Mesdames et Messieurs,
Cette 31ème Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux « Justes » se tient dans un contexte particulier où tout est pareil et où rien n’est semblable.
D’abord, en raison des Jeux olympiques, nous sommes réunis, non sur le site de l’infamie, l’emplacement du Vel d’Hiv, mais sur celui du souvenir, au Mémorial.
Surtout, nous venons de vivre, et peut-être de survivre, à « l’année terrible ».
Je m’adresse à vous pour la seconde fois en tant que Président du Comité français pour Yad Vashem. Yad Vashem signifie littéralement en hébreu « un monument » et un « nom ».
C’est en cette qualité et dans ce contexte qu’il me semble que tout cet édifice est en péril.
Ce n’est pas le bâti qui est en danger. Le Mémorial est solide et vaillant.
Le monument en péril, c’est la mémoire.
Nous pensions que le souvenir de la Shoah, que l’établissement de l’État d’Israël empêcheraient que des juifs soient pris pour cible parce qu’ils sont juifs.
Nous pensions même que le souvenir de la Shoah serait suffisamment puissant pour empêcher que quiconque soit menacé, humilié ou maltraité en raison de son origine, de sa couleur, de sa religion ou de sa naissance.
Nous pensions que la réminiscence du pire éviterait sa résurgence.
Mais il y a eu le 7 octobre.
Et il nous faut bien en parler ici, dans cette journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites : car il s’agit bien d’un crime antisémite où 1 200 juifs ont péri, dont 40 compatriotes, et où 140 sont encore réduits en captivité quelque part à Gaza, dont deux Français.
Ce jour-là, pour la première fois depuis la Shoah, des juifs ont été ciblés, exterminés en masse parce qu’ils étaient juifs. Durant cette terrible journée et pendant des heures, on a brulé des corps, violé des femmes ; ceux qui pouvaient se sont cachés mais l’ont souvent fait en vain. D’autres ont été emportés de force.
Que cela ait pu se produire, et même se reproduire, après la Shoah, en dépit de son enseignement, est le plus triste enseignement que nous devons tirer.
« Derrière lui le meurtre laisse un vomissement qu’un jour il faudra boire », écrivait justement Hugo dans L’Année terrible.
Voilà où nous en sommes.
Mais ce n’est pas le pire.
Il y a le pire dans le pire : après ce pogrom en mondovision, la libération de l’antisémitisme partout dans le monde.
Cela nous ne pouvions l’envisager.
Tous ceux qui attendaient un prétexte, guettaient un signal, un déclencheur s’en sont donnés à cœur joie. À Barcelone, on se réunit devant un hôtel, prétendument propriété d’un juif, pour essayer de l’investir. Au Daguestan, un avion qui avait fait escale en Israël a été pris d’assaut.
Ces exemples sont-ils lointains ?
En France on a relevé le plus grand nombre d’actes antisémites depuis qu’on les dénombre. Rien ni personne n’a été épargné. Ni ici le mur des justes, ni une petite fille de 12 ans violée parce qu’elle avait « mal parlé » de la Palestine…
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« J’ai juré de ne jamais me taire chaque fois et partout où des êtres humains endurent la souffrance et l’humiliation. Nous devons toujours prendre parti. La neutralité aide l’oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le tourmenteur, jamais le tourmenté. »
Ces mots sont issus du discours d’Elie Wiesel, survivant de la Shoah, lorsqu’il reçoit le prix Nobel de la paix à Oslo en 1986.
Ces mots devaient figurer au-devant d’un lycée de Philadelphie jusqu’à ce que le directeur demande qu’ils soient retirés parce qu’ils violent la politique « de neutralité » de l’établissement. L’incident s’est déroulé aux Etats-Unis, en 2023. Il nous dit quelque chose de terrible et d’inimaginable.
Il serait facile de se rassurer. Les Etats-Unis ne sont pas la France. Et cette cérémonie nationale en est le meilleur exemple.
Pourtant ici à Paris, juste à côté, dans le 5ème arrondissement, des parents d’élèves se sont opposés à ce qu’une école prenne le nom d’Elie Buzyn, lui aussi survivant et témoin de la Shoah. La raison : ne pas faire courir de danger aux élèves. Il a fallu le courage de la Maire du 5ème pour que l’établissement soit finalement nommé – et bien nommé. Je la salue.
Certains d’entre vous le savent : je suis avocat.
Ceux-là et les autres me pardonneront de faire un détour par un procès emblématique qui s’est tenu il y a 43 ans devant le Tribunal de Paris, et dont certains des acteurs sont ici devant moi. Car en ce mois de juin 1981, il a fallu en venir aux prétoires pour rétablir les faits.
D’un côté de la barre, on trouve les associations d’anciens déportés et leurs représentants. Pour les assister, trois générations d’avocats, et non des moindres : Robert Badinter, Serge Klarsfeld, Pierre-François Veil.
De l’autre côté on trouve le négationniste Robert Faurisson, ses avocats et ses suppôts autour de la librairie La vieille Taupe, partie intervenante.
Ce procès à risque, le dernier de Me Badinter, il fallait l’assumer. Il fallait le gagner. Il a été remporté.
Faurisson a été condamné pour avoir écrit, je cite :
« Le prétendu gazage et le prétendu génocide juif ne sont qu’un seul et même mensonge historique qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière, dont les principaux bénéficiaires sont l’État d’Israël et le sionisme international, et les principales victimes le peuple allemand, et non ses dirigeants, et le peuple palestinien. »
Mais si vous reprenez les propos crasseux et faux de Robert Faurisson, et leur funeste postérité, on est en droit de se demander si ce procès a finalement été gagné.
Ce procès a-t-il été gagné quand un bretteur qui se rêvait Président, juif de surcroît, vient nous expliquer que Pétain aurait sauvé les juifs français ?
Ce procès a-t-il été gagné quand, au nom de la susceptibilité supposée des élèves et de la lâcheté avérée de certains enseignants, on n’ose plus aborder la Shoah dans une grande partie des lycées et des collèges ?
Devant vous cher Serge Klarsfeld, devant vous cher Pierre-François Veil, je demande humblement : le procès de 1981 a-t-il été gagné quand une Rima Hassan nouvellement élue députée européenne, qui tient tout Israélien pour un colon, et tout juif pour un Israélien, tweete tranquillement citant Fanon : « pour le colonisé, la vie ne peut surgir que du cadavre en décomposition du colon. » ?
Je ne mésestime pas le chemin parcouru. Le fait que la contestation du crime contre l’humanité soit réprimée à l’article 24 bis de la loi sur la presse ; que, par la voix de Jacques Chirac et de ses successeurs, la France ait reconnu et assumé sa responsabilité dans les crimes commis par Vichy est à saluer.
Mais à quoi bon cela si nous laissons s’établir comme une vérité qu’Israël est un « État génocidaire » simplement parce qu’il se défend du plus grand massacre commis sur son territoire ? Si nous laissons un parti fondé par des collaborationnistes s’instituer en parti normal ou si nous assistons à la résurgence d’un autre, qui a fait de la dénonciation des juifs et d’Israël, sa plateforme de rassemblement ?
C’est par le mot de commémoration que j’aimerais conclure. Oui, Commémorer, c’est l’enjeu. Co-mémorer, faire mémoire commune, bâtir en commun de Valmy à l’affaire Dreyfus, des 13 152 hommes et femmes et enfants qui ont été arrêtés par la police française les 16 et 17 juillet 1942 aux Algériens jetés dans la Seine par le préfet Papon en 1961. Voilà la solution.
Une mémoire commune qui nous prémunisse contre les comparaisons hâtives et les mises en équivalence stupides. Mais qui tisse une leçon d’histoire qui unisse et réunisse les Français quel que soit ce qui les séparent.
Hugo, toujours, a écrit : « Qui Combat la France attaque l’avenir. » J’aimerais à l’issue de cette journée nationale d’hommage à la mémoire des victimes du racisme et de l’antisémitisme compléter son propos : Qui Combat la France attaque l’avenir et qui Combat la mémoire, attaque la France.
Je vous remercie.
Paris, 16 juillet 2024
Je n’aurais jamais pensé me retrouver un jour dans cette impasse glauque et poisseuse que le surmoi érige en pis-aller face au totem du néant à rebours, et où en l’occurrence, afin de poursuivre le combat contre la droite populiste et les menaces existentielles qu’engendrerait le repli national qu’elle ne cesse de prôner, on m’inviterait à rallier un consortium de zombies nazifiés par le gang des SS en roue libre ayant bénéficié jadis de canaux d’exfiltration très œcuméniques vers d’autres terres hitlérophiles.
J’avoue aussi être dans l’embarras du non-choix, lorsque les êtres de lumière qui exercèrent sur moi une pression déshumaniste vouée à salir l’image d’un Israël en guerre pour laver les t(yran)s modérés de leurs péchés imprescriptibles, devraient tout logiquement appliquer au conflit russo-ukrainien les mêmes modalités de gestion qui les guidèrent dans le traitement des négociations pour la libération des otages retenus à Gaza, en faisant porter à Zelensky l’entière responsabilité de la libération du prisonnier Gershkovich, quitte à laisser Vladimirus croquer la vie des autres à pleines dents et amputer sa Petite Russie d’une bonne moitié de son foyer historique, en d’autres termes, une morsure de V-Empire, accessoirement létale.
Enfin, pardon si je n’ai pas éprouvé une once de culpabilité quand, à l’entre-deux-tours, je persisterais dans le ni RN ni NFP alors même qu’on sortirait la relou artillerie avec une taxation périmée de complicité objective envers l’extrême droite pour mieux me persuader de valider le barrage dit « républicain » face à la seule menace contre la République, laquelle idée vaseuse nous contraindrait, lors des nominations pour la vice-présidence, à accorder une double récompense à l’idéologie crasseuse du Hamas, — une certaine conception du sport en Chambre basse qui permet désormais qu’un parti politico-terroriste réclame, au nom du peuple français, le bannissement des athlètes israéliens pour les JO de Munich, oh ! pardon… de Paris.
Notre crédo : éviter le pire ?
Banco.
Le candidat au perchoir du Front populiste dénonce une alliance contre-nature entre le bloc central et la droite républicaine ; j’y décèlerais plutôt la suspension momentanée d’une opposition de posture.
Si un crime fut commis contre l’instinct de conservation du garde-fou de la République, nous dûmes nous résigner à le situer, au grand dam de notre mère patrie, du côté de ces députés juifs qui, de crainte de se voir ostracisés par leurs camarades de Classe, conféreraient un brevet de judéophilie à un parti politique prônant la normalisation avec une organisation terroriste, islamiste, djihadiste, à forte tendance pogromiste, qu’ils coopteraient en qualité d’organisation théocratique dans l’optique on ne peut plus fallacieuse d’un multilatéralisme décolonialiste fermement opposé à l’instauration d’une dictature planétaire des droits de l’homme sous couvert d’universalisme.
L’alliance contre-nature, encore que… ce serait celle d’une gauche de gouvernement qui se rallierait aux mêmes frondeurs dont la mélenchonite aiguë avait été a priori responsable de l’implosion d’un parti socialiste dont la conversion à l’économie mondialisée désorienterait les plus adulescents de ses apparatchiks marxistes ou maoïstes, prenant conscience qu’elle partage avec eux l’idée pour le moins saugrenue et teintée d’amertume selon laquelle les véritables fossoyeurs du hollandisme furent, non pas le transcourant à bout de souffle, mais 1) le conseiller-esclave Œdipe auto-émancipé, ou 2) l’homme pressé de trancher entre les gauches irréconciliables : un pari audacieux, relevé haut la main, bien qu’il en ferait les frais.
Braun-Pivet ou la continuité absolutiste s’asseyant sur deux défaites électorales du camp présidentiel ? Nous verrons.
Braun-Pivet, le Retour… de manivelle, suite à une double tentative de dynamitage démocratorial de l’esprit des lois post-shoatiques ? C’est visible.
Tandis que le Rassemblement national fait un bond de géant supplémentaire vers l’humanisme et pour l’humanité en reconnaissant la responsabilité du gouvernement de Vichy et, par là même, celle de l’État français dans la Rafle du Vél-d’Hiv’, nous ne pouvons plus nous entêter à exclure ni ce parti ni ses actuels dirigeants d’un arc républicain que nous avons eu tant de mal à rabattre dans l’enclos de dressage de la Bête qui sommeille en chacun de nous. Aussi profondes que soient nos divergences quant au positionnement de la France et de l’Union européenne vis-à-vis d’un certain nombre de conflits armés, ou menaçant de le devenir, impliquant des forces à propos desquelles les intérêts fondamentaux de la nation priveraient cette dernière de la possibilité de désigner les unes comme alliées ou les autres comme ennemies, ces lignes de fracture majeures ne sauraient que trop nous obliger à clarifier nous-même nos positions, avant d’accuser l’autre de partager la couche du diable.
Cela vaut aussi pour cette partie immergée du surmoi mondial qui engloutit indifféremment les dirigeants des grandes démocraties contemporaines et les fauteurs de troubles géopsychotiques du Sud global que semble fasciner un Orient fantasmé dont ils ne sont ni éloignés ni proches. Nous n’avons d’autre choix que de ne point trop aggraver les déséquilibres internationaux en cours par une rupture de dialogue avec les commanditaires du 7-Octobre ; il y va de notre santé fondamentale. « Roger that » à condition que l’ennemi soit averti que, chez Nous Autre, le crime contre l’humanité ne paie pas.
Il serait inacceptable, pour le petit club encore select et néanmoins ouvert des grandes/moyennes puissances respectueuses des règles du jeu de la démocratie, que, ce faisant, il se résigne à n’être que la courroie de distribution des organes moteurs d’une piraterie d’Empire, en allant persuader les masses désoccidorientées que le Premier ministre de l’État juif utilise à des fins politicaillères une otage ultramédiatisée par le Hamas, puis libérée par l’armée de défense d’Israël, alors même qu’il serait avéré que la Nébuleuse islamiste parvient toujours à tirer les marrons du feu de joie psychopathique en exploitant l’incommensurable douleur des familles de ses propres martyrs.