Et maintenant Berlin. A nouveau, après Nice le 14 juillet dernier, un assassin probablement jihadiste lui aussi, a lancé un poids lourd dans la foule pour tuer, tuer, tuer encore, tuer plus, faire mourir des gens uniquement parce qu’ils étaient dans la rue d’un pays haï. Lundi 19 décembre, vers 20h, l’homme au volant du camion a pris pour cible les chalands qui se pressaient autour de l’un des plus célèbres marchés de Noël de la capitale allemande. Au moment où ces lignes sont écrites on compte douze morts et près de cinquante blessés.
Foncer avec un véhicule sur des passants n’est pas une invention des chefs de Daech. C’est en Israël que ça a commencé, avec les encouragements des islamistes du Hamas. Mais il suffisait d’y penser : quoi de plus simple ? C’est à la portée du premier salopard venu. Tu prends le volant du camion, ou d’une camionnette, même une voiture fera l’affaire, tu prends de la vitesse et dès que tu vois qu’il y a plein de monde tu en écrases autant que tu peux. Plus il y aura de cadavres derrière toi, plus héroïque martyr tu seras. Ne t’emmerde pas à faire dans le symbolique : le seul symbole c’est que les glorieux combattants de l’islam authentique sont en mesure de tuer n’importe où n’importe qui le mérite parce qu’il vit en mécréant. Il y aura des musulmans parmi les morts ? Tu t’en fous, ils n’avaient qu’à ne pas être là en terre de kouffars. Tue-les tous, Dieu n’en reconnaîtra aucun.
La police allemande a fait savoir, ce mardi 20 décembre en début de journée, que le suspect arrêté dans un premier temps, un jeune Pakistanais demandeur d’asile, n’était pas l’auteur du massacre, lequel, armé, court toujours. Mais l’attentat a eu d’immédiates conséquences politiques : la politique d’accueil des réfugiés, telle qu’elle a été légitimement soutenue par Angela Merkel, se retrouve encore plus la cible de l’extrême droite, non seulement outre-Rhin mais dans toute l’Europe. Une Marion Maréchal Le Pen s’est évidemment précipitée pour diffuser sur Twitter l’équation démagogique et fausse «migrants = terroristes». Que des terroristes aient profité, pour venir en Europe, du flux de centaines de milliers de personnes fuyant la barbarie sévissant dans leurs pays, oui, c’est vrai. Qu’il y ait probablement 100 voire 150 tueurs ou potentiels tueurs jihadistes qui se soient glissés parmi tous ces malheureux contraints de chercher protection dans les démocraties occidentales, c’est vraisemblable. Mais en quoi cela devrait-il faire de tous les réfugiés, ou ne serait-ce que du centième d’entre eux, des assassins en puissance ? Qui aurait la stupidité de prétendre qu’un prêtre ou un enseignant coupable de pédophilie rend suspects de pédophilie tous les prêtres ou enseignants, ou seulement le centième d’entre eux ? Mais la bêtise et la mauvaise foi font bon ménage dès lors qu’une partie de l’opinion publique est prête à s’abandonner à la haine de l’étranger, surtout, aujourd’hui, s’il est de culture musulmane.
Les ignobles attentats jihadistes laissent des morts, des blessés, des infirmes, des familles détruites, des témoins psychologiquement traumatisés pour de longues années. Mais ils font aussi le lit du racisme anti-arabe, de la haine contre les musulmans. Ils pavent la route électorale des partis xénophobes, populistes et nationalistes, auxquels les sphères poutiniennes apportent leur appui, comme elles viennent de le faire avec le FPÖ autrichien, formation d’extrême droite qui est aux portes du pouvoir à Vienne. La stratégie des monstres islamo-fascistes est comme un sinistre écho de la politique des extrémistes palestiniens : le Hamas et les divers groupuscules ultras ont toujours méthodiquement veillé à saboter toute possibilité de dialogue avec Israël par une action terroriste dont les effets ont été de renforcer leur meilleur ennemi – la droite israélienne la plus dure.
Le président élu Donald Trump a quant à lui cru bon de dénoncer les «terroristes islamistes» qui agressent «continuellement les chrétiens au sein de leurs communautés et lieux de culte». Les conseillers du milliardaire ont certainement oublié de lui préciser que le Bataclan est une salle de concerts rock, que Charlie Hebdo est un hebdomadaire bouffeur de curés, que l’Hyper Cacher est un magasin juif, que le 14 juillet célèbre la Révolution française, qu’aux terrasses des cafés parisiens le seul culte est celui des bons moments entre potes, que le musée tunisien du Bardo n’est pas une église… Faut-il donc rappeler aux Trump et autres défenseurs de l’«Occident chrétien» que les tueurs fanatiques islamistes s’en prennent aussi bien aux catholiques ou coptes qu’aux athées ou agnostiques, sans oublier les «mauvais musulmans» qu’ils ont exécutés par milliers à Raqqa et dans toutes les régions contrôlées par Daech ?
Les jihadistes continueront sans aucun doute leurs tueries, un peu partout dans le monde et en particulier dans les pays occidentaux. Les services de police, en dépit de leur travail acharné et souvent couronné de succès pour empêcher les attentats, ne peuvent détecter par avance tous les fous furieux d’Allah qui décident, plus ou moins soudainement, d’honorer leur Dieu, dont ils ont une vision délirante, en poignardant ici, lançant là un camion dans la foule, en tirant sur des centaines de gens dont le seul tort est d’être à portée de leurs armes. Nous en sommes là, et le constat est sombre. Mais il deviendrait plus sombre encore si cela devait conduire les pays européens à confier leur avenir à de faux sauveurs mais vrais fourriers d’un ordre nouveau à peine relifté. Où trouver le courage et la force de faire face aux daechiens si ce n’est dans la fidélité aux valeurs démocratiques ?
« Où trouver le courage et la force de faire face aux daechiens si ce n’est dans la fidélité aux valeurs démocratiques ? »
Nos rois ont toujours su faire face aux fous furieux de Turquie et de l’autre côté de la Méditerranée. C’est la Révolution, avec ses droits de l’homme stupides et son idéologie aveugle, c’est sa fille la République, qui ont fait le lit de ces envahisseurs en France.
Tout cela par idéologie.
Alors oui, vite un ordre nouveau !