Le RN prétend régulièrement être le seul parti à pouvoir protéger notre pays du terrorisme – et en profite, en chemin, pour stigmatiser toute une partie de la population.
Le parti se précipite ainsi, à chaque attentat, pour dénoncer « l’échec » et la « naïveté » du gouvernement en place. Marine Le Pen a même reproché à Elisabeth Borne (alors Première ministre), il y a quelques mois, « d’ignorer » le terrorisme.
Il est pourtant permis de douter que le RN protègerait les Français de quoi que ce soit.
Nul besoin, pour démonter cette prétention du RN, de se plonger dans les mesures parfaitement inutiles que défend le parti.
Nul besoin, non plus, de voir que les mesures défendues par le RN échouent parfaitement ailleurs – comme l’a montré récemment l’attentat dans une salle de concert près de Moscou, qui a causé plus de 140 morts en mars 2024.
Nul besoin, à nouveau, de recenser les figures du parti qui voient surtout dans les attentats une occasion de s’en prendre aux principes même de notre République – comme ce candidat FN, qui s’était fait remarquer lors des élections régionales de 2015 pour ne voir « aucune différence » entre la République Française et Daech, et qui avait été réinvesti aux législatives de 2017.
Nul besoin, encore, de rappeler que le RN semble surtout voir dans les attentats une opportunité morbide de se renforcer pour les élections – au point qu’une candidate du parti espérait ouvertement des attentats avant la présidentielle de 2022.
Il suffit en fait, pour cerner l’incapacité du RN à nous défendre, d’écouter les partisans de Daech, qui étaient par exemple nombreux, en 2015, à se féliciter des performances électorales du parti – parti à même, selon eux, de fracturer et d’affaiblir la France ; et, donc, de faciliter le discours de Daech, et l’organisation d’attentats en France.
Il suffit surtout, pour comprendre que le RN ne nous protègerait de rien, de voir que les amalgames défendus par le parti pourraient très bien être retournés contre lui.
De nombreuses figures du RN se sont en effet compromises avec des islamistes radicaux – et parfois même avec des terroristes. Un ancien candidat FN avait par exemple fourni des armes à Amedy Coulibaly – armes qui ont ensuite servi lors de l’attentat de l’Hyper Cacher. C’est aussi un candidat du FN qui avait supervisé, en Syrie, la collaboration de Lafarge avec Daech. Thierry Mariani, eurodéputé RN, avait lui rencontré (et défendu) Ahmad Badreddin Hassoun, grand mufti de Syrie, qui appelait à des attentats contre l’Europe. Deux proches de Marine Le Pen ont, eux, gravité dans l’entourage d’Abdelhakim Sefrioui. Celui-ci est à l’origine de la campagne, sur les réseaux sociaux, qui a conduit à la mort du professeur Samuel Paty.
Et les liens entre le RN et le risque terroriste ne s’arrêtent pas là. Nous laissons par exemple de côté, dans cet article, les nombreux attentats d’extrême droite (heureusement avortés) au sein desquels on retrouve d’anciennes figures du parti. Il y aurait, pourtant, beaucoup à dire. Vraiment, beaucoup à dire. Relevons simplement qu’en 2021, Marine Le Pen avait invité d’anciens militaires, signataires d’une tribune suggérant une intervention de l’armée pour « une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles », à la rejoindre. Parmi les signataires : Antoine Martinez, qui a participé à la création des « Volontaires Pour la France » – groupuscule dont plusieurs membres ont été arrêtés, en juin 2018, parce qu’ils préparaient un attentat.
Alors, amalgame ? Oui, très certainement. Mais cet amalgame est-il plus absurde que ceux que le RN défend à longueur de journée, en accusant tous les maghrébins de France (mais aussi les autres partis) d’être à l’origine du risque d’attentats ?