Macron en «maître des horloges», LR se droitisant à marche forcée sous la coupe de Wauquiez, Mélenchon en fossoyeur du PS et le FN toujours KO : voilà l’état du paysage politique français à l’heure actuelle. Une situation née d’un cataclysme. Pour le comprendre, il faut voyager dans le temps, revenir près d’une année en arrière, au mois d’avril 2017. François Fillon est alors éliminé dès le premier tour de l’élection présidentielle. Cette tragédie personnelle se double d’un revers sans précédent pour la droite française. Pour la première fois dans l’histoire de la Vème République, les héritiers de la tradition gaulliste seront absents du second tour de la course à l’Élysée. Un accident de l’histoire ? «Pas vraiment !» à en croire Bruce Toussaint et Felix Seger. Pour comprendre «la fuite-en-avant et la chute de François Fillon», les deux réalisateurs de L’homme qui ne pouvait pas être Président se sont replongés dans le passé de l’ancien Premier Ministre. Sous l’égide du producteur Alexandre Amiel, ils ont exploré ses failles personnelles, navigué à travers les méandres de son parcours politique et remis en contexte les conflits internes et autres détestations à l’œuvre au cœur même des Républicains. Tout cela pour servir une théorie : «l’échec de François Fillon était écrit». Rigide, froid, assumant la «radicalité» d’un programme comparé à une «thérapie de choc» pour la France, le candidat de la droite n’aura cessé d’intriguer les observateurs durant toute sa campagne. Ignoré par les médias et méprisé par son propre camp, le proche de Philippe Séguin aura réussi un tour de force : gagner près de trente points de popularité en quelques mois seulement. Suffisant pour écarter Nicolas Sarkozy dans la course des primaires !

Contre toute attente, Fillon a donc défait son ancien «patron», celui qui lui faisait vivre un calvaire et le traitait, en off, «de collaborateur». Il tient sa vengeance ! Après l’ancien Président, ce sera au tour d’Alain Juppé de faire les frais de la dynamique filloniste. Autant de combats qui laisseront des traces et nourriront des rancœurs, à l’instar de l’affrontement pour la prise du parti, en 2012, face à Jean-François Copé.

D’où ces questions brulantes posées par les auteurs de L’homme qui ne pouvait pas être Président : Et si, dès le début, la candidature Fillon portait en elle les germes de la défaites à venir ? Et si, dès son lancement, cette campagne ne pouvait se transformer qu’en naufrage du Titanic, réputé insubmersible et pourtant retrouvé au fond de l’Océan… Peu ou pas de hasard dans cette affaire. Voilà ce qu’explique le documentaire d’Alexandre Amiel, Bruce Toussaint et Felix Seger. Une remarquable œuvre de décryptage de l’Histoire immédiate, qui remonte scrupuleusement à l’origine des faits et dévoile la mécanique cachée et le sens de séquences que nous n’avons pas su décrypter lorsqu’elles sont advenues. De Bernard Accoyer à Roselyne Bachelot, de François Baroin à Xavier Bertrand, de Gilles Boyer à Jean-François Copé en passant par Rachida Dati et Jean-Pierre Raffarin, ils sont nombreux, à droite, à avoir voulu mettre des mots sur une ruine. Pour la première fois, donc, la plupart des principaux acteurs de cette campagne présidentielle en révèlent les coulisses. Au fil des entretiens, du dévoilement du «Pénélope Gate» et de «l’affaire des costumes», on découvre alors un François Fillon très seul, manipulant ses équipes, s’accrochant, coute-que-coute à son destin présidentiel. Il y a de l’humanité et de l’indécence dans cette chute. Deux bonnes raisons pour ne pas manquer de regarder ce documentaire passionnant !


Série documentaire «C’était écrit». Premier épisode L’homme qui ne pouvait pas être Président, dimanche 4 février, à 20h50, sur France 5.