C’est par un communiqué de presse publié sur leur site Internet le 25 janvier 2022 que le Service de Protection de la Communauté Juive[1] (SPCJ) rend compte des chiffres de l’antisémitisme pour l’année 2022[2], à l’avant-veille de la journée internationale de commémoration en la mémoire des victimes de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’Humanité. Ce communiqué de presse fait suite à la publication de son rapport annuel sur le recensement des actes antisémites en 2022[3].

Dans ce rapport, le SPCJ informe que 436 actes antisémites sont recensés en 2022, pour 589 actes en 2021 (soit une baisse de 26%), 339 en 2020, 687 en 2019 et 541, en 2018.

Dans le détail, le SPCJ relève qu’en 2022, 53% des actes antisémites portent atteinte à des personnes. Près d’1/4 des atteintes aux biens correspond à des dégradations ou des inscriptions visant en réalité des personnes (dégradation de porte ou de boîte aux lettres appartenant à une personne). Le SPCJ rappelle que, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, plus de 60% des actes anti-religieux portant atteinte aux personnes sont dirigés contre des Juifs, alors qu’il s’agit de moins de 1% de la population française.

Dans son communiqué de presse, le SPCJ précise que près de 10% des actes antisémites sont des agressions physiques violentes et 14% de ces agressions physiques antisémites sont commis avec une arme (arme de poing, couteau, cutter, hache, ciseaux…).

Le Crif s’est empressé de communiquer également sur le sujet, en publiant ensuite son propre communiqué de presse[4]. Dans celui-ci, Yonathan Arfi, le nouveau président du Crif affirme avec raison que « l’antisémitisme n’est pas une menace que pour les Français juifs. Si l’antisémitisme commence avec les Juifs, il ne s’arrête jamais aux Juifs : il est un indicateur avancé de l’état de santé de la société française. » Par ailleurs, interrogé par l’AFP, Yonathan Arfi précise : « Évidemment, une baisse est une bonne nouvelle, mais c’est à relativiser[5] ».

Relativiser la baisse des actes antisémites en 2022 ?

Pour répondre à cette question, nous allons développer plus précisément quatre points.

1) D’abord, il faut rappeler que des drames ont profondément marqué la communauté juive en 2022, notamment un homicide qualifié d’antisémite (le 13ème homicide depuis les années 2000) où un homme de 89 ans de confession juive a été défenestré par son voisin[6]. « Il serait scandaleux de se réjouir de ces chiffres l’année où l’on a assisté au meurtre antisémite de René Hadjadj à Lyon », relève Anne-Sophie Sebban-Bécache. Interrogée par Le Point[7], la directrice d’AJC-Paris, le bureau français de l’American Jewish Committee (AJC) mentionne deux autres homicides : la mort de Jérémie Cohen à Bobigny violemment agressé avant d’être percuté par un tramway en cherchant à échapper à ses agresseurs[8] et le meurtre de Liyahou Haddad à Longperrier, tué à coups de hache par un voisin. « Une des clés de l’antisémitisme est un facteur de déchaînement de la violence, une barbarie spécifique au phénomène, il suffit de se souvenir de ce qui est arrivé à Sarah Halimi, défenestrée après avoir été torturée », rappelle la responsable associative.
En effet, cette spécificité dans la violence antisémite, telle qu’elle est perpétrée, pose de nombreuses questions. Les actions menées sont souvent aussi imprévisibles que violentes. Elles laissent des traces et des séquelles. Une baisse des actes d’une année à une autre ne suffit pas à en atténuer la portée et à en relativiser sa dangerosité.

Pour rappel ici, et ce chiffre est important : si l’on reprend tous les chiffres annuels d’actes antisémites qui ont été publiés depuis l’année 2000, 13.091 actes antisémites ont été comptabilisés dans notre pays. Ce chiffre est considérable[9]. Alors, une baisse d’une année à une autre, alors que cette situation est totalement anormale et que l’antisémitisme sévit dans notre pays depuis 22 ans, ne suffit pas à en relativiser la portée, ni à se réjouir d’une baisse toute relative.

2) Dans la configuration actuelle, l’antisémitisme revêt plusieurs caractères et des spécificités particulières, qui peuvent se développer conjointement et/ou se succéder. Ce que nous allons passer très brièvement en revue, maintenant.
À la prégnance d’un antisémitisme qui est lié au conflit israélo-palestinien et qui revêt différentes formes les plus souvent agressives (la délégitimation d’Israël, des manifestations qui peuvent être violentes, des agressions ou des accusations particulières, par exemple), s’ajoutent la permanence de stéréotypes malfaisants[10]. Nous trouvons également des accusations outrancières (portées par exemple, pendant l’épidémie de Covid), la forte augmentation de l’antisémitisme dans les réseaux sociaux, les profanations de synagogues et les graffitis antisémites sur des entreprises juives, l’antisémitisme qui est propagé ou instrumentalisé par les islamistes. Pour ne citer que ces quelques exemples.
Dans ces conditions, il n’est pas faux d’affirmer que l’antisémitisme peut s’appuyer sur une ancienneté (par exemple, celle des stéréotypes). Mais, il sait se développer et surtout s’adapter. Cette adaptabilité de l’antisémitisme se retrouve lors de la crise du Corona. Elle prend différentes formes (caricatures antisémites, accusations portées contre certaines personnalités, diffusion de rumeurs, d’informations erronées, mensongères et trafiquées sur fond de complotisme…). Mais, l’antisémitisme dans toute sa diversité et ses manifestations multiples ne peut se développer que parce qu’il exerce une attractivité dans certains milieux et auprès de certaines couches de la population.
Les chiffres des actes antisémites communiqués par le SPCJ donnent des informations précises, certes. Le nombre d’actes permet de situer ce qu’il en est de sa gravité et de se livrer à des comparaisons annuelles ou de chiffres équivalents publiés dans d’autres pays. Par exemple, de voir si les violences physiques ont augmenté. De comprendre ce que sont les atteintes aux personnes. De déterminer quels sont les actes commis dans la sphère privée. D’entrevoir ce que sont les menaces antisémites (moqueries désobligeantes, propos vexants, gestes menaçants, distribution de tracts ou diffusion de courriers anonymes, inscriptions diverses, insultes dans les réseaux sociaux). De voir quels sont les départements les plus touchés ou les villes. Etc.
Mais, ces chiffres qui donnent des indications précises doivent être complétés par d’autres données. C’est pour cela que nous encourageons le SPCJ à publier des extraits d’actes antisémites, tels qu’ils se sont déroulés. Afin que l’on comprenne et dans le détail, en nous appuyant sur des faits précis et des récits, comment des gens ont été agressés, comment les choses se sont déroulées, quelles ont été les conséquences de ces actes ? Comment les victimes ont réagi. Ces faits ainsi déroulés permettent de se faire une idée plus précise de ce que les gens subissent[11]. Parler d’actes, d’agressions ou de menaces antisémites dans leur globalité en citant un chiffre ou un pourcentage ne permet pas de mesurer avec exactitude ce que les Juifs supportent.

3) Enfin, les chiffres des actes antisémites de 2022, communiqués par le SPCJ, tout aussi intéressants soient-ils, ne sont pas exhaustifs.
En 2022, comme les années précédentes, les victimes ne portent pas forcément plainte par peur de représailles. Cela peut se comprendre, probablement parce que les agresseurs peuvent connaître leurs victimes et/ou vivent à proximité d’elles. Ensuite, les victimes peuvent ignorer qui sont leurs agresseurs, tout simplement. C’est encore plus vrai, lorsqu’il s’agit d’inscriptions, de dégradations et de lettres anonymes ou lorsqu’il s’agit de menaces sur Internet (avec l’anonymisation et la pseudonymisation dans les réseaux sociaux). Or, ces types d’actes antisémites prolifèrent sur Internet, sans que les auteurs ne soient poursuivis ou condamnés. Pourquoi porter plainte si les agresseurs ne risquent rien (ou presque) ? De toute évidence, nous pensons que cette relative impunité décourage les victimes, peu confiantes sur l’aboutissement d’une enquête et sur l’issue d’une procédure pénale.

4) Enfin, pour être plus complet sur le sujet, il faudrait ajouter aux chiffres communiqués par le SPCJ, les résultats d’un rapport qui vient d’être publié en janvier 2022 par l’organisation sioniste mondiale[12]. Selon ce rapport, en France, 74% des Juifs ont été victimes d’actes antisémites au cours de leur vie. 37% d’entre eux indiquent se sentir menacés en raison de leur appartenance religieuse. 41% des Juifs français admettent ne pas mettre de mezouza[13] à leur porte de peur d’être identifiés comme Juifs et 35% évitent de porter un vêtement distinctif comme la kippa. 80% de ceux qui ont vécu un acte antisémite n’ont pas porté plainte auprès des autorités. Il est à noter que 73% des Français non-juifs interrogés estiment que l’antisémitisme est un problème pour l’ensemble de la société française[14].

Au fond, on ne reviendra peut-être plus jamais à la situation qui prévalait avant l’année 2000. En 1998, seuls 81 actes antisémites avaient été comptabilisés, 82 en 1999. Nous en sommes aujourd’hui à 436. De quoi se réjouir, vous pensez ?


Marc Knobel est historien, il a publié en 2012, L’Internet de la haine (Berg International, 184 pages). Il publie chez Hermann en 2021, Cyberhaine. Propagande, antisémitisme sur Internet.


[1] Le Service de Protection de la Communauté Juive a été créé en 1980, au lendemain de l’attentat de la rue Copernic à Paris. Le SPCJ est issu d’une volonté commune du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF), du Fonds Social Juif Unifié (FSJU) et des Consistoires, de protéger la communauté juive dans son ensemble.

[2] https://www.spcj.org/les-chiffres-de-l-antis%C3%A9mitisme-2022-a

[3] Depuis plusieurs années, le service central du renseignement territorial (SCRT), qui dépend du ministère de l’intérieur, suit l’évolution des actes racistes, grâce à des synthèses chiffrées, comptabilisant les « actions » (homicides, attentats et tentatives, incendies, dégradations, violences) et « menaces » (propos, gestes menaçants, démonstrations injurieuses, inscriptions, tracts et courriers). Ces données sont croisées avec les signalements centralisés au ministère de l’Intérieur, ils émanent des différents services de Police sur le territoire français. Elles sont ensuite croisées avec les signalements transmis par le Service de Protection de la Communauté Juive (SPCJ). Mais, ces synthèses chiffrées comptabilisent les actions et les menaces qui ont fait l’objet d’une plainte ou d’une main-courante auprès des services de Police.

[4] http://www.crif.org/fr/content/communique-du-crif-persistance-actes-antisemites-en-2022

[5] https://www.20minutes.fr/societe/4020581-20230126-securite-selon-crif-actes-antisemites-baisse-26-entre-2021-2022

[6] https://www.leprogres.fr/faits-divers-justice/2022/05/24/mort-de-rene-hadjadj-l-emoi-ne-retombe-pas-dans-la-communaute-juive

[7] Clément Pétreault, « Antisémitisme : une année 2022 contrastée », Le Point, 25 janvier 2023.

[8] https://www.leparisien.fr/faits-divers/mort-de-jeremie-cohen-deux-hommes-mis-en-examen-et-ecroues-15-04-2022-2BH3IONLGZA23M2JOGLZIBCAR4.php

[9] Voir la page 21 de ce rapport avec son tableau statistique depuis 2000 : https://www.spcj.org/rapport-antis%C3%A9mitisme-2020-pdf

[10] Rappelons qu’une enquête AJC – Fondapol dans son édition 2022, intitulée « Radiographie de l’antisémitisme », montre que trois foyers de l’antisémitisme se développent chez des sympathisants de LFI, du RN et chez des répondants de confession musulmane. Par exemple, 54% des répondants de confession musulmane pensent que les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine des médias, 29% à LFI, 27% au RN. 51% des répondants de confession musulmane pensent que les Juifs ont trop de pouvoir dans la finance, 34% à LFI et 26% au RN. 42% des répondants de confession musulmane pensent que les Juifs ont trop de pouvoir en politique, 23% à LFI et 26% au RN.

[11] Lorsque j’avais publié, en 2013, Haine et violences antisémites, une rétrospective 2000-2012, (Paris – Berg international éditeurs, 350 pages), j’avais par exemple reproduit les actes antisémites de 2006, afin qu’ils ne tombent pas dans l’oubli, pp. 297-333.

[12] L’Organisation sioniste mondiale a pour vocation de promouvoir le sionisme auprès des communautés juives.

[13] Objet de culte juif apposé au chambranle de l’entrée d’une demeure. Il consiste en un rouleau de parchemin comportant deux passages bibliques, emboîté dans un réceptacle.

[14] https://www.youtube.com/watch?v=rRvwuN3jmM8.
Écoutez également « L’entretien du 18H, avec Marc Knobel, au sujet du rapport de l’organisation sioniste mondiale sur l’antisémitisme pour l’année 2022, sur Radio Judaïca Bruxelles : https://radiojudaica.be/podcasts/les-invites-de-judaica-152/le-rapport-de-l-organisation-sioniste-mondiale-sur-l-antisemitisme-pour-l-annee-2022-25-01-2023-397

5 Commentaires

  1. À supposer que Netanyahou soit l’homme de la colonisation, il faudrait jeter dans le même opprobre son homologue Lapid, or, vous n’avez pas bougé une oreille, si je ne m’abuse, Monsieur l’Antifascisme (mais pas dans sa phase verte), Madame l’Insoumise (sauf au bloc de la Peste), quand Emmanuel Macron, pilote d’une république à propulsion, ouvrait grand les portes des Enfers élyséens à l’odeur de sainteté d’une autre coalition, écartelée façon Henri IV. Auriez-vous craint que votre antisémitisme radical ne se fût retrouvé les fesses à l’air sous les pavés brûlants de vos bonnes intentions ?
    Netanyahou, l’homme de la colonisation ? vraiment ? Et si on attaquait le problème épineux du messianisme moderne sous l’angle de la décolonisation. Si on avait le courage de nommer l’ennemi de la nouvelle nouvelle gauche : l’homme de la contre-restauration impériale, l’homme qui ne se fait pas balader par une association de malfaiteurs djihado-croisés prêts à toutes les trahisons, pourvu que cela serve leurs causes convergentes jusqu’à l’entrechoquement fatal, et en même temps, l’homme de la possibilité d’une normalisation des relations internationales entre les Douze tribus et le beau-père de Moshè, ou intranationales avec les otages d’une colonie de peuplement mahométane que l’on sait compatible avec la citoyenneté israélienne et le respect des principes d’un État de droit juif.
    Si vous élaboriez vos stratégies en historiens honnêtes, vous encaisseriez cette évidence qui veut qu’Israël s’inscrive dans le grand mouvement de décolonisation de l’après-guerre, au point, qui sait, d’en avoir initié malgré lui l’inexorable dynamique. Netanyahou en deviendrait l’homme de l’anticolonisation, le digne héritier de ces pères fondateurs de la démocratie proche-orientale qui n’étaient autres que les leaders d’un peuple quadrimillénaire ayant recouvré sa souveraineté après vingt siècles d’occupation en chaîne, d’une nation trimillénaire ayant reconquis son indépendance en imposant sa réalité incontestable au bégaiement d’une histoire empirique sur laquelle le soleil ne tarderait pas à se coucher.
    Netanyahou est de manière indubitable un indépendantiste, sans pour autant céder à un anticolonialisme revanchard tel qu’on put le voir à l’œuvre partout ailleurs. Israël ne traite pas à la mitrailleuse le problème que pourraient poser à son avenir pérenne ses propres harkis, quand bien même aurait-ils livré des armes idéologiques et logistiques à quelques djihadistes au casque bleu. Israël ne pratique pas une politique de la terre brûlée poussant au rapatriement sanitaire le dernier spécimen représentatif des Pieds Noirs panarabes dont la Ligue propalestinienne a façonné l’identité nationale. Israël fut même capable de les prendre au mot en leur proposant de couper le cordon tout en créant à ses frontières le premier État démocratique arabe, respectueux des droits fondamentaux de ses voisins comme de ceux de ses propres citoyens. Que demandent les peuples ?

    • Je soutiens qu’accuser Israël de coloniser son propre foyer national, ce n’est pas simplement l’éclabousser de honte, mais le plonger dedans et lui maintenir la tête dessous.
      Toute recherche de paix, jusqu’au partage en deux nouveaux États, devrait partir de ce constat.
      L’idée qu’avant les Israéliens, des Palestiniens auraient peuplé la Terre sainte, est une fumisterie.
      Le peuple palestinien, tel que le conçoit l’Acommunauté, est non seulement une pure abstraction, mais une divagation des plus ambiguës.
      S’accrocher à l’idée que dans l’État où la chose se trouve, lui donner consistance représente notre meilleur espoir de prolonger la trêve et l’olympiade d’échecs, très bien.
      Mais alors, on le fait correctement.
      Avec correction.
      Et intégrité.

  2. L’Aspic de Ramallah aura dû patienter trente ans avant que son charmeur — un attardé postsoviétique — ne rende quasi caducs les principes du droit international, lui laissant ainsi le champ libre pour délester son image narcissique de prétendant à la succession mahométane, d’un exténuant double discours, que les accords d’Oslo imposaient aux jouisseurs de l’AP respectueuse. Le terrorisme continuera de représenter pour lui, comme pour ceux qui auraient préféré serrer la main à son prédécesseur plutôt qu’à l’horrible Netanyahou, ladite arme des faibles. Si nous voulons trouver des responsables au massacre d’innocents exécutés par un cavalier de l’Apocalypse islamique, il faudra les chercher du côté de l’État dont ils sont solidaires et, disons-le, complices.
    Dans l’état où se trouve la Chose du peuple, manifester à la QAnon contre les résultats des dernières élections, why not ? à condition d’acter notre propre imposture afin de ne pas porter un coup fatal à notre probité intellectuelle, et nous féliciter collectivement et individuellement que le Premier ministre Netanyahou n’ait jamais commandité l’empoisonnement au polonium d’un détracteur du Mossad ou, plus récemment, qu’il ait aussitôt recadré son ministre agité du bocal en réaffirmant les premiers principes d’un État de droit sous l’égide duquel l’individu abdique une partie des forces que lui ont conférées les lois de la nature, et ce, en faveur d’institutions ayant le pouvoir de garantir sa sécurité, de faire respecter ses droits, de traduire en justice le violateur de ces derniers.
    Conscients de cela, nous faisant forts de contrôler nos instincts de vie ou de mort, il ne serait pas déraisonnable d’étudier l’aspect éthique du droit des citoyens juifs d’un État hébreu à se voir accorder, certains jours de l’année, un droit de prière sur le mont du Temple. Estimons-nous heureux que l’esplanade des Mosquées n’ait jamais subit le sort qui fut infligé par Mehmed II à la basilique Sainte-Sophie de Constantinople ou à la Grande Synagogue d’Alger, rebaptisée « Mosquée de Ben Farès » sous la présidence démocratoriale de l’illibérateur Ahmed Ben Bella.

    • Par souci de précision, la construction de la mosquée d’Omar en 1193, dans la poussière d’un sanctuaire bimillénaire où, vingt-huit ans plus tôt, on avait vu un rabbin cordouan du nom de Moshe ben Maïmon procéder à d’hallucinantes libations éthériques lors de son pèlerinage, demeure un sacrilège d’une nature équivalente à la désaffectation de Sainte-Sophie en vue de sa réaffectation en lieu de culte islamique.
      Le fait que l’État juif ait opté pour un statu quo sur la situation d’un lieu saint du judaïsme ayant été victime de profanations à répétition au fil des conquêtes impériales qui tenteraient tour à tour d’y intromettre leurs idoles crépusculaires ou d’en spolier le foyer historique, dénote, comme dit Montaigne, la plus expresse marque d’une sagesse qui devrait susciter l’éjouissance constante des Nations.

  3. Cers amis de la RDJ, et à son directeur, le Cher BHL, magnifique hommage aux aquarelles de Wiaz, le père de Anne, disparue , il y a quelques années.Et, très intéressants articles très denses de Gilles Hertzog, et extraits du journal de Dosto….A très bientôt, Edith Dahan.