« Alors, tu en as pensé quoi ? » C’est la question qu’une amie, à la fin de la projection, m’a posé. J’ai vu Une famille de Christine Angot, son premier film. Je pleure. Je renifle. Lorsque j’étais enfant, on disait « des larmes de crocodiles ». C’est de sanglots dont je parle. C’est intime, cet instant, entre elle et moi. Je savais que mon avis l’intéressait, elle en était curieuse. Curieuse comme ça, sans arrière-pensée, pour parler cinéma, s’attarder sur le film. Un débrief. Elle l’avait déjà vu, c’était pour confronter nos impressions. Mais là, on n’est plus dans l’impression, on est dans la sensation. Impossible de parler, de dire, de répondre. J’essaie. Ça ne vient pas. Pourtant je voudrais pouvoir. La gorge est serrée autour d’un nœud qui ne laisse rien passer. Je pleure toujours. Je me mouche. Il y a des fluides. J’inspire fort pour essayer de mettre un peu d’air entre les mots, qu’ils se détachent les uns des autres pour pouvoir sortir. Mais, dans la seconde qui suit, je me mords les lèvres, l’intérieur des joues. Je bloque, je ne décide rien, le corps prend les décisions pour moi. Tout ce que j’ai trouvé à dire, après des secondes qui s’étirent en minutes : « Tu vois, le moment qu’on est en train de vivre là, ta question, ma réponse qui n’en est pas une, on dirait une scène du film de Christine Angot. J’y arrive pas. »

Pourquoi pleurer ? Ces larmes, à qui sont-elles destinées ? Je m’effondre sur elle ? Sur moi ? Lors d’un enterrement, si le défunt ne vous était pas si proche, vous pleurez. Mais vous pleurez sur vous-même. Après tout, vous l’aviez si peu connu. Sa mort vous renvoie à votre finitude : c’est l’idée de cette fin, la vôtre, à jamais, parce qu’elle vous guette irrémédiablement, et vous pèse tant qu’elle vous brise le cœur. Y-a-t-il, dans mon émotion, quelque chose de cet ordre-là ? La douleur de Christine Angot me bouleverse. Mais est-ce que je ne pleure pas aussi sur moi, sa fêlure me renvoyant à la mienne ? Je n’en sais rien. Son film m’a touché si profondément. Son film… Car au fond, c’est de cinéma dont il s’agit. Et en même temps, l’œuvre se dépasse elle-même. On parle d’un long-métrage bien plus grand que lui-même, car sa force, son courage, sa sensibilité, vous gagne, et s’installe en vous. Parfois, pour dire à quelqu’un de cesser de faire des « manières », de cultiver l’art de la fausse note, voire de fabuler, on lui dit, agacé : « Arrête de faire ton cinéma ». Christine Angot ne fait pas son cinéma, elle fait du cinéma. C’est compliqué tout ça. Disons qu’elle fait, sur grand écran œuvre de sincérité, de vérité.

« Papa », c’est le premier mot du film; c’est souvent le premier mot dans une famille, celui qui la fait. On dit « papa » avant maman. C’est Léonore qui parle, la fille de l’écrivaine-cinéaste. Ça se passe dans une rue que je reconnais, c’est à Montpellier. Oui, Christine et Claude, son ex-mari, ont eu un enfant. Cette image, tournée par le couple, avec un caméscope, date du 12 mai 1995. Il y a un grain, un charme de ces archives domestiques, intimes, forcément intimes. Ça se faisait il y a trente ans, ça ne se fait plus aujourd’hui.

2022. Christine Angot filme son bureau. C’est là qu’elle « crayonne des feuilles ». Je crois plutôt qu’elle stylote, mais le mot est laid. Bref, c’est une écrivaine. On va la suivre, la femme de lettres, la femme tout court, la mère, tout ça à la fois, la cinéaste aussi.

Je me souviens de mon épreuve de philosophie, au baccalauréat. Le sujet : « Suis-je ce que mon passé a fait de moi ? ». Comment le passé infuse dans le présent ? Conditionne-t-il l’avenir ? Nos temporalités, nos chronologies personnelles, se répondent-elles ? Sont-elles à opposer ? Y-a-t-il le passé d’un côté, le futur de l’autre, et au milieu un présent qui, s’écoulant à toute vitesse, ne peut être saisi ? Ces questions, Christine Angot a dû se les poser.

Son père lui a fait subir un inceste. Sur l’inceste, elle a écrit des romans. De ce passé-là, on ne sort jamais.

28 mars 1993. Claude, l’ancien compagnon de Christine, la filme. Toujours avec le caméscope du foyer. On comprend qu’ils fabriquent ensemble beaucoup d’images, comme pour documenter leur bonheur, pour archiver la naissance d’une famille, garder la trace de ce que ça a été, pour doubler les souvenirs et savoir que ça a eu lieu, que ça existe… Que c’est possible. Filmer c’était déjà, pour ce qui ne devait pas devenir une œuvre de cinéma, faire preuve. Il lui demande ce qu’elle va faire de tout ça, de tout ce film fragmenté de leur vie. Elle dit qu’elle pourrait les regarder tout le temps, ne faire que ça ; elle n’a rien d’autre à faire. Ça tourne encore. Il l’invite à « vivre d’autres choses » plutôt que de regarder ce qu’elle a déjà vécu. « T’as pas l’impression de figer ? Figer les choses ? De vivre dans la mémoire seulement ? » Elle répond : « Non, dans la conscience », parce qu’il y a deux regards en même temps, qui se chevauchent, se superposent, s’additionnent.

La conscience des choses, de la vérité des choses, passent par le regard que l’on porte sur elles, et réside dans la preuve qu’il reste de ce face-à-face intime. Ainsi, Christine Angot fait-elle du cinéma, comme elle faisait de la littérature. C’est dans le rapport que les images du passé (vidéos et photos de famille) et du présent (caméra au poing, de nos jours) entretiennent, dans les silences et la parole qui les accompagne, au sein d’une seule et même œuvre, que la vérité de l’inceste se trouve. Angot raconte le présent à l’aune du passé : ça passait par des phrases dans ses livres, aujourd’hui le médium a changé. C’est le choc cinématographique, vingt-quatre fois par seconde, des images d’hier et d’aujourd’hui mêlées, qui montrent comment l’inceste a envahi sa vie. Le problème, c’est qu’elle doit encore prouver. Oui, Angot en est encore là. La société, dit-on – parce que me too, etc. – a changé. Mais on ne la croit toujours pas. Ceux qui savaient, ceux qui voyaient, ceux qui ne pouvaient pas ne pas ignorer, les proches, ne la croient pas, ou feignent de croire. C’est abject.

Une femme interpelle Christine Angot au salon du livre de Nancy. Le Voyage dans l’est vient de paraître. Celle-ci a connu la veuve du père de Christine Angot. C’était « une femme bien », dit-elle. Comme sa sœur. L’échange se tend. On sent que cette dame n’y croit pas trop à cette histoire d’inceste. Elle est sceptique. Bah oui ! C’étaient des gens bien ! L’écrivaine répond, obligée, une fois encore, de se justifier : « J’ai quand même entendu, à un moment, mon demi-frère me dire, quand mon père est mort… Il m’a quand même dit “De toute façon, il a toujours dit que tu fabulais.” » Et c’est comme ça depuis le début pour Angot. À la difficulté de dire, s’ajoute la difficulté de se faire entendre. C’est difficile d’avoir ne serait-ce que la possibilité de parler, de s’exprimer, quand on a été victime d’une telle violence. On voudrait parler. Mais comment parler sans savoir si on sera compris ? Pour dire ça, il faudrait avoir la certitude, avant même d’avoir ouvert la bouche, que la réaction de l’autre sera celle que l’on attendait. 

Christine Angot, dans Une famille, filme le mensonge en train de se perpétuer, elle filme le moment où il est encore en train de se fabriquer dans la bouche du menteur, et puis elle filme aussi le dire, la parole qu’on espère, le moment où elle advient, trop vite ou trop tard, celle qui déçoit, qui met en colère, qui apaise, qui sauve. Elle a, dans le domaine littéraire, exploité la puissance des mots, du langage, elle l’a travaillé. Désormais, avec des images, elle la montre in medias res, dans la vie. C’est son coup d’essai, et son coup de maître à la fois. Le cinéma fabrique des histoires qui touchent les spectateurs autour d’une illusion de réel. Christine Angot fait du cinéma avec son histoire et filme l’impact de sa propre vie sur elle-même et sur les acteurs de celle-ci et, par ricochet, nous touche au cœur. C’est la vérité collant au réel qui nous parvient en ligne directe. Son long-métrage n’a rien à voir avec le making-off d’une existence ravagée. Là on est dans le in. Ce n’est pas une fiction. Ce n’est pas un reportage. C’est un documentaire ? Si vous y tenez. Un documentaire qui ne veut plus taire la vérité, qui documente le taire et le dire.

Angot la vérité elle la connaît. Elle ne supporte plus que certains en doutent. Alors elle va, par la multiplication des regards, le sien, celui de la caméra, celui des spectateurs, rendre ses interlocuteurs conscients. C’est sa théorie : l’addition des regards rend conscient. Elle ne leur laisse pas le choix, parce qu’elle n’a pas d’autre choix. Elle en a besoin, cette justification se suffit à elle-même. Point. On verra que, par les conversations qu’elle met en place, c’est elle, Christine Angot, qui protège son entourage. Par la pleine conscience des choses qu’elle provoque chez les autres, elle les sauve, dans un seul et même geste… Inversion des rôles.

Christine Angot va voir la femme de son père pour la mettre face à son silence. La femme du père demande : « Qu’est-ce que je peux te dire ? » Le dialogue est filmé sans effets de montage, c’est brut. Champ, contre-champ. L’une parle, l’autre répond, on voit les réactions de l’une, de l’autre. Aucune musique, aucun gros-plan. Ça ressemble à la vie telle qu’elle est vécue. On voit ce que voit la cinéaste. Sans mise en scène, il reste la scène, c’est-à-dire l’essentiel. Deux camps s’opposent lors de cette conversation : le camp du père qui a violé sa fille, le camp de la fille violée par son père. On se demande comment le premier camp peut exister. La veuve était au courant pour l’inceste : Claude, le mari de Christine à l’époque, lui en avait parlé, et puis il y a eu les livres. Mais pour elle ce n’était qu’une version de l’histoire, celle de la fille-Angot-qui-vend-des-livres-en-parlant-d’inceste. L’idée qu’il puisse y avoir, à propos des viols de Christine par son père, plusieurs versions possibles de l’histoire, laisse supposer que l’une ou l’autre pourrait être fausse. La vérité de la victime ne supporte aucun relativisme. Ceux (je pense à des membres de sa famille, à la critique littéraire, aux médias) qui n’ont pas voulu croire ou comprendre, Christine Angot sont passés dans le camp du père incestueux. Ils ont collaboré à ce crime.

La veuve dit qu’elle « ne veut pas savoir ». C’est la parole de l’auteure contre celle du père, qui se perpétue à travers sa veuve. C’est la même violence qui continue. Elle ne veut rien savoir et, ainsi, détournant le regard, ne reconnaissant pas la vérité, la niant, retire à celle qui a subi l’inceste toute la légitimité de sa souffrance. Si elle ne veut pas savoir, elle ajoutera qu’elle ne veut pas juger : à la violence des faits s’ajoute la violence des réactions qu’ils suscitent. L’escalade du pire se poursuit : elle va jusqu’à reprocher à Christine d’être venue chez elle se faire violer par son père, sous son propre toit, faisant qu’ainsi son mari la trompait. C’est parfaitement ignoble, comme la vie peut l’être parfois. L’idée que cette femme savait ce qui se passait et qu’elle n’ait rien dit… L’idée que cette femme ait continué d’aimer un homme en sachant qu’il violait sa propre fille… L’idée qu’elle puisse percevoir en Christine Angot, parce qu’elle continuait de voir son père, une femme qui avait une « relation » avec lui – on tombe, à peu de choses près, dans le « Tu venais parce que tu aimais ça ! Tu étais forcément consentante puisque tu venais ! »… L’idée qu’elle puisse s’envisager elle-même comme la femme d’un mari qui la trompait, et non comme la femme d’un homme qui violait sa fille… Que Christine, jeune fille, lui apparaisse comme la maîtresse de son mari… Que c’est petit bourgeois ! Que c’est immonde ! Un personnage de femme pathétique, comme on en trouve chez Chabrol.

On voit cette scène et on retient ce qui se dit, ce qui ne se dit pas, ce qui est sous-entendu. Et puis on retient l’image, je veux dire son esthétique. C’est comme ça tout au long du film. La caméra de Christine Angot, comme lorsqu’elle filmait sa famille dans les années 90, comme Claude le lui disait à l’époque, fixe la vérité. J’écris à propos d’Une famille, je raconte la scène, donc j’y pense, et je la revoie très bien. Elle n’est pas composée, elle est saisie, donc elle apparaît, et reste en tête. C’est bicolore, blanc et ocre. Il y a le tableau avec les citrons, le plaid ocre, le pantalon ocre, la lampe aussi, et puis le pull blanc, le canapé blanc, les murs blancs, les cheveux blancs… Christine, elle, dans ce décor, est en noir. Toute en noir. Elle porte un cuir. La veuve doit se dire : « Noir corbeau, pour l’oiseau de mauvais augure qu’elle est, noir comme la peste ! ». Moi, je pense noir cinéma, noir comme une caméra de cinéma, plantée là, au milieu du salon, en train de filmer par son regard. Parce qu’elle est la femme qui fait face, Christine Angot, dans ce film, est la femme-caméra.

Il y a parfois de ces détails dans les films… Des imprévus… Des choses qui sur le moment ne nous disent rien, mais qui plus tard font sens. Christine quitte le domicile de la femme de son père. La porte se ferme derrière elle. On la voit sortir et passer hors champ. Dans l’encadrement extérieur de la porte, au seuil de l’appartement, il y a un petit encart rouge, avec une inscription en blanc : « Protégé par un système d’alarme », suivie d’un numéro de téléphone. L’immeuble est sous surveillance. Je pense, par associations d’idées, filant la métaphore de l’alarme et de la protection : Christine Angot a sonné l’alarme, et on ne veut pas l’entendre parler de l’inceste… Elle n’a pas été protégé… On n’a pas veillé sur elle… Cette vieille dame a qui elle vient de parler ne suscite chez moi aucune pitié, car elle continue de se protéger confortablement d’une vérité terrible…

Et puis il y a la mère de Christine. Elle regrette que sa fille se soit éloignée d’elle lorsque son père la violait. On a l’impression qu’elle ne voit pas le problème, ou qu’elle ne veut pas le voir… La mère dit : « Je ne suis pas capable d’en parler ». Angot a réussi à mettre des images sur le silence, à capturer l’éloquence du non-dit. Tous les points de vue auxquels elle se confronte témoignent d’une incapacité à dire. Elle montre des conversations qui veulent épuiser leur sujet, l’inceste, et qui n’y parviennent pas – est-ce seulement possible ? Des dialogues qui voudraient tout se dire une bonne fois pour toutes. En parler, pour que justement on n’en parle plus ? Si on en parle encore cinquante ans plus tard, c’est qu’on n’en a pas parlé comme il fallait avant. On voit les infirmités de la parole, on les voit vraiment, sur l’écran. Les mots engorgés. Les mots qui passent dans le regard et qu’on n’arrive pas à attraper. Les inspirations qui annoncent une phrase qui ne sortira pas. Celles qui sortent mal, et frappent plus vite que prévu. L’émotion du dialogue est là. On comprend ce que parler veut dire. Le spectateur perçoit le pouvoir des mots, les ravages qu’ils peuvent causer, leur capacité à libérer aussi. En parlant on peut se libérer soi-même tout en libérant l’autre. Les mots, Christine Angot, c’est son travail, son métier. 

Tout cela, ce qui a été dit ou pas dit à propos de l’inceste, c’est le point de départ, le trajet, et l’arrivée du film. C’est ce qui le porte autant que ce qui le fait. C’est ce que certains voudraient défaire. La veuve du père porte plainte contre Christine pour voies de faits. Sa réaction est filmée, sa conversation avec son avocat aussi : « Ton histoire, d’une certaine manière, appartient à tout le monde. […] On peut faire autant de mal en ne disant rien, qu’en disant les choses. Et parfois on fait beaucoup plus de mal on ne disant rien. » C’est tout le propos du film, c’est ce que Christine Angot a réussi à montrer au cinéma : la douleur provoquée par le silence.

La veuve porte plainte pour « voies de fait ». Christine Angot a réalisé un film sur sa quête, allant chercher ce que des voix silencieuses depuis trop longtemps avaient à dire sur les faits. Cette histoire les concernait tous. Ils étaient une famille. L’inceste existe dans la vie de Christine, dans celle de Léonore, de Claude, de son compagnon Charly, de sa mère, de la femme de son père… Ils savent. Tous, les uns et les autres, à des moments différents, ont dû, ou auraient dû, trouver les mots. Parce que c’est là. Parce qu’en parler est inévitable. En racontant cela, le film nous montre ce que nous connaissons tous, chacun pour des raisons différentes : il y a, dans nos vies, des phrases que l’on attend, des mots que l’on espère entendre, dont on veut qu’ils soient dits par telle ou telle personne. Une famille filme le trop-plein de cette attente, sa fin aussi. Quand on doit aller chercher ces paroles, les soutirer aux forceps, ont-elles encore de la valeur ? Est-il, à cet instant, trop tard ? Est-ce qu’il vaut vraiment mieux tard que jamais ?

Cette œuvre n’est pas un procès, c’est une mise en conscience, c’est la captation en direct d’un déni à son crépuscule.

Le spectateur est en droit de s’interroger : qu’est-ce qu’ils auraient dû dire alors ? C’est Léonore, la fille de Christine Angot, qui a la fin du film, donne la réponse. C’est bouleversant. Vous verrez. En attendant, Une famille est un film unique, important. Un film qui parvient à faire parler le silence, à dire la vérité du souvenir au présent. Dans les dictionnaires, il faudra désormais écrire : « ANGOT, Christine. Écrivaine, cinéaste. »

2 Commentaires

  1. Je ne vois que de victimes de cette histoire scandaleuse. Je souffre pour toutes, même pour les épouses qui ont été traumatisées pour la vie. Je peux les comprendre dans leur silence parce qu’elles sont des victimes et des collaboratrices en même temps… Il faut de l’amour pour pouvoir se réunir et enfin parler et essayer à guérir ensemble…

    Amicalement de la Suède,
    Maja

  2. En tant qu’amnésique deux fois 27 ans, avec la terreur d’y être replongée par un trop-plein de violence qui serait à nouveau ingérable, je me sens en grande communauté de souffrance avec Madame Angot, quand cette souffrance est causée par le déni opposé par la famille face à la révélation de l’inceste par la personne qui l’a subi.