Partout en France, la fièvre monte. De la parole aux actes, il n’y a plus qu’un pas.
En février dernier, les chiffres étaient sans appel, les actes antisémites augmentaient de 74% et la violence verbale du quotidien reprenait de plus belle.
L’an dernier, les agressions homophobes devenaient légion dans les rues parisiennes et ailleurs.
Ces dernières semaines des propos légitimisaient le racisme anti-musulman. Un dernier sondage montre que plus de 40% des musulmans ont été confrontés à un acte raciste.
Contre toutes les formes de haine, nous avons marché et nous marcherons.
Notre indignation, notre combat, et nos actions, n’ont ni couleur ni religion.
Contre toutes ces formes de haine, l’Union des Etudiants juifs de France s’est toujours insurgée. Nous nous sommes indignés, nous nous sommes révoltés, et nous avons marché. Après les attentats de Charlie Hebdo et de l’HyperCaher, après l’assassinat raciste de Chaolin Zhang à Aubervilliers en 2016 et lors de tant d’autres moments.
Contre le racisme qui touche les musulmans, nous marcherons, car la France est une et indivisible, parce que notre République ne peut accepter la haine de l’autre, parce que nous sommes légataires d’une mémoire qui nous oblige.
Mais nous ne marcherons pas avec n’importe qui.
Ce dimanche 10 novembre, un appel à manifester contre l’islamophobie a été lancé.
Cette après-midi, nous ne marcherons ni avec le CCIF, ni avec Rokaya Diallo, ni avec Ader Abou Anas qui explique que les femmes vertueuses sont celles qui sont obéissantes à leur mari. Nous refusons de marcher avec ceux qui attisent la haine, ceux qui transforment la critique de la religion en acte condamnable, ou ceux qui refusaient à l’époque de marcher le 11 janvier car la présence du Premier ministre de l’Etat d’Israël les dérangeait trop.
Nous ne serons jamais aux côtés de ceux qui dénonçaient Charlie Hebdo et qui ont participé à enflammer les consciences, ni aux côtés de ceux qui font une hiérarchie entre les discriminations et les citoyens français.
Nous n’y avons d’ailleurs pas été invités. Sans doute sommes -nous trop républicains, trop blancs, trop juifs peut-être pour être des leurs.
Nous marcherons toujours, contre nos ennemis communs, qui insidieusement infiltrent notre République.
L’extrême-droite d’abord, qui, par la bouche d’un polémiste récidiviste, croit alerter sur une prétendue invasion musulmane, ou, par celle d’un élu, qui affirme de façon si éloquente son opposition au voile qu’il en devient nécessaire d’humilier la femme qui le porte.
Les identitaires musulmans ensuite, qui, en se posant en victimes d’une certaine «islamophobie», fédèrent les citoyens musulmans derrière une identité uniquement religieuse et clivante. L’islamophobie, cette expression inventée par les frères musulmans, chantres de l’islam politique, n’a qu’une seule visée : confondre les actes racistes visant les musulmans avec les actes blasphématoires envers la religion musulmane.
Les islamistes enfin, qui doivent se réjouir d’avoir fait oublier à la France entière les causes réelles d’attentats qui ont fait plus de 300 morts depuis 2012 en France. Eux qui ont réussi à transformer le débat de telle sorte qu’il devient impossible de déconstruire cette idéologie mortifère sans être taxé de raciste. Eux qui s’infiltrent là où le vide s’installe. Eux qui prêchent dans certaines mosquées salafistes la haine et la terreur. Eux qui tentent de dévoyer l’Islam pour en faire une idéologie mortifère. Eux qui ont enlevé la vie de Yoav, Charb, Clarissa, Elif et tant d’autres.
Sans peur, ni crainte, sans stigmatiser, ni diviser, nous avons et devons condamner tous les bouts de la ficelle de la haine dévastatrice.
J’appelle tous ceux et toutes celles, qui s’indignent de la haine grandissante et qui dénoncent la montée d’idéologies mortifères à se joindre à ces mots pour nous unir et agir.
Car ce n’est que comme ça, ensemble et sans céder aux sirènes identitaires que nous pourrons continuer d’appeler notre France, République.