Peshmerga, le nouveau film de Bernard-Henri Lévy, ajouté il y a quelques jours à la Sélection officielle du Festival de Cannes, est un documentaire visant à faire connaître l’action d’une importance capitale menée par les soldats kurdes : ce sont eux, parmi tous les ennemis du terrorisme, qui se trouvent en première ligne dans le combat contre Daech. Isolés et munis de peu de moyens, ils tiennent le front face à leur oeuvre de destruction.

Bernard-Henri Lévy a répondu à l’appel lancé par les Peshmergas. Après les avoir emmenés à l’Elysée en 2015, il s’est rendu, accompagné de quelques techniciens, sur leur terrain de guerre. En l’espace de quelques mois, son équipe a réuni des images précieuses et belles au cœur des combats, longeant les frontières de l’Etat islamique, jusqu’à la décisive bataille de Sinjar qui s’est conclue par la victoire kurde.

Ce documentaire est le portrait d’une armée minutieuse et vigoureuse, composée d’hommes et de femmes solides, mais aussi celui d’un peuple dont les espoirs risquent de s’anéantir si le soutien international tarde davantage.

C’est pourquoi les plus hauts responsables de la communauté kurde ont pris la décision de quitter leur région, pour quelques heures seulement, afin de prendre part à la projection du documentaire de Bernard-Henri Lévy au Festival de Cannes. Alors que les regards du monde entier sont tournés vers la Croisette, les commandant Barzani, Bakhtiari, Hajjar ou Jafaar se sont mobilisés pour saisir cette occasion et venir saluer le film qui leur était consacré.

Les allers-retours de l’équipe de tournage vers le Kurdistan irakien se sont poursuivis jusqu’au mois d’avril dernier. Les images ramenées à la dernière minute, parfois tournées à l’aide de drones survolant les zones tenues par Daech, marquent le film d’une actualité saisissante. Le spectateur est plongé, quasiment au jour le jour, dans l’affrontement face à l’Etat islamique. Le documentaire se tient au plus près d’une guerre en cours, dont l’issue reste inconnue.

Fini sur le fil du rasoir, le film a été ajouté à la Sélection officielle Hors-compétition du Festival en raison de l’urgence de ces images. Le comité de sélection a jugé nécessaire de diffuser ce témoignage rare et précieux, au moment même où les circonstances nous inspirent le pessimisme. Alors que l’action de la coalition internationale peine à émerger, qui sait quel sera le contexte de la lutte d’ici quelques mois ? Visionner ce documentaire, à Cannes et partout ailleurs, était un impératif pour saisir les enjeux concrets de cette guerre.

Face à la barbarie que l’on connaît, Bernard-Henri Lévy a choisi de filmer le visage des héros. Le Festival de Cannes se fait l’écho du signal d’alarme du peuple kurde, pour en finir avec l’inhumanité qui nous menace. Le public des festivaliers l’a bien compris. Il a découvert le film avec grande émotion. Il a, à la fin, longuement applaudi le réalisateur ainsi que ses compagnons d’aventure : les trois chefs opérateurs audacieux, Olivier Jacquin, Camille Lotteau et Ala Tayyeb qui étaient là, eux aussi. L’émotion fut à son comble quand ce dernier, blessé pendant le tournage, fut gagné par les larmes avant de monter sur scène. L’auteur du film l’a étreint et tous deux ont eu peine à reprendre leurs esprits et à adresser à la salle les traditionnels mots de présentation. À la fin de la séance, de longs applaudissements ont salué le réalisateur, ses compagnons et leur travail.

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