Dimanche 7 juillet, 20 heures, la chambre brune horizon s’affiche sur nos écrans, les premières extrapolations donnent 300 à 330 députés au Rassemblement National, la majorité absolue requise de 289 députés est alors largement dépassée. Face à eux la NUPES 2, masquant sa compromission sous le nom usurpé de Front Populaire devient le premier bloc d’opposition avec près de 200 sièges où les députés de la France Insoumise sont majoritaires et donc le premier groupe parlementaire d’opposition.

Le 7 juillet au soir, le brun et le rouge couvrent les trois-quarts du Palais Bourbon, l’Arc républicain est brisé, les bleus, jaunes et roses s’estompent. Les rares rescapés se comptent. Quelques Renaissance survivent malgré tout au sabordage de leur chef, quelques Modem et Horizon sont plus nombreux. Les Républicains dignes ayant refusé au nom du Gaullisme de pactiser avec un parti créé par des miliciens, deux Waffen SS français et des anciens OAS surnagent à peine. Les divers gauche et socialistes ayant refusé de rejoindre une coalition où l’inclinaison islamique, l’antisémitisme, et la violence politique ne gênent plus personne et ne sont plus qu’une poignée, dont le courageux socialiste Jérôme Guedj.

Par le mécanisme du scrutin majoritaire et du nombre important de triangulaires, les trois quarts des députés appartiennent aux mouvements populistes du RN ou de son faire-valoir « Insoumis ». Plus des trois-quarts des députés de la France portent haut et fort le populisme d’extrême-droite ou d’extrême-gauche. La tenaille identitaire, celle qui a permis la promotion conjuguée du populisme d’extrême-droite et l’alliance de la gauche avec l’Islam radical s’est refermée sur la France.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment les 60% des Français qui préfèrent la raison, le soutien à l’Europe, à l’OTAN, à l’Ukraine, à Israël, aux démocraties, à l’économie de marché régulée et non confiscatoire, à une politique modérée de réformes consensuelles, à un patriotisme serein n’auront-ils plus droit à la parole ? Comment ces français ayant confiance dans la science, le progrès, la fraternité, ont-ils laissé ces deux mouvements ennemis de nos valeurs républicaines et de la modernité s’emparer ainsi du pouvoir ? 

S’emparer totalement du pouvoir pour agir durement et surement – pour le RN ; et s’agiter, fracturer par le bruit et la fureur en tant que premier groupe d’opposition à l’Assemblée – pour LFI.

La mécanique infernale a été enclenchée sur un coup de tête ou plutôt d’orgueil d’un Président irréfléchi un dimanche 9 juin. Celui qui a souvent eu les bonnes intuitions et beaucoup de chance, n’a plus eu ni l’une, ni l’autre. Pourquoi provoquer des législatives pour une campagne si brève quand la dynamique positive était clairement pour l’extrême-droite, ayant raflé aux Européennes presque 40% des voix toutes tendances confondues. L’engrenage de la tenaille identitaire déjà en mouvement s’accéléra alors et se refermera sur nous ce 7 juillet. « La droite identitaire » et « la gauche diversitaire » domineront alors l’Assemblée Nationale.

D’un côté, le RN un mouvement politique nationaliste populiste radical, né des idéologies conjuguées de l’État français de Vichy aux racines maurassiennes et des factieux de l’OAS ; de l’autre, LFI, un mouvement marxiste-lambertiste où le culte du chef et une conception de la révolution permanente se déclinent dans le bruit, la fureur et la violence.

Ces deux mouvements se promeuvent, se soutiennent, se font la courte-échelle. Ils sont les complices objectifs de la polarisation de la société. 

Mélenchon permet à Bardella de devenir Premier ministre et Bardella permet à Mélenchon d’être le chef indiscuté de son opposition.

La violence promue par LFI, son alliance objective avec les islamistes les plus radicaux, son adhésion aux théories anti-universalistes des Indigènes de la République, son antisémitisme décomplexé poussent les vieux bastions héritiers du gaullisme de la France rurale vers ce qui leur apparait à tort comme un rempart de leur identité française menacée, le RN.

Le danger du « fascisme aux portes du pouvoir » agité par LFI pousse des socialistes qui avaient retrouvé un semblant d’honneur avec la liste Glucksmann à reproduire une NUPES bis, celle d’une nouvelle capitulation, sans obtenir ni une majorité d’investitures, ni une interdiction de candidater aux si nombreux députés insoumis ayant multiplié les propos antisémites et/ou d’apologie du terrorisme.

Cet amphisbène, ce serpent aux deux têtes RN et LFI se complait dans les mêmes fidélités et les mêmes obsessions : celles favorables à l’impérialisme russe et au criminel Poutine, cette complaisance si ce n’est le soutien au régime criminel syrien de Assad, cet antiaméricanisme et cette opposition à l’OTAN, cette haine de l’Europe, ces soutiens aux violences des « gilets jaunes », des antivax et à tous les complotismes. Cet attelage délétère a eu les mêmes positions et oppositions aux lois contre le terrorisme, contre le racisme et l’antisémitisme, contre les vaccinations de masse, contre les nécessaires réformes structurelles de notre économie, contre la modernité et l’ouverture au monde, contre le développement d’un tissu entrepreneurial et contre une démocratie consensuelle et apaisée.

Ce monstre à deux têtes est en train de gagner son pari : pour l’un, le RN s’emparer du pouvoir absolu ; pour l’autre, LFI, conquérir une position dominante d’opposition afin de cueillir le pouvoir après l’échec de son alter ego, dans une France abaissée et fracturée.

Mais nous ne sommes pas encore le 7 juillet, chacune et chacun d’entre nous peut encore enrayer cet engrenage infernal. Tout se jouera ce dimanche 30 juin, tout se jouera au premier tour. Il faut mobiliser, voter et faire voter pour les candidats qui portent encore les idéaux d’universalisme, de patriotisme et de républicanisme, c’est-à-dire pour les candidates et candidats les Républicains (non alliés au RN), Renaissance, Horizon, Modem, divers droite et gauche, s

ocialistes ayant refusé l’alliance avec les Insoumis. 

Mais pour paraphraser un de Gaulle si seul, un certain 18 juin, s’exclamant sur les ondes libres de l’Angleterre: « Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! »

Une défaite ne devient définitive que subie et acceptée. L’espérance d’une chambre où le brun et le rouge ne seront que des couleurs parmi d’autres dépend donc de chacune et chacun de vous et de votre vote ce dimanche 30 juin pour que la France écarte les deux branches mortelles de « la tenaille identitaire ».


[1] Note : A partir de 2016, Gilles Clavreul, préfet et Délégué Interministériel Contre le Racisme et l’Antisémitisme a développé ce concept qui trouve sa pleine pertinence aujourd’hui. « La tenaille identitaire, c’est le face-à-face entre extrême-droite et islam politique, accaparant et polarisant le débat public de telle sorte qu’un nombre croissant d’acteurs se décident à choisir l’un ou l’autre camp, donnant ainsi naissance à une gauche diversitaire, souvent appelée de façon polémique “islamo-gauchiste”, ainsi qu’à une droite identitaire qui, sans forcément rechercher une alliance politique avec l’extrême-droite, reprend à son compte certains de ses marqueurs idéologiques. » Source : le Printemps Républicain novembre 2020.

5 Commentaires

  1. Le RN progresse, dans toutes les strates sociales et géographiques de notre pays, détournant de la philosophie castoréenne d’anciens adeptes. C’est factuel. Si ce n’est 2024 ce sera 2027.

    Sa montée est principalement mue par ce fait que l’on qualifie bien légèrement de nauséabond :
    70-80% de la population ne veut pas/ pas plus d’immigration.

    Tant qu’aucun parti ne prendra la mesure de ce désir profond du peuple français, le RN ne fera que gonfler. Parce que quand on se met à voter RN, ce n’est pas pour rien et on n’en revient pas sans avoir obtenu ce que l’on souhaite.
    Ce seul fait, et ses corrolaires (délinquance, désagrégation de la communauté nationale, islamisme) suffit à faire retenir sans aucune pitié par les électeurs RN contre Macron toutes ses autres « fautes », qu’elles soient économiques (Alstom, nucléaire), budgétaires (1000 de dette), sociales (gestion du Covid, gilets jaunes), diplomatique (humiliations panafricaines, Australie, US…), législatives (49.3s, verticalité vertigineuse sans compromission, élimement de libertés), humaines (multiples phrases humiliantes, en même temps…)…
    Toutes ces fautes que l’on pourrait (peut-être) pardonner à un Président dont on se sent écouté, les électeurs RN ne le pardonneront pas, pour les raisons sus-dites.

    Pourtant, quelques référendums et basta, plus de RN, plus de candidats clownesques (à la mode Macron 2017) au passé fantasque, plus d’heures sombres et de bruits de bottes etc…

    Bref, une saine dose de popul(isme) démocratique au sens premier.

  2. Le dernier mot…c’est celui du peuple qui s’exprime par le vote démocratique et non celui d’élites déconnectées ou de médias désorientés.

  3. Les sociaux démocrates se sont résolus : à voter Jacques Chirac au deuxième tour de la présidentielle de 2002, à voter E. Macron aux deuxièmes tours de 2017 et 2022, en croyant que ce geste « obligeait » le chef de l’Etat.
    Les sociaux démocrates se satisfont de l’attitude des partis appelant à retirer leurs candidats arrivés en troisième position après le premier tour, mais ils attendent désespéramment de la part du groupe « Extrême centre ».
    Nous sommes fatigués d’être toujours les pompiers de la République sur la « bonne volonté » desquels « le management » du bloc central spécule.
    Nous réprouvons beaucoup des options de LFI, mais le NFP reste une opération urgente de limitation du succès du RN, par opposition à l’absence de colonne vertébrale politique de ce qui s’intitule « bloc central ».

  4. D’un côté, le cautionnement mitterrando-attalien apporté au hamassisme galopant et aux agents estampillés woke d’une Propagandastaffel so sexy chez les bobos black blocs partisans du brassage omniséparatiste.
    De l’autre, l’antiaméricanisme ancré du camp racé des racinés chers à Vlad le V-Empire, fourbe nucléarisateur de la République islamique aryenne, elle-même principale fournisseuse d’armes du Hamas.
    Peut-on encore être juif et exercer son droit de vote comme se doivent de le faire les citoyens libres et égaux d’une démocratie moderne ?
    Nous ne négligerons pas le risque de guerre civile dont l’ancien Front de droite et le nouveau Front de gauche menacent la République, pourtant, deux contre-exemples nous poussent à relativiser ces deux sources d’angoisse : 1) la blairisation d’un Aléxis Tsípras que le couple franco-allemand percevait comme l’enfant naturel d’Action directe et de la Fraction armée rouge avant qu’il n’accède à des responsabilités qui ne lui laisseraient pas d’autre choix que de monter dans le train de l’Union économique et monétaire de l’Europe en marche ; 2) le virage européiste, otanien et ukrainophile de Georgia Meloni que sa jeunesse fasciste n’aura finalement pas privée de la possibilité qu’a un cerveau reptilien d’éliminer sa propre mue.
    Je me doute que mon dernier exemple hérissera madame Aubry, quant à moi, je redouterais plutôt qu’elle se saisisse du précédent afin d’alimenter la légitimation de l’offense faite à Blum.
    « À quelle madame Aubry faites-vous allusion ? »
    Allez ! cela a-t-il encore de l’importance ?

  5. Entièrement d’accord avec votre analyse même si l’étau des forces antirépublicaines, au regard des valeurs et des droits universels de notre Constitution, est à ce jour seulement une horrible possibilité.
    Toute autre la réalité du Front Républicain, il est déjà majoritaire au Parlement et rien ne nous dit qu’il ne le soit pas après ces élections.
    FR a, et depuis longtemps, un programme commun à toutes ses composantes politiques : la défense d’une République, indivisible, laïque, démocratique et sociale.
    Il y a donc un front de résistance large et nous espérons très forte qui saura par son combat quotidien empêcher l’enfermement identitaire et ses dérives antisémites et racistes.
    Il y a toutefois des conditions : la fidélité aux principes et la cohérence de l’engagement.
    Un exemple qui mettrait à mal l’union ce serait déjà de donner des consignes de vote pour l’un ou l’autre de ses ennemis. Et c’est loin d’être une hypothèse si on écoute les voix qui s’élèvent.
    Aucune consigne de vote n’est possible pour qui contredit les principes fondamentaux de la République.