Léon Blum était-il un personnage belliqueux, efféminé, incapable de courage ? Son arrivée au pouvoir en 1936 a-t-elle précipité la France vers le chaos ? Ou était-il au contraire un fervent patriote, qui a donné un souffle au socialisme, et dont la fidélité à la patrie a été absolue ? Si l’on en croit Pierre Birnbaum, le président du Conseil correspond à la seconde description. Dans une biographie qui vient de paraître aux éditions du Seuil (Léon Blum – Un portrait), l’historien démontre que le disciple de Jaurès n’était pas seulement un dandy binoclard, un lettré fou de l’œuvre de Stendhal, il s’est aussi battu en duel pour défendre son honneur, a rédigé une œuvre avant-gardiste pour l’émancipation des femmes (Du Mariage, 1907). Le président du Front populaire s’est engagé pour que le projet sioniste aboutisse lorsqu’il fallait que la France reconnaisse l’Etat d’Israël, en 1948. Et puis, Léon Blum était aussi et surtout, un « Juif d’Etat ».
Un archétype de ce cercle restreint de personnages politiques auxquels M. Birnbaum a déjà consacré plusieurs ouvrages. Pour cause, son parcours de vie est typique : Léon Blum nait dans un milieu juif traditionnel qu’il ne renie jamais et s’engage sa vie durant au service de sa patrie. Comme les autres Juifs d’Etat, Léon Blum bénéficie des valeurs méritocratiques héritées de la Révolution, qui permet au fils de commerçant qu’il est, d’intégrer l’Ecole normale supérieure et de gravir les échelons jusqu’au plus haut sommet de la chose publique. Pour Pierre Birnbaum « C’est grâce à un Etat fort, qui se distingue du religieux, que les Juifs d’Etat ont pu exister ». La sécularisation inouïe de l’appareil politique français a permis aux minorités, dont les Juifs, de faire corps avec la nation. Si le pays de Marianne a vu émerger tant de Juifs d’Etat, c’est parce que c’est en son sein que l’émancipation des Juifs a été la plus aboutie.
En accroche de nombre de ses discours publics, le dirigeant socialiste se proclamait « français, socialiste et juif », y compris durant son procès organisé par Vichy, dont l’Allemagne demandera l’arrêt tant il se défendra avec fougue. Le disciple indéfectible de Jaurès ne rêve pas seulement d’un idéal, il lutte pour, et sa passion pour la patrie ne recule devant rien. Tandis que les rues de Paris sont occupées par la gestapo, Vincent Auriol le supplie de rejoindre l’Afrique du nord par bateau, ce que Blum refuse catégoriquement. Mais sa fidélité à la France ne le protège pas pour autant de l’antisémitisme qui sévit. Si pour Sartre, le juif est un homme que les autres hommes tiennent pour juif, Blum est éminemment juif. La violence qui se déchaîne à son encontre dès le début de sa carrière politique est d’une intensité inouïe. La hargne dans la presse (l’Action française en tête) est telle, que le Grand Rabbin de Paris le prie de ne pas prendre la présidence du Conseil, allant jusqu’à lui promettre une pension à vie, équivalente à celle de son statut de fonctionnaire pour ne pas occuper ces responsabilités. La communauté craint que la haine antijuive ne s’aggrave avec son accession au pouvoir… Le judaïsme de Léon Blum ne se résume donc pas à un héritage familial, comme cela avait été le cas par exemple, pour Benjamin Disraeli, nommé deux fois premier ministre du Royaume-Uni. Il y a chez Blum plus qu’un désir de filiation car si Dieu n’apparaît nulle part, le judaïsme lui, traverse sa vie.
C’est donc le portrait remarquablement brossé d’un patriote juif ou d’un juif patriote que ce livre met au jour. Un parcours exceptionnel qui s’inscrit dans l’histoire d’une intégration exemplaire des Juifs en France et dont la lecture s’avère plus que jamais salutaire, à l’heure où la question de l’intégration des minorités est d’une actualité brulante.
10, 9, 8, 7… Quand on aime haïr, on ne compte pas aimer. Le raciste ne fait pas dans le détail. Tous ceux qui ont eu affaire à lui doivent s’attendre à le retrouver un jour ou l’autre en travers de leur route. On est d’accord. Dès que poindra son dard en trompe-l’œil, tous aux abris! Et le moins qu’on puisse dire, c’est que, depuis une bonne douzaine d’années, la Gidouille hypnotique a le vent en poupe. 6, 5… Alors certes, le racisme antijuif a cédé le terrain à l’antisionisme venu en bloc de l’Est. Sauf que l’antisémitisme stalinien ressemblait comme deux gouttes d’eau à l’antisémitisme hitlérien. Sauf que le Palestinien est maintenu de force face contre terre, condamné par les siens à mordre la poussière dans la perspective d’un élan de solidarité international des travailleurs de tous les pays à l’égard des principaux esclaves de l’axe libéral américano-sioniste. 4, 3… Les juifs sont à Le Pen ce que les musulmans sont à Soral. Des alliés temporaires qui redeviendront l’ennemi juré de la France moisie sitôt qu’ils auront permis à leur pseudo-protecteur de les débarrasser de l’agent paranoïaque du moment. N’oublions pas qu’entre Abd al-Rahman III et Isabel la Catholique, il y a l’épisode des Almohades, que les persécutions que dût fuir Maïmonide n’avaient rien de chrétien, que c’est en remerciement pour l’aide substantielle qu’ils avaient apportée à la Reconquista que lesdits déicides furent expulsés d’une Espagne qui ne se résolvait pas à s’affranchir de sa dette envers eux. 2, 1…
Désapproximation 1 : Le serpent se mord la question. Il s’interroge encore sur la pertinence de renforts alterpanarabes à Tsahal en réponse à des menaces, mises à exécution à plus ou moins long terme, généralement revendiquées par la piraterie d’un méta-empire à géométrie variable que les anticolonialistes propalestiniens n’ont jamais combattu.
Désapproximation 2 : L’idée que la désimplantation des Juifs de Palestine entraînerait comme par magie la paix au Proche-Orient ne mérite pas la taxation d’antisionisme et moins encore celle d’antisémitisme. C’est juste une imbécilité.
Désapproximation 3 : Contrairement à l’imbécile, l’antisioniste ne rate pas davantage que l’antisémite la résolution du conflit israélo-arabe. Nul ne saurait échouer à propos d’une chose qu’il ne souhaitait pas réussir.
Désapproximation 4 : Les inégalités sociales touchant les Arabes israéliens ne résultent pas d’un supposé nassérisme juif ayant pour but de mettre en œuvre la judaïsation de la Terre trois fois sainte. Leur réinterprétation de la lutte des classes veut que les Israéliens d’origine arabe soient poussés de tous côtés à s’identifier comme Palestiniens, et donc, à s’exclure de la citoyenneté et, par là même, de l’État juif duquel leur est offert la possibilité de participer.
Désapproximation 5 : La bonne équivalence avec le trio couple gay + (donneur/mère porteuse), ce n’est pas la famille polygame, mais la famille recomposée.
Désapproximation 6 : Si l’on met de côté le coût que représenterait l’extension du dispositif Dôme de fer à la totalité de la frontière israélo-cisjordanienne, la seule vertu que posséderait un retrait israélien de la Panarabie serait de prouver par neuf cercles dantesques la stérilité d’une telle opération en termes de lutte contre la politique de coranisation en chaîne programmée par les fournisseurs de Mechaal.
Désapproximation 7 : La guerre ?sraélo-arabe ne se réglera pas entre Israéliens et Palestiniens mais entre ?sraël et le monde arabo-musulman. Par chance, il n’y a pas de guerre des civilisations. Cela devrait nous faciliter la tâche pour obtenir de la part des terres d’antisionisme une transition pandémocratique digne du Dèmos mondial.
Il s’agit d’un aspect trop souvent oublié de la vie de Léon Blum.
Un grand homme qui a servi la nation de façon exemplaire, malgré les critiques et rumeurs dont il a été la cible à son époque et que vous évoquez.
Léon Blum avait beau avoir des airs de dandy, cela ne l’a jamais empêché de lutter avec acharnement pour l’égalité et le socialisme.
L’attachement de Blum à sa judéité explique grandement son engagement indéfectible pour la justice.
C’est une analyse très intéressante !