Comment c’est, une journée de confinement ?
…il est possible que j’emploie (et que nous employions) le mot confinement et le mot quarantaine de manière excessive… mais peut-être aurait-il été pire de le nommer d’autres manières tentantes tels qu‘internement, isolement, ostracisme… et d’évoquer (pourquoi pas?) l’utopie Civitas Solis de Tomas de Campanella, écrite pendant ses vingt-deux ans de prison… quelque temps plus tard, Newton croyait que des dragons couraient partout sur les pentes des Alpes.
…la girouette égocentrique est convaincue de faire tourner le vent… il est possible que j’essaie de me victimiser (encore un drôle de mot!) à un moment où, comme Héraclite, Diogène ou Jorge Manrique, nous voyons tous et ressentons que ceux qui vraiment souffrent ou meurent sont et seront toujours ceux que La Fortune a choisis avec la rigueur mathématique de la confusion.
…il est possible que cette victimisation souhaitée me fasse perdre l’accompagnement généralement solidaire de ceux qui, oui, souffrent ou meurent. Les Victimes indignées; que peuvent-elles enseigner à la pandémie déchaînée?… l’échec montre-t-il modestement ce que tait la réussite?
En quoi cet enfermement est-il différent des autres que vous avez subis, à la fois hospitaliers et par manque de liberté ?
… sont-ils incomparables: …avec des séances de véritable martyre (bronchoscopie) subies par les tuberculeux… ou le cachot («armoire de pierre») où pouvait passer des nuits entières à la Direction Générale de la Sécurité (de la Puerta del Sol à Madrid) le dissident de l’ancien régime?… je ne pense pas qu’aujourd’hui il soit totalement «indolore» de faire respirer une personne mourante ou de faire face à certains protocoles contre le cancer… les malades restant trois mois au lit devront réapprendre à marcher. …combien de condamnés à l’ancien goutte à goutte que nous appellerions aujourd’hui monstrueux!… les mouches tsé-tsé d’Hollywood rêvent-elles en technicolor?
Cette période vous inspire-t-elle ? Avez-vous une œuvre en rapport avec l’enfermement ? La complainte de la rue désertée ?
…évidemment et indécemment le poète est le grand bénéficiaire du moment… c’est pourquoi le malheureux Johann Wolfgang von Goethe écrit précisément Werther, son chef-d’œuvre… c’est pourquoi le génie du Nobel Echegaray va bénéficier jusqu’à son dernier soupir de la haine irrationnelle et masochiste de ses compatriotes… c’est pourquoi Anton Tchekhov a écrit ses plus beaux textes dans un couloir, sans entendre les cris des enfants… c’est pourquoi Santa Teresa frottant à genoux le sol de sa cuisine, et en grommelant, écrit par ordre supérieur l’histoire de sa vie (son autobiographie incomparable). …c’est pourquoi Tirso de Molina invente son mythe par-dessus la jambe… son nom n’était même pas Tirso De Molina mais José López, fils de «domestiques».
Pensez-vous que cette pandémie va changer la façon de nous exprimer artistiquement, à la fois en littérature et au cinéma, au théâtre ou dans le monde des arts visuels ?
…il semble que rien ne puisse changer le concept d’écriture de Thalès de Milet, Pedro Múñoz Seca ou Sapho de Lesbos… Borges et Calvin (celui-ci: l’«abominable» de son adolescence genevoise) nourrissent le même arbre (un if) dans le cimetière des victimes de la pandémie: le cimetière des rois… «pour la divinité insondable les deux forment-ils déjà un seul et unique être»?
Les baisers des films vont-ils disparaître pour toujours ?
…cela met-il un point final (comme Tirso l’avait pressenti avec son mythe essentiel) aux prétendus séducteurs etséductrices?… ce mensonge qui dit la vérité!… la séduction est-elle notre mythe?… est-ce un zéro qui attend son heure?… est-ce un bobard masculin?… une frime exponentielle?… sauf le vice, rien de plus excitant que la vertu?
…d’ailleurs je n’ai pas cessé de recevoir des messages pour calmer mes éventuelles envies de baiser avec un balai affublé d’un jupon…
…je ne mentionnerai pas les lupanars ou autres clubs de massage qui n’ont pas cessé au milieu d’une pandémie de me proposer les rendez-vous les plus chauds… quand les ruches deviennent agnostiques, les abeilles créent-elles un dieu?
Désormais nos rapports avec les autres vont-ils changer ?
…depuis Ève, Adam et Pan les choses ne semblent pas avoir trop changé… il est normal qu’un jeune me pose des questions sur mon ami Franz Kafka ou García Lorca… est-ce que les éléphants marchant sur l’eau impressionnent les baleines myopes?
Regrettez-vous ces réunions avec vos amis que vous ne pouvez plus tenir maintenant ?
…ces bien-aimés anachronismes étaient toujours les bienvenus, comme les cénacles avec Nathalie Sarraute, les rencontres quotidiennes à la Promenade de Vénus avec le groupe surréaliste, celles quasi bihebdomadaires avec mes amis dans mon capharnaüm, mes entretiens sporadiques avec Kundera, mes ateliers mathématiciens avec les frères Kahn… le temps n’a-t-il pas de réalité objective?
Que va-t-il se passer le jour où nous pourrons quitter l’isolement et sortir ?
…il me semble qu’un jour important sera celui où tous ceux qui souffrent cesseront de souffrir ou souffriront moins… et où il y aura moins de rivières qui se perdent dans la mer… au fond, le plongeur myope est-il visionnaire?
Combien de temps durent généralement vos parties d’échecs nocturnes ?
…elles durent toujours 10′ et j’en joue habituellement dix l’après-midi/soir… J’aime que le tohu-bohu décide de mon adversaire, de Tegucigalpa ou Tatanarive… les blagues de fakir ne font-elles rire que son lit à clous?
De quoi avez-vous parlé avec Houellebecq ?
…de quoi ai-je parlé avec Marcel Duchamp?… de quoi ai-je parlé avec André Breton?… de quoi ai-je parlé avec Samuel Beckett?… de quoi ai-je parlé avec Azorín?… de quoi ai-je parlé avec Mère Mercedes, mon institutrice? …de quoi ai-je parlé avec mon professeur de musique de Tolosa?… quand rien résout tout?
Que nous réserve l’avenir ?
…comme toujours, depuis le big-bang, des coups de théâtre?
…il nous enseignera l’humilité, comme toujours?
…avec la tendresse, nous pourrons planer sur la Voie Lactée?
En español
¿Cómo es un día de confinamiento?
…es posible que emplee (y quizás empleemos) la palabra confinamiento y cuarentena excesivamente.
…pero quizás hubiera sido peor nombrarlo con otras palabras tentadoras como reclusión, internamiento, incomunicación, ostracismo… y evocar ¿porque no? la utópica Civitas Solis de Tomás de Campanella, escrita durante sus veintidós años de cárcel… poco antes de que Newton creyera que los dragones correteaban por las faldas de los Alpes.
…la veleta egocéntrica está convencida de hacer girar al viento …es posible que intente victimizarme (¡vaya otra palabrita!) en un momento en que, como Heráclito, Diógenes o Jorge Manrique, todos vemos y sentimos que los que verdaderamente sufren y se mueren son y serán siempre aquellos que Fortuna ha decidido que lo sean con el matemático rigor de la confusión.
…es posible que esta deseada victimización me esté haciendo perder el generalmente solidario acompañamiento con los que, sí, están sufriendo o muriendo ¿Qué pueden enseñar las Víctimas ultrajadas a la pandemia desatada? El fracaso enseña modestamente ¿lo que el triunfo silencia? …pero ¿es que siempre amanece más temprano en camisas de once varas?
¿En qué se diferencia este encierro de los otros que ha padecido, tanto hospitalarios como los de falta de libertad?
…¿son incomparables: …con las verdaderas sesiones de martirio-a-pelo (broncoscopia) que sufría un tuberculoso… o la mazmorra (armario de piedra) en que pudo pasar noches en la Dirección General de Seguridad (de la Puerta del Sol de Madrid) el disidente del antiguo régimen? …no creo que hoy en día sea totalmente in-doloro hacer respirar a un moribundo o encarar ciertos protocolos de cáncer …aquellos a los que se les prescribe simplemente tres meses de cama (hoy como ayer y seguramente mañana) se percatarán que al salir de ellas tendrán que volver a aprender a andar. …¡cuantos pasaban horas amarrados al antiguo gota a gota que hoy califacaríamos de monstruoso! …las moscas tsé-tsé de Hollywood ¿sueñan en tecnicolor?
¿Le inspira este periodo a la hora de escribir? ¿Ha escrito alguna pieza relacionada con el encierro? No se si « Lamento por la calle solitaria » es uno de ellos…
…obvia e indecentemente el poeta es el gran beneficiario del momento …por eso el desdichado Johann Wolfgang von Goethe escribe precisamente Las penas del joven Werther, su obra maestra …por eso el genio de Echegaray va a gozar hasta el último suspiro del odio irracional y masoquista de sus compatriotas …por eso Antón Chejov escribió sus obras-magnas en un pasillo, sin oír el griterío de la chiquillería… por eso Santa Teresa fregando arrodillada en el suelo de su cocina, y refunfuñando, tiene que redactar por orden superior la historia de su vida (su incomparable y genial autobiografía). …por eso Tirso de Molina inventa su mito sin darle ninguna importancia con la mano izquierda… ¡ni se llamaba Tirso De Molina sino José López, el hijo de « criados« !
¿Cree que esta pandemia cambiará la manera de expresarnos artísticamente, tanto la literatura como el cine, el teatro o el mundo del arte visual?
…no parece que nada pueda cambiar el concepto de escribir desde Tales de Mileto, Pedro Múñoz Seca o Safo de Lesbos …Borges y Calvino (este, el « aborrecido » de su adolescencia ginebrina) nutren el mismo árbol (un tejo) en el cementerio de las víctimas de la pandemia: el cementerio-de-reyes …¿ »para la insondable divinidad los dos forman ya un solo y único ser « ?
¿Se habrán acabado para siempre los besos de película?
…¿pone el punto final (como intuyó Tirso con su esencial mito) a los pretendidos seductores y seductoras? …¡esa mentira que dice la verdad! …la seducción ¿es un mito tan nuestro? …¿es un cero que espera su hora… ¿es un infundio masculino? …¿una trola exponencial?… ¿salvo el vicio, nada más excitante que la virtud?
…por cierto personalmente no he cesado de recibir mensajes para calmar mis posibles deseos de follar con una escoba con faldas.
…no citaré los puticlubs u otros clubs de masaje que no han dejado en plena pandemia de hacerme proposiciones de lo más deslenguadas y colectivas …para mayor emoción …cuando los colmenas se vuelven agnósticas ¿las abejas crean un dios?
¿Cambiará a partir de ahora nuestra manera de relacionarnos con los demás?
…desde Eva, Adán y Pan las cosas no parece que hayan cambiado demasiado …es normal que un joven me pregunte por mi amigo Franz Kafka o García Lorca …los elefantes andando sobre el agua ¿no impresionan a las ballenas cortas de vista?
¿Echa de menos esas reuniones con sus amigos que ahora no puede celebrar?
…siempre fueron bienquistos anacronismos, como los cenáculos con Nathalie Sarraute, los diarios encuentros en el El Paseo de Venus con el grupo surrealista, las casi bisemanales tertulias con mis amigos en mi leonera-cafarnaúm, mis esporádicas charlas con Kundera, mis talleres matemáticos con los hermanos Kahn …evidentemente ¿el tiempo no tiene realidad objetiva?
¿Qué va a pasar el día que podamos abandonar el encierro y salir a la calle?
..me parece que un día importante será aquel en que todos los que sufren dejen de sufrir o sufran menos …y haya menos ríos que van a dar a la mar… en lo profundo ¿el buzo miope es visionario?
Cuánto suelen durar sus partidas nocturnas de ajedrez?
…duran siempre 10’ y suelo jugar diez por tarde-noche …me encanta que el tohu-bohu decida que juegue con un adversario de Tegucigalpa o de Tatanarive …los chistes de fakir ¿solo hacen reír a su cama de clavos?
¿De qué habla cuando habla con Houellebecq?
…¿de qué hablé con Marcel Duchamp? …¿de qué hablé con André Breton? …¿de qué hablé con Samuel Beckett? …¿de que hablé con Azorín? …¿de que hablé con la Madre Mercedes, mi maestra de párvulos? …¿de qué hablé con mi maestro de solfeo de Tolosa? … ¿cuando nada lo resolvía todo?
¿Qué nos va a deparar el futuro?
…¿va a actuar como siempre, desde el big-bang, con coups de théâtre?
..¿nos va a enseñar humildad como siempre?
…con la efusión de la ternura ¿podremos planear por la Via Láctea?