La décision américaine de se retirer de l’accord nucléaire iranien a suscité et continue de susciter de nombreuses réactions passionnées et contradictoires. Perdus dans ce brouhaha général, ne serions-nous pas en train de nous égarer, de nous éloigner de l’essentiel et de perdre de vue la question majeure, cruciale, dramatique : la République islamique d’Iran représente-t-elle un danger pour la paix régionale et globale ? Si la réponse à cette interrogation est affirmative, il importe, dès lors, d’en tirer les conclusions qui s’imposent, d’en déduire toutes les conséquences politiques, diplomatiques, économiques, stratégiques et pratiques.
Notre mémoire serait-elle trouée ? Dès leur arrivée au pouvoir en 1979, l’Ayatollah Khomeiny et les nouveaux dirigeants iraniens ne font pas mystère de leur volonté d’exporter la révolution islamique hors de leurs frontières. Orientation politique concrètement mise en œuvre par les moyens de la terreur, de la tromperie et du lancement d’un programme militaire nucléaire dissimulé.
La terreur. Vérité globalement vérifiée, attestée : l’Iran est l’État parrain de multiples mouvements djihadistes. Qui, en effet, finance, entraîne, arme, soutient, directement ou indirectement, le Hezbollah, le Hamas, le Djihad islamique palestinien, Al-Qaïda ? Quel est le principal pourvoyeur en armes et en fonds de certains groupes radicaux en Irak et en Afghanistan ? Qui porte à bout de bras au Yémen, les rebelles Houthis ? Quel est le régime qui fut pendant de nombreuses années le principal allié du régime soudanais massacrant les Darfouris ? Et qui a contribué à sauver de la chute, le régime de Bachar el-Assad, auteur de massacres de populations civiles à l’arme chimique ? Téhéran. L’Iran. L’Iran déterminé à redessiner la carte géopolitique du Moyen Orient. Un Moyen Orient débarrassé de l’Etat d’Israël.
Car pour le régime iranien, les choses sont claires : «Israël doit être rayé de la carte du monde…» Les nombreuses déclarations publiques, successives, des plus hautes autorités iraniennes au cours de ces dernières années, sur ce sujet, sont sans ambiguïté, sans équivoque, glaçantes. Rappel de quelques moments du langage public du régime : le 20 février de l’année 2008, l’ancien Président iranien, Ahmadinejad déclare lors d’une conférence qu’«au Moyen-Orient, ils ont créé un microbe noir et sale appelé le régime sioniste.» Ali Khamenei, le guide suprême du régime, rappelait quelques années plus tôt, le 15 décembre 2000, lors d’une allocution télévisée que «la position de l’Iran, exprimée pour la première fois par l’Imam Khomeiny et confirmée à plusieurs reprises par les responsables, est que la tumeur cancéreuse appelée Israël doit être éradiquée de la région.» Ali Khamenei, fidèle à lui-même, récidivant l’année dernière, qualifiant toujours Israël de «tumeur cancéreuse» et déclarant que : «Cette tumeur cancéreuse a progressé par étapes et son traitement doit aussi se faire par étapes… Plusieurs intifadas et autres actions de résistance ont permis d’atteindre des objectifs d’étape très importants et continueront (…) jusqu’à la libération totale de la Palestine.» Volonté politique et militaire d’anéantissement d’Israël, périodiquement rappelée au cours de parades militaires exhibant des missiles drapés du slogan «Mort à Israël !».
Bizarrement, ces menaces semblent loin d’émouvoir certaines voix en Europe, visiblement nullement troublées par la possibilité pour le régime iranien d’acquérir des armes de destruction massive. La République islamique d’Iran leur semblerait-elle si éloignée géographiquement pour représenter à leurs yeux un véritable danger sécuritaire de proximité ? Égoïsme stratégique ? Mesquinerie ? Aveuglement ? Incapacité d’envisager la possibilité d’une attaque nucléaire menée un jour, non seulement contre Israël ou autre un Etat du Moyen-Orient, mais également sur le sol européen, par un mouvement terroriste soutenu et armé par le régime des Ayatollahs ? La vérité est que personne n’est à l’abri, hors-portée face à un danger aussi terrifiant, aussi massivement destructeur.
La prévenance et la brocante seraient la voie de sortie de cette affaire à risque nucléaire régional et globale, nous disent les amis de Téhéran. La bonhomie et les affaires finiraient, à l’usure, terre à terre, par avoir raison de la fervente radicalité du régime iranien. Naïveté ? Illusion volontaire? Entêtement à l’épreuve de la menace de ne considérer que ce que l’on souhaiterait voir ? Syndrome de l’autruche ? L’irresponsabilité comme vertu ? Duperie de soi ? La vérité est qu’on ne gagnera pas en tranquillité en refusant de toiser la réalité : tant que les Ayatollahs seront aux commandes à Téhéran, le régime iranien demeurera ce qu’il est : un Etat totalitaire, belliqueux, hégémonique, menaçant la paix régionale et globale.
Que faire ? Faire ce qu’il faut pour contrarier l’Iran dans sa volonté de développer, de produire, de posséder, de stocker, de déployer, de se doter des armes nucléaires. Que les bonnes décisions ne soient pas prises à temps, que ce qui est moralement, raisonnablement juste, stratégiquement intelligent, que ce qui relève de l’intérêt de tous, que ce qui devrait être de l’obligation courante, ne soit pas entrepris, et arrivera, tôt ou tard, le tournant : l’impossibilité d’agir au risque de causer une déflagration aux conséquences dévastatrices. Que le régime iranien, tirant profit de nos incohérences, se dote de l’arme nucléaire et nous aurons ainsi offert aux Ayatollahs, par notre légèreté, le pouvoir absolu de vie et de mort sur nous tous.
C’est « drole », personne ne tient ce discours sur les Saoudiens alliés des USA et d’Israel. Pourtant ils ne sont pas
non plus un modèle de démocratie ou de pays qui respecte les droits de l’homme en général et ceux de la femme
en particulier. Mais bon,2 poids 2 mesures.