Je m’appelle Oleksii Reznikov. Je suis le Ministre de la Défense de l’Ukraine.

Ceci est un message de Kiev.

Je m’adresse ici aux soldats et aux marins, aux sergents et officiers mariniers, aux aspirants et officiers, aux généraux et aux amiraux de l’Armée russe.

Je dis bien de l’Armée russe.

Je m’adresse d’abord aux officiers et aux commandants. Parce que c’est vous qui prenez les décisions.
Je n’aborderai pas la situation actuelle sur les premières lignes. Vous la connaissez vous-mêmes. Parlons de la suite.

Parlons de votre avenir. Vous y pensez à coup sûr.
Prenez ce que je dis comme les mots d’un homme avec une certaine expérience de la vie.

J’ai fait mon service militaire obligatoire dans l’armée soviétique et j’ai été démobilisé en tant que sergent. Mais je suis un civil. Et la majeure partie de mon expérience professionnelle est le droit et la négociation.
Tous ceux qui ont participé aux négociations avec moi, même de l’autre côté de la table, y compris les Russes, savent que mon style est de dire la vérité.

En tant qu’avocat, j’ai l’habitude de traiter des faits. Et je voudrais attirer votre attention sur ce qui suit.

Le général Valerii Zaluzhnyi, commandant en chef des forces armées de l’Ukraine, est connu et respecté non seulement en Ukraine, mais aussi dans de nombreux pays. Il est respecté pour avoir défendu avec succès sa patrie contre l’une des armées les plus puissantes du monde, la vôtre. Il a soigneusement étudié les travaux du chef d’état-major général russe, Valery Gerasimov. Et maintenant, il applique avec compétence ces connaissances sur le champ de bataille.
Le colonel général Oleksandr Syrskyi commande nos forces terrestres. C’est lui qui a organisé la défense de Kiev. Maintenant, il dirige les opérations dans les régions de Kharkiv et de Lougansk.
Le vice-amiral Oleksiy Neizhpapa commande la marine ukrainienne. Lui et ses hommes ont coulé un navire amiral russe. Pour la première fois en cent ans.
Le général de corps d’armée Mykola Oleschuk commande l’armée de l’air ukrainienne, que votre propagande a détruit, mais seulement de nom, en février dernier. Mais pour une raison quelconque, vous enterrez encore vos pilotes tous les jours.
Nos parachutistes, sous le commandement du général de division Maxym Mirgorodskyi, sont maintenant en première ligne pour anéantir vos défenses.
Mais où sont les vôtres ? Vous le savez comme moi. Aux mêmes endroits que vos marins. Dans les cimetières. À Kostroma. Pskov. Riazan. Oulianovsk. Kaliningrad. Oulan-Oude. Toula, Novorossiysk et d’autres villes.
Vos parachutistes meurent maintenant sur la rive droite du Dniepr. Ils connaissent leur métier. Mais quelqu’un au Kremlin a décidé de les envoyer à une mort certaine.

Pourquoi tout cela ?
C’est très simple.
Vous avez été trompés et trahis.
Ils vous avaient promis une promenade de santé. Mais ils vous ont envoyé dans un piège. Vous payez de votre sang les fantasmes et les faux objectifs de quelqu’un et des siens.
Ils ne vous écoutent toujours pas. Parce que vous écouter maintenant signifierait admettre leurs erreurs. Mais ils n’aiment pas la vérité, à Moscou. Il est plus facile pour eux de raconter comment vous êtes morts héroïquement au combat contre les hordes fictives de l’OTAN.
Les pays de l’OTAN nous fournissent des armes. C’est vrai. Mais ce sont les soldats ukrainiens qui vous frappent avec ces armes. Vous le savez.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky visite les lignes de front. Que ce soit Lysychansk sous le feu ou Izyum libérée.

J’ai moi-même remis à maintes reprises des récompenses et des armes à nos meilleurs soldats dans les tranchées. C’est un honneur pour moi.

Notre Président est avec son armée. Où donc est le vôtre ?

Vous savez bien qu’en Ukraine, vous ne libérez personne. Vous détruisez des villes entières où, hier encore, les gens vous considéraient comme de bons voisins et parlaient russe. Et maintenant, l’inimitié a été semée pour des générations.
Beaucoup d’entre vous ont déjà compris que vous avez été envoyés pour mourir et non pour une juste cause.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle votre chef se cache dans un bunker et ne vient pas sur le Front se chauffer à vos côtés ? Il a peur de votre épiphanie, de votre mépris, de votre juste colère.
Nos défenseurs de Marioupol ont exécuté les ordres jusqu’au bout. Et nous ferons tout pour les sortir de vos prisons. Nous le faisons déjà. Parce que ce sont des héros.
Je peux énumérer des dizaines de noms de nos généraux, officiers et soldats. Parce que nous sommes fiers d’eux. En tant que ministre, je suis fier d’eux.
Ils sont le sel de notre terre. Et nous prendrons soin d’eux après la guerre.

Et qui êtes-vous maintenant ? Demandez-vous comment les gens vous voient.

Qui serez-vous après cette guerre pour vos enfants et petits-enfants quand ils découvriront la vérité ?
Comment allez-vous entrer dans l’Histoire ?
Comme ceux qui ont combattu sous une même bannière avec des condamnés, des droits communs ? On se souviendra de vous comme de voleurs, de violeurs et de meurtriers.

Je vais vous dire ce qui vient ensuite.
Des milliers de jeunes hommes russes vont mourir. D’autres, en plus grand nombre encore, seront laissés sans mains ni jambes. Mais ils seront déshonorés. Vous et eux serez tous des boucs-émissaires. Et une fois de plus trahis. Comme vous avez été trahis plusieurs fois auparavant. Souvenez-vous des guerres en Tchétchénie. Vous êtes déjà humiliés publiquement par ceux qui mènent la guerre contre TikTok. Et ce n’est que le début.

Nul ne parle plus à la personne qui est encore le chef de la Russie. Le Président de l’Ukraine s’y refuse explicitement.
Qui représentera la Russie dans d’éventuelles négociations à l’avenir ?
Je vais vous dire qui.
Ceux qui vous ont déjà trompés. Et qui se préparent à vous blâmer.
Parce que c’est vous ou eux.
Et vous savez que c’est la vérité.
Les fonctionnaires et les politiciens de Moscou qui vous ont envoyé à la guerre, ont de l’argent et des biens dans les pays de l’OTAN. Ces mêmes pays qui nous fournissent des armes. Leurs familles sont dans les pays de l’OTAN. Jusqu’à très récemment, ils se sentaient très bien à Londres et à Washington. Ils n’ont pas du tout besoin de Lyman, Popasna ou Kakhovka. Ils ne savent même pas où se trouvent ces villes martyres.
Ils comprennent qu’ils sont tombés dans un piège avec la guerre. Et ils feront tout pour mettre leurs erreurs de calcul, leurs vols sur votre dos. Pour vous en rendre responsables.
Après la guerre, vous serez ceux qui devront regarder dans les yeux des infirmes, des veuves et des orphelins de vos soldats. Parce que personne du Kremlin ne viendra vers eux.
Vous devrez vivre à côté de ceux qui fuient maintenant en masse la mobilisation vers la Finlande, la Géorgie, le Kazakhstan et même la Mongolie.
Et ils seront confiants qu’ils ont fait ce qu’il fallait.
Vous réalisez cela, n’est-ce pas ?

Je ne vous donnerai pas de conseils.
Sachez-le.
Les Ukrainiens n’ont pas besoin de terres russes – nous en avons assez. Et nous reprendrons tout cela.
Nous garantissons la vie, la sécurité et la justice à tous ceux qui refusent de se battre immédiatement.
Et nous organiserons avec succès un tribunal pour ceux qui ont donné des ordres criminels.
Vous pouvez encore sauver la Russie de la tragédie et l’armée russe de l’humiliation.
Mais le temps presse.
Ne le gaspillez pas.


Traduit de l’anglais par Gilles Hertzog.