. Le fracas des explosions remplaça le silence fragile de l’aube, déchirant l’espace et le temps. Une salve de missiles balistiques russes, de roquettes et de drones explosifs s’abattit sans distinction sur des immeubles d’habitation, des voitures, des rues où, quelques secondes plus tôt, des enfants, des femmes et des hommes menaient encore une existence ordinaire et paisible.

Cette frappe de Moscou fut l’une des plus brutales depuis le début de l’année. Une attaque combinée, soigneusement calibrée pour causer un maximum de destructions et de pertes humaines. Des missiles S-300, des drones Shahed et des salves de BM-30 Smerch pilonnèrent le centre-ville, frappant neuf immeubles résidentiels, un centre commercial, des magasins, et même les équipes de secours venues porter assistance aux victimes. Ce que les militaires appellent une « double frappe » : une première vague pour tuer des civils, une seconde cynique et meurtrière, pour cibler ceux qui essaient de les sauver.

Le bilan est atroce : 11 morts, dont un secouriste du Service national des urgences d’Ukraine, 50 blessés, dont 7 enfants. La plus jeune, une fillette de 10 ans, fut extraite des décombres, grièvement blessée. Derrière ces chiffres, des vies, des histoires brutalement interrompues, des espoirs fauchés.

Mais cette tragédie n’était pas qu’une démonstration supplémentaire de la barbarie russe. Elle s’inscrivait dans une dynamique plus vaste, une onde de choc dont l’épicentre ne se trouve plus uniquement à Moscou, mais aussi à Washington.

Un peu avant, quand les missiles russes éventraient Dobropillia, de l’autre côté de l’Atlantique, un coup de poignard diplomatique était enfoncé dans le dos de l’Ukraine. L’administration Trump annonçait la suspension de l’aide militaire et du partage de renseignements avec Kyiv, sous prétexte d’encourager une « solution pacifique » au conflit. Une pirouette de Judas pour masquer une réalité bien plus cynique : Trump, une fois de plus, se couchait devant Moscou.

Dans son pragmatisme ignoble, il déclara qu’il était « plus facile » de traiter avec le Kremlin qu’avec les Ukrainiens, sous-entendant ainsi que sacrifier une nation en lutte pour sa survie était un prix dérisoire à payer pour s’attirer les bonnes grâces de Poutine. Comme un businessman malhonnête bradant une marchandise sans valeur, il offrit l’Ukraine sur un plateau, sans même exiger la moindre contrepartie.

Cette décision résonna en Ukraine comme une trahison pure et simple. Pendant trois ans, le pays tient, porté par la promesse d’un soutien occidental faible, mais indéfectible. Et soudain, la politique étrangère américaine bascule au gré d’un caprice présidentiel, exposant Kyiv à une escalade de violences de la part des envahisseurs russes.

L’effet fut immédiat : Moscou, voyant l’Amérique se désengager, accéléra ses frappes. L’armée russe comprit que le terrain se libérait, que les marges de manœuvre s’élargissaient.

Il faut comprendre l’ampleur de cette stupidité. Non seulement Trump abandonnait l’Ukraine, mais il envoyait aussi un signal catastrophique au monde entier : les alliances américaines ne valent plus rien, elles dépendent des humeurs changeantes d’un homme dont la vision géopolitique se résume à des transactions de casino.

La Russie, elle, ne s’y trompa pas. À Dobropillia, chaque missile qui s’abattit portait en filigrane le message de Washington : l’Ukraine pouvait être sacrifiée. Et Moscou répondit à cette trahison avec sa brutalité habituelle, en redoublant ses frappes et en multipliant les offensives.

Face à cette bascule géopolitique, Volodymyr Zelensky, le valeureux président ukrainien, le visage marqué par l’urgence, a pris la parole. Sa voix, ferme malgré l’épreuve, portait un message sans équivoque : la Russie ne négocie pas, elle avance vers son objectif qui est la soumission ukrainienne. 

Chaque hésitation de l’Occident est interprétée par le Kremlin comme un feu vert à la poursuite des destructions. 

Zelensky réitéra son appel au renforcement des défenses aériennes et à l’adoption de nouvelles sanctions économiques, soulignant que tout ce qui finance la guerre de Poutine devait s’effondrer.

L’Europe, un temps hésitante, s’est trouvée face à un choix : subir les conséquences du retrait américain ou assumer son rôle stratégique. Avec la volte-face de Washington, l’illusion d’une protection automatique sous le parapluie américain s’est dissipée. La survie de l’Ukraine, et au-delà, la sécurité du continent, dépendaient désormais de l’Europe elle-même.

Loin de céder à l’inertie, l’Union européenne a pris la décision de renforcer son engagement. L’Europe est en train de devenir enfin un acteur central de la résistance, non par idéalisme, mais par nécessité.

Trump, lui, navigue sans cap. Il pensait pouvoir « négocier » avec la Russie, mais sans comprendre les dynamiques réelles du pouvoir à Moscou. Son idée d’un « accord » reposait sur l’illusion que l’autocrate de Kremlin pouvait se satisfaire de concessions territoriales. En coupant l’aide à l’Ukraine, il espérait désamorcer la guerre ; il n’a fait que l’intensifier.

Aucune de ses promesses n’a abouti. Loin d’apporter la paix, il a encouragé l’escalade. Loin d’être un stratège, il s’est révélé un facteur de chaos, incapable d’anticiper les conséquences de ses décisions absurdes

L’Histoire retiendra que, lorsque Trump a lâché l’Ukraine, il a provoqué la multiplication des victimes innocentes ukrainiennes, il a accéléré la guerre au lieu de la stopper.

La paix obtenue par l’abandon est toujours une paix éphémère.

Et pendant ce temps, l’Ukraine brûle.

Un commentaire

  1. Merci mille fois de relayer avec force, clarté, ce qui se passe en Ukraine.
    Il y va de notre survie àtous.