Marine Le Pen est la candidate préférée des sondages qui la placent immanquablement en tête de toutes les enquêtes d’opinions au premier tour de l’élection présidentielle de 2017, sans que cela ne l’empêche de courir un semi-marathon télévisuel en équipe avec M. Philippot pour s’ériger en paria médiatique.
Héroïne d’un «anti-sytème» qui fait système, elle procède par retournement avec un succès croissant, indécent et inquiétant. Le détournement est tellement immense qu’on en oublierait presque de rappeler les joyaux de cette rapine démocratique.
Ce n’est plus une farce c’est déjà une escroquerie et presque une tragédie.
La candidate qui défend les Juifs de France… en étant entourée de néo-Nazis
Marine Le Pen n’hésitait pas à s’autoproclamer à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, «la plus grande défenseur de la communauté juive de France». Cette déclaration ne cesse de surprendre juste après avoir renié la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d’Hiv.
En réalité, Marine Le Pen se sert de l’antisémitisme de manière très construite comme du marqueur de sa stratégie d’élargissement électoral et de «dédiabolisation» de son parti. «Nous ne sommes plus dangereux car nous ne sommes plus antisémites» semble-t-elle soutenir…
D’abord elle affiche un philosémitisme aussi tactique que relatif… la déclaration complète de Marine Le Pen c’est qu’elle serait le meilleur «rempart des juifs de France» contre «l’islam radical». Une interprétation de cette phrase, souvent répétée, voudrait qu’il y aurait parmi les français des sous groupes qui le seraient un peu moins et parmi ceux-là, les musulmans et les juifs. Madame Le Pen choisirait pour l’heure, les seconds contre les premiers tout en se défendant du moindre racisme. Habile. Mais révoltant.
Quant à la volte-face sur l’antisémitisme, elle n’est que de façade car en même temps qu’elle commettait son parricide politique pour asseoir son pouvoir au FN sur la question de l’antisémitisme, elle en donnait les clés à «un clan», dixit les propos d’Aymeric Chauprade, éphémère chef du groupe des Euro-députés FN au Parlement européen, qui serait soudé par un affairisme sans limite et une adoration pour l’idéologie du 3ème Reich. Caméras éteintes, un fois passées les bravades de Monsieur Collard, les propos doucereux de Monsieur Philippot ce sont eux qui tiendraient le parti sur tout ce qui touche au financement et à l’organisation: Axel Lousteau, trésorier du micro-parti Jeanne, Nicolas Crochet, expert-comptable du parti ou bien sûr Frédéric Chatillon prestataire chéri à travers sa société Riwal que l’on trouvera au coeur du système de surfacturation des campagnes et aujourd’hui salarié de la campagne de Marine Le Pen. Trois anciens du GUD notoirement obsédés par les juifs, ne cachant pas leur sympathie pour le nazisme et aimant, du moins pour Chatillon, s’afficher avec le polémiste antisémite Alain Soral. Pour des raisons purement électorales, Marine Le Pen a donc publiquement délaissé l’antisémitisme tout en se reposant sur des antisémites notoires pour ce qu’il en est de la conquête du pouvoir.
La candidate de l’indépendance nationale… Russe
Marine Le Pen serait la candidate de l’indépendance nationale et du relèvement patriotique. Elle est surtout stipendiée par la Russie de Poutine qui a octroyé au FN au moins 11.000.000 euros de financements. Il s’agit d’ailleurs de la principale source de financement du Front-National.
Reconnaissante, Madame Le Pen est allée remercier à Moscou le 24 mars dernier Vladimir Poutine – devrait-t-on dire: présenter ses lettres de créances? – à moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle. De quel autre candidat aurait-on supporté pareil acte d’allégeance ? Elle est donc la candidate la plus aux prises avec une puissance étrangère ; laquelle puissance se trouve être étrangement la plus expansionniste en Europe, la moins démocratique et la plus interventionniste dans les scrutins électoraux étrangers. Elle est des trois candidats plus ou moins favorables à la Russie (avec Jean-Luc Mélenchon et François Fillon) celle qui sert objectivement de cheval de Troie au Tsar de Moscou pour peser défavorablement sur le destin de l’Europe. Voilà où nous conduit l’indépendance nationale de Madame Le Pen: être un missile dirigé contre Bruxelles tiré depuis Moscou.
La candidate anti-européenne… qui vit et abuse des subsides de Bruxelles
D’après Madame Le Pen, l’Union Européenne «concentre et aggrave tous les problèmes». Tous sauf un: celui de lui fournir ainsi qu’aux principaux cadres du FN un confortable train de vie sur le dos des contribuables européens.
D’être anti-européenne rapporte à peu-près 9.000 euros par mois d’indemnités à Marine Le Pen versées par l’Europe. Elle pourrait ne pas cracher sur la main qui la nourrit mais au moins ces sommes-là sont licites dans la mesure où elles correspondent à ses indemnités d’élue. Il en va tout à fait autrement de son garde du corps et de son assistante rémunérés par le Parlement européen pour des travaux sans rapport avec celui-ci. Ces deux emplois ne seraient que la face émergée de l’iceberg dans la mesure où l’enquête du parlement porte sur la fictivité des travaux de douze assistants parlementaires que Marine Le Pen a successivement employé sur deux mandatures…
Et ce n’est pas tout. Aymeric Chauprade a révélé dans l’Express qu’un véritable système aurait été mis en place visant à ce que la manne financière déversée par le Parlement européen soit systématiquement détournée pour rémunérer des emplois familiaux et des permanents du Front National. Chaque député devait selon lui renoncer à recruter son second assistant pour le laisser à la discrétion et à la disposition du parti. L’affaire est désormais entre les mains de la justice mais le cas échéant on serait beaucoup plus proche du vaste système d’emplois fictifs mis en place à la Ville de Paris au bénéfice du RPR, à l’époque de Jacques Chirac, que du Pénélope gate… Le Parlement européen aurait pu ainsi verser à son insu des millions d’euros pour financer les emplois d’un parti voué à sa destruction… Vaste programme.
La candidate de l’honneur… cernée par les affaires
Contrairement à François Fillon, Marine Le Pen n’est pas mise en examen. Ce n’est pas parce qu’elle serait plus honnête mais simplement parce qu’elle jouit du privilège de l’immunité parlementaire européenne (encore un cadeau de Bruxelles…), qui la distingue des justiciables ordinaires obligés de se rendre aux convocations de justice. Elle a pourtant été convoquée par deux juges dans l’affaire de ses assistants parlementaires pour s’expliquer sur des faits qualifiés d’abus de confiance, de faux, d’escroquerie et de travail dissimulé. Belle moralité.
Mais au-delà du fonctionnement, c’est l’ensemble du financement électoral du Front National qui est suspecté d’avoir été fictivement alourdi au préjudice du contribuable. On parle de millions d’euros de remboursements de frais de campagnes gonflés et détournés au profit de son micro-parti, Jeanne, et de la société Riwal de Frédéric Chatillon.
De quoi s’agit-il ?
Les candidats investis par le Front National étaient obligés d’emprunter avec un fort taux d’intérêt au micro parti personnel de Marine Le Pen appelé Jeanne pour acheter auprès de la société Riwal des «kits de campagnes» à 16.000 euros pièce mais dont le coût réel a été estimé à 4.000 euros. Le solde de cette vente «forcée» à des prix et taux extravagants étant remboursé par l’Etat si le candidat fait plus de 5% . Le préjudice de 12.000 euros multiplié par des centaines de candidats, est immense…
Les principaux responsables financiers de sa campagne de 2012 sont d’ores et déjà renvoyés devant le Tribunal correctionnel pour y être jugés et les investigations se poursuivent sur les municipales 2014, les départementales 2015 et les régionales de 2015.
Autrement dit, judiciairement, toutes les campagnes menées par le parti depuis que Marine Le Pen est la présidente du Front National, à l’exception de sa propre campagne présidentielle de 2012 sont dans le collimateur de la justice ! Je m’étonne de n’avoir jamais lu cette phrase qui relève pourtant du constat d’une évidence. Voilà ce qu’il en est de la probité de Mme Le Pen par rapport à l’argent public.
Rien de ce qui est écrit ici n’est nouveau ou caché. Plus que n’importe quel autre personnage politique Marine Le Pen a un problème avec l’argent : le financement de son parti et de ses campagnes l’attestent. Et c’est en regardant où elle trouve ses subsides et à qui elle en confie la gestion que l’on comprend la véritable nature de son parti et sa stratégie. Le vote est souverain et le 23 avril prochain, chacun l’exercera en conscience. Mais nul ne pourra dire qu’il ne savait pas de quoi Marine Le Pen est le nom et le prénom !
Je ne pourrai jamais m’allier avec des antisionistes. Je ne pourrai jamais m’allier avec des sionistes partisans d’un Israël binational voué à la guerre civile ou à une lente et douce et irréversible panarabisation. Je ne pourrai jamais m’allier avec des sionistes partisans d’une solution à deux États juif et arabe pour deux peuples ultranationalistes. Je ne pourrai jamais m’allier avec des sionistes partisans d’une solution à deux États juif et arabe démocratiques, pluralistes, multi-ethniques et multi-confessionnels qui passerait par la reprise des pourparlers de paix avec le parti antijuif Fatah. Je ne pourrai jamais m’allier avec des sionistes qui auraient renoncé à trouver, parmi les populations mahométanes de l’ancienne colonie romaine de Palaestina, une portion même infime de l’intelligentsia arabe qui se serait déclarée favorable à l’existence d’un État juif, laquelle constituerait un petit groupe de partenaires crédibles pour la paix. Je suis sioniste, partisan d’une solution à deux États israélien et palestinien démocratiques, pluralistes, multi-ethniques et multi-confessionnels qui ne passera jamais par la reprise des négociations avec l’organisation terroriste Fatah, et je n’ai pas d’alliés.
Le problème est que son « socle » (en jargon d’instituts de sondages) paraît s’en moquer comme de l’an… quarante, attestant ainsi un solide cynisme ou une cécité, qui vaudrait à la grande majorité de ceux qui le constituent une énorme déconvenue en cas d’arrivée au pouvoir de leur favorite.
Quant à ceux qui souhaitent aujourd’hui son échec, s’il advenait qu’elle soit élue, ils pourraient « jurer, mais un peu tard, qu’on ne les prendrait plus » à l’atonie qu’ils ont entretenue depuis plusieurs années, ainsi que leurs élus. Plus généralement, des citoyens mués en « consommateurs » de candidat-e-s pourront s’abandonner – Marine Le Pen à l’Elysée ou non – à une vaste opération de contrition : l’on ne saurait impunément « essayer » des politiques comme on le fait de produits ménagers pas encore utilisés.