Je voudrais ici rendre un dernier hommage, très simple, à Ariane Fasquelle, directrice littéraire du domaine étranger aux éditions Grasset, que je connaissais depuis 20 ans et dont la passion première a toujours été la littérature.
Ariane était une femme très drôle, très spirituelle, très précise dans son humour, et qui jamais n’oubliait d’avoir une anecdote sur un grand écrivain étranger. Sa connaissance de la littérature mondiale forçait le respect.
Elle aimait bien fumer, boire, lire, rire, et, à l’heure de sa mort, il est préférable de se souvenir de ce qu’elle aimait avant tout dans la vie. Même malade, elle continuait à ne parler que des textes qu’elle avait adorés ces derniers mois.
La dernière fois que nous avons travaillé ensemble, c’était au sujet d’une préface pour un livre inédit de Pasolini. L’énergie qu’elle mit à me faire comprendre l’importance de ce scénario oublié du grand cinéaste italien m’empêcha d’imaginer, de deviner à quel point, ces derniers temps, elle était malade. Lire, relire, lire encore, était pour Ariane une forme de vie supérieure à la vie tout court.
Chaque fois que nous lisons un auteur étranger publié chez Grasset, nous devons lire entre les lignes, que nous soyons croyants ou athées, l’âme d’Ariane Fasquelle. Adieu Ariane et merci.
Pardon : j’oubliais, je crois qu’en vingt ans pas une seule fois je ne l’ai vue de mauvaise humeur. C’est sur ce point très important que je voulais finir.