Cette semaine, la curieuse initiative de la « Primaire populaire » va trouver sa conclusion. Lancée par deux jeunes militants, Samuel Grzybowski et Mathilde Imer, elle a pour but de forcer la main aux sept candidats de gauche, et de désigner un champion ou une championne unique d’un camp dont aucun représentant ne dépasse le score de 10 % dans les sondages. 470 000 militants vont tenter de faire advenir ce que les partis se sont avérés incapables d’accomplir, et Christiane Taubira s’annonce comme la favorite de ce scrutin « préférentiel », qui représente la dernière péripétie de l’union de la gauche avant l’élection présidentielle du mois d’avril. Par un curieux effet de miroir, en avril 2022, ce sera l’anniversaire d’un jour d’infamie pour la gauche : l’élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle et l’accession de Jean-Marie Le Pen au second. Vingt ans plus tard, on retrouve bon nombre des mêmes protagonistes du petit théâtre de la gauche : Christiane Taubira, donc, qui était en 2002 candidate elle aussi, et qui fut accusée, en accaparant des voix socialistes sur son nom, d’avoir concouru au désastre, et les figures du mandat Jospin, tels François Hollande, alors premier secrétaire du PS, Jean-Luc Mélenchon, ministre socialiste sortant, Anne Hidalgo, proche de Martine Aubry et devenue tout juste première adjointe de Bertrand Delanoë. Dans ces vingt ans — pendant lesquels la gauche a gouverné cinq ans seulement — se lit la trace de tous les vertiges, les faillites, les erreurs du socialisme français.
Commençons par la « Primaire populaire ». Elle est donc fomentée par deux militants sortis de nulle part et qui ont avoué, dans une vidéo piratée puis mise en ligne qu’ils voulaient empêcher les candidats qui refuseraient de se plier au verdict de leur scrutin unilatéral (si on peut dire) d’obtenir les 500 signatures nécessaires pour participer à la présidentielle. Cette primaire populaire dont les candidats ne veulent pas postuler, et dont les électeurs ne croient pas tout à fait à la valeur, cette vraie-fausse élection, impose au futur vainqueur un programme en dix points (« Le socle commun »), qu’on lit avec un mélange de sidération et d’incrédulité, tantôt maximaliste (la gratuité de l’électricité et l’eau pour les premières unités de consommation, la socialisation des dettes des agriculteurs, la semaine de 4 jours et 32 h) tantôt comiquement abstrait (« mieux prendre en compte le temps long »). Dans les années 1990, les jeunes socialistes, experts en manipulations et en rapports de force, se contentaient de faire basculer, selon leurs intérêts, les congrès du PS ; désormais, ils tentent donc de désigner le prochain Président de la République. Cette culture « MJS », ce mouvement dont sont sortis Olivier Faure et Benoît Hamon, entre autres, cette « école du vice » comme l’appelait Mitterrand, baigne depuis toujours dans cette culture du « coup », des motions gonflées aux propositions ronflantes, de la politique apprise dans les amphithéâtres des facs en grève où l’on vote à la main levée. Elle nimbe l’imaginaire des apparatchiks socialistes, et a irrigué l’écriture de la fameuse série « Baron Noir », dont les auteurs ont côtoyé beaucoup d’anciens « jeunes », pour qui la politique se résume à des cartes d’adhésion, des astuces de remplissage de salles, des lignes idéologiques défendues par stratégie. Le drame, c’est que cette manière de faire de la politique est devenue, grâce à « Baron Noir », par ailleurs une formidable série, parfaitement cool. Le congrès de Rennes est désormais le « must » des « hipsters » — quelle drôle d’époque nous vivons…
Surtout, et c’est le plus important, cette « primaire populaire » repose sur un postulat : divisée la gauche ne peut gagner, et il faut donc forcer l’union. Disons-le, ce théorème est faux. Il est faux historiquement : lorsque Mitterrand remporte l’élection en 1981, il a, à ses côtés et contre lui, une candidature du PCF, une du MRG, une autre du PSU, sans compter Arlette Laguiller. En 2012, Hollande triomphe, mais après avoir bataillé contre une candidature écologiste et Mélenchon. À l’inverse, en 2017, l’union des socialistes et des écologistes ne les mène pas très loin, et Benoît Hamon, candidat commun, obtient 6 %. Il est faux ensuite, politiquement. Car cette union au forceps, ce mariage forcé n’a aucun sens dans la mesure où les candidats ne sont d’accord sur rien. Et l’on en revient à 2002. L’échec de Lionel Jospin avait incarné ce divorce de la gauche avec le peuple. Sur les sujets économiques, la « gauche plurielle » de Jospin était tiraillée entre une aile gauche (les 35 heures d’Aubry) et une aile sociale-libérale type DSK. Sur les questions de société, l’irénisme de Jospin quant à l’insécurité et l’immigration lui avaient coûté cher. Ces impensés, ces débats théoriques profonds, n’ont pas été résolus ; lorsque Hollande a dû, au pouvoir, les trancher, ou tenter de le faire, avec son « CICE » et sa politique face à l’islamisme menée avec Valls, la gauche s’est déchirée. Deux hommes seulement sont allés au bout de la logique de la gauche plurielle : Emmanuel Macron a formulé, brillamment, une offre politique sociale-libérale, et Mélenchon, non moins ambitieusement, a produit un corpus politique robuste pour l’aile gauche du socialisme. Et, dans le fond, on se dit que l’espace politique de la gauche sociale-démocrate ne sert plus à rien ; sa frange réformiste est aspirée par Macron, sa frange plus radicale devrait se retrouver chez Mélenchon. Si elle n’y est pas, c’est d’une part parce que Mélenchon, en 2017, alors que, du haut de ses 18 %, il régnait sur la gauche, a refusé, par ressentiment et hubris, de ménager des places pour les socialistes et les écologistes, et d’autre part, surtout, parce qu’avec ses positions pro-Poutine, ses excès antirépublicains, sa hargne et ses relents d’antisémitisme, par ses erreurs et ses fautes, donc, Mélenchon, n’a pas su ou voulu être le nouveau Mitterrand, capable de formuler, comme en 1981, la lettre et l’esprit de la gauche 2.0. Mélenchon a cru au nouveau clivage, infiniment dangereux, peuple contre élite, issu des théories de Chantal Mouffe. Il a laissé la gauche orpheline, en même temps qu’il ne parvenait pas à devenir le candidat du peuple, comme il en rêvait, mais seulement du populisme.
Dans ces conditions, à quoi sert la primaire populaire ? À rien. Et l’on en vient à dire ce qu’on ne pensait jamais énoncer : Jean-Luc Mélenchon, sur ce point, a raison. « Au lieu de pleurnicher sur l’état de la gauche, vous auriez mieux fait d’écrire des programmes pour qu’on puisse discuter » a-t-il raillé lundi soir en meeting à Bordeaux. L’union de la gauche ne sert à rien. Mélenchon est le seul à avoir passé ces 20 ans à avoir formulé un programme — si redoutable soit-il. Pendant ce temps, les Verts se débattent dans leurs contradictions internes ; le PS a recyclé ses vieilles lunes, sans clarification puissante ; et Christiane Taubira, avec tout le respect qu’on lui doit pour ses combats passés, a annoncé des mesures sans grande originalité, dépourvue d’une vision globale, ou, simplement, floues, par exemple sur la difficile question du nucléaire. Aussi, les manœuvres des organisateurs de la primaire populaire rêvent de trancher en dix points vingt ans d’impensés socialistes — comme si un théologien du dimanche offrait une encyclique de cinq pages avec l’ambition tranquille de réconcilier catholiques et protestants.
La conclusion logique est que le destin de la gauche — à cause de ses propres erreurs et de sa procrastination — est condamné à court terme. Et que les coups de billards à trois bandes façon « Baron Noir » ne visent qu’à faire de la tactique et non de la politique. Est-ce grave ? Oui, car c’est désespérant pour le « peuple de gauche ». Non, car dans le fond, c’est une question de rythme historique et de cycle politique. À tort ou à raison, les électeurs tiennent le quinquennat de François Hollande pour un échec et un renoncement. La gauche de gouvernement est un concept qui suscite l’urticaire. Il faudra probablement une génération — moins, si un génial leader survient, sait-on jamais — pour oublier cet épisode dans la conscience collective, et inventer un nouveau corpus de gauche qui soit populaire. En 1969, le candidat du PS, Gaston Defferre, récoltait 5 % des suffrages, le PC 21 %, Michel Rocard 3 %, soit, en ajoutant les deux autres candidats de gauche, un maigre 30 % pour ce camp, soit peu ou prou, ce qu’obtient la gauche pour l’instant dans les sondages de 2022. Comme on le sait, douze ans à peine après ce désastre de 1969, la France avait un Président socialiste. L’idée même de la gauche ne va pas disparaître, n’en déplaise à Emmanuel Macron. Un camp devra bien toujours incarner l’opposition aux injustices sociales et la vision d’une modalité plus démocratique de gouvernement. La gauche, et le PS, disposent par ailleurs d’une jeune génération de maires de grand talent — exactement ce qu’elle avait dans les années 1970 pour se reconstruire. Benoît Payan, par exemple, le très habile maire de Marseille, dirige la deuxième ville de France avec l’ensemble des composantes de la gauche, des écologistes aux Insoumis, avec un certain succès populaire.
Du 21 avril 2002 au mois d’avril 2022, c’est une longue débâcle pour la gauche, traversée de retour au pouvoir, comme elle l’avait subie de 1946 à 1969. En 2002, comme on le voit dans l’excellent documentaire « Comme un coup de tonnerre » de Stéphane Meunier sur la campagne socialiste de Jospin, Hollande et les socialistes assistaient incrédules à la lente déréliction des « enfants » de Mitterrand. On a vu entre 2017 et aujourd’hui, la course vers l’échec des « enfants » de Jospin — les Montebourg, Hamon, Valls, les « enfants gâtés » du socialisme, nés à la politique quand la gauche régnait. Aujourd’hui, avec la Primaire populaire, ce sont leurs propres enfants politiques, des enfants « gâteux », car répétant les gestes et astuces de leurs aînés, mais dans le vide, sans électeurs, sans parti, sans idées, dans cette élection virtuelle, dans une réalité de pixels. Ces « enfants »-là peuvent, tout aussi bien, à l’avenir, devenir les reconstructeurs de la gauche. Mais il leur faudra de vraies théories, de vrais élus, de vrais gens, pour reconstruire, vraiment, leur camp.
Il devrait être à la portée d’un esprit médiocrement humain d’admettre que les lois de Dieu se situent très au-dessus, d’aucuns diront au-delà, des lois de la République. C’est pour cette seule raison que l’ordonnancement républicain a choisi d’évincer toute prescription ou proscription religieuse des mêmes enceintes immatérielles au sein desquelles s’agrège le peuple et par là même tout citoyen que ce dernier surpasse et dont la confession n’appartenant qu’à lui n’interférera dans aucune décision de justice.
La loi républicaine est de fait inférieure aux lois religieuses, sauf à prétendre que l’homme est supérieur à Dieu. En raison de cette précarité physique et conscientielle qui l’implante instantanément sous un angle unitaire aux ombres duquel crépite l’immense pouvoir de transcender son désaxement diversitaire spécifique, le fils de Babèl a développé l’intelligence et la sagesse de se plier à la subtile intangibilité des lois impermanentes qui étaient en vigueur en tel ou tel point de son hypersurface historique.
Fût-il républicain, nul homme ne se hasarderait à prétendre être en état ou en situation de prononcer de plus justes jugements que Dieu. Cela étant gravé dans les marbres antiques, il n’en demeure pas moins que, sur son territoire, la République est seule juge, seule à pouvoir rendre un verdict, seule à punir et pardonner ; aussi n’est-il pas d’autre espace de liberté sous le seul ciel delacrucien et les seuls luminaires qu’elle se reconnaisse, que ce sur quoi son sceau a été apposé.
Il est à noter qu’en l’état du droit relatif à l’immatérialité de tout état de droit, rien n’empêche que les lois de telle ou telle religion recoupent le seul droit politique sur la base duquel un brassage de populations érigées en peuple, puis en nation démocratique, scelle son contrat social en garantissant à chacun de ses membres l’infrangible observance de la totalité des libertés individuelles fondamentales qui le différencie d’une machine animale aux pulsions mécaniques.
Dans le cas inverse, forte est la probabilité pour que leur suspension provisoire ou définitive — sur ce point, les voies de Dieu resteront impénétrées — fût cause de remous récurrents sous le crâne du plus républicain des hommes de foi, bien qu’accroché au mât de sa propre conscience, l’agité du bocal pût se féliciter d’avoir écarté de ses champs de progression et de croissance un risque de décollation constant et imminent.
Seule une représentation démocratique invertébrée laisserait la lézarder un Corrupteur de la PIR espèce, entraîneur honoraire de reptation intégriste, agent de nettoyage éthique d’une entreprise de subversion des étendards vivants que sont l’Homme ou le Citoyen d’une Liberté dont l’hitlérisme et ses rejetons ne sont jamais parvenus à purger le sang impur du sacrifice intime et fondateur.
Nul n’ignore ce que peuvent représenter, à l’échelle internationale, des compétitions sportives en termes de représentativité nationale. Aussi, veillons à ce que l’Inamicale frériste ne nous habitue pas à ovationner ses propres victoires à travers celles d’une trop fine équipe de France dont la liberté de suicider la République s’arrête net où commence la mission qu’elle assigne à ses membres de défendre des droits dont le peuple de Voltaire cultive et savoure l’usufruit.
Si Mitterrand a pu gagner, alors que la gauche est minoritaire en France et le sera toujours, c’est parce qu’il n’était pas de gauche. C’était un ancien de Vichy décoré de la francisque et c’est pour ça qu’il a gagné. Il a su rassembler la gauche où il s’était introduit par effraction, mais c’est l’appoint de tout le monde de droite et d’extrême droite anti gaulliste qui lui a permis de faire le trou. Maintenant il n’y a pas de Mitterrand capable de jouer sur les deux tableaux et donc de gagner avec les voix de la gauche. La gauche est minoritaire ne l’oubliez jamais. La France est un pays de droite. Avec toutes ces sottises, on aura Zemmour Le Pen au 2ème tour. On va rire.
Au crépuscule du monde ancien, l’éthique judéo-hellénistique de notre grand philosophe Emmanuel Levinas avait été convoquée au pied du mont Parnasse, ou n’était-ce pas plutôt Ararat… en tout cas, je me souviens d’une atmosphère de noyade collective… l’impression que nous étions alors submergés par les flots régressifs d’une éruption prénoachide, à quelques jours de l’exécution d’une condamnée à mort dont la sentence extraordinairement perverse qui la frappait, en tant qu’elle consistait à effacer son visage à coups de pierres après qu’on eut enseveli son corps sous terre jusqu’à la tête, était de nature à catégoriser les méfaits qu’avait la possibilité de continuer à inspirer l’idéologie nazie à travers le prisme résurrectif d’une théocratie islamo-aryenne.
Que dirait le même Levinas face à la succession de petites victoires que remporte maintenant et, de surcroît, ici, un infratribunal islamique nous incitant à entériner l’idée qu’une Marianne portant le hijab ne porte pas une atteinte gravissime aux lois de la République ?
Maître Malka soupèse les maux sur lesquels il sait mettre des mots. Le compte à rebours nous rapproche du ground zero civilisationnel à grandes enjambées. Consentir à ce que la chari’â dicte ses exigences au commerce du jouet serait un glissement fatal vers des renoncements irréversibles au bout desquels on suspendrait, dans les hypermarchés hamassistes français, des gilets d’explosifs pour enfants en bas âge à côté des poupées sans visage.
Détourner les yeux des zones franches dans lesquelles se requinquent les loups batards d’une Eins, Zwei, Troisième Guerre mondiale qui n’en finit plus de feindre qu’elle n’adviendra pas et, en creux, occulter le programme de coranisation mondiale — on ne peut plus préoccupant — que défend un Congrès islamique dont la désinvolture législative qui veut qu’on le consomme avec modération n’entrave en rien la progression, cela, et donc tout ce qui s’ensuit, fut la tare du royaume des Concons, et nous prions pour que notre éclatant sursaut sabote à temps ces grands travaux de destruction morale qui, à Damas ou au Donbass, goudronnèrent un boulevard aux Wagner et pourraient bien un jour, lors d’une présidentielle française, dégager une avenue aux seconds couteaux du Sovietsarévitch.
La géopolitologie ancienne partait du postulat aristotélicien selon lequel entre deux maux, il faut choisir le moindre.
À l’époque du Chah, l’intellectuel anticolonialiste et incidemment convaincu de la supériorité empirique de l’Occident impérialiste, ne pouvait envisager la possibilité d’une domination maléfique de l’être humain qui n’aurait pas joui d’un soutien implicite et complice de tout le bloc de l’Ouest. Il fallait donc opter pour l’inconnu, quitte à se jeter dans les griffes d’un anamorphe échappant à toute emprise militaire ou diplomatique.
Neuf ans après le sauvetage du Mali par les tenants d’une exportation douce de la démocratie, du genre de celles qui s’assurent que le partenaire de jeu a signé préalablement un contrat dans lequel il est stipulé qu’il consent à partager les valeurs humanistes de son libérateur, nous voilà étrangement parachutés, sans pour autant remonter le temps d’une seule seconde, à une époque où Foucault et quelques autres des incontestables arbitres d’un conflit planétaire intrinsèquement lié aux enjeux de progrès civilisationnels, pour ne pas dire anthropologiques, ne bénéficiaient pas d’un recul suffisant pour évaluer la dangerosité criminologique du faux prophète Rouollah Khomeini. Nous y sommes pour de bon, et vraisemblablement jusqu’au cou, et ce sans que la géopolitologie contemporaine ait pu tirer une once d’enseignement de quatre décades obscènes dont l’éboulement assomme nos années folles et nous projette telles des masses inconscientes vers d’autres années trente.
C’est alors que, afin d’antiphraser Terzieff, nous prendrons soin, une fois n’est pas coutume, de ne point insinuer que si ce n’est pas ou l’un ou l’autre, en l’espèce ou la junte malienne ou la nébuleuse islamiste, ce doit forcément être et l’un et l’autre. Car, voyez-vous, il est des circonstances où, entre un incurable mal et un mal incurable, il nous faut accepter l’idée que notre charge de tolérance infinitésimale n’est adaptée ni à l’un ni à l’autre.
Lequel de saint Jean-Luc ou de Z le Zarbi remportera les JO politiques de l’extrême ? Paradoxalement, sans aller jusqu’à prier pour une remontada de la gauche identitaire, on ne serait pas contre un phénomène de permutation magique ayant pour effet de ruiner les espoirs de Bugeaud le Berbère. Au temps prépogromique du Woky Trojan Horse, alors qu’un Hashshâshîn aurait tout loisir de se mettre et remettre en condition pour vaquer à ses opérations en cours avec l’aide d’une justice dont certaines décisions pourraient être moins exécutoires que contre-exécutives, on préférerait du grand n’importe quoi plutôt qu’un Juif antidreyfusard égaré entre sa passion instinctuelle pour le modèle assimilationniste républicain et son désir compulsif de restaurer feu l’Empire colonial français comme seule possibilité de rerapatriement vers une terre de transit ancestrale.
Dieu merci, l’ex-acolyte d’Éric Naulleau n’est pas taillé pour le rôle, une bonne affaire que Marion Maréchal aurait très vite flairée, pour ne pas dire comanigancée, après qu’on l’eut élevée dans l’idée que son destin était celui d’une petite princesse asservie aux lois saliques d’un carton-pâte incestueux. Se sachant prisonnière de ce système crypto-absolutiste dont la dissipation du mirage n’éprouverait aucun remords à provoquer sa propre désintégration, Son Altesse fut très tôt consciente qu’elle n’avait aucune chance d’accéder au seul objectif concevable pour une Petite fille de, avant que Tata Gargamelle n’abdiquât le trône de fRance ou ne cassât sa pipe. En tant que pièce maîtresse d’une mécanique de Reconquête, Marion la Grosse Ficelle, avec son appel perso à la révolution nationale, se substitue à l’ordre de succession au trône et, enfin, toutes les cartes sont rebattues et les murailles du chantage affectif battues en brèche.
En attendant d’autres séismes, nous ne mésestimons pas le risque, toujours élevé, d’un raz-de-marée antisystémique. Les sondeurs, en effet, n’avaient pas évité le ridicule en prédisant au RN un bon score pour les féodales. Mais RN et Le Pen sont deux choses bien distinctes, de la même façon que LaREM ne serait pas aussi haute dans les sondages pour la prochaine présidentielle si, victime d’une procédure d’empêchement, son candidat naturel se voyait forcé de passer la main à l’un des candidats malheureux de la majorité aux régionales de 2020. Soumise à l’implacable tectonique des socles, la balle est plus que jamais dans le camp des gouvernants crédibles. Les promesses chimériques ne font rêver que les révolutions dormantes dont la sonnerie du réveil retentit chaque matin pour mieux projeter cette arme de destruction des masses dans un brouillon de vies tramé de perles d’eau-forte amnésiées.