La France affronte le Honduras ce soir à 21h (heure française), à Porto Alegre, pour son premier match de la Coupe du monde 2014, au sein du groupe E. Avant l’affrontement sportif, Laurent-David Samama propose de faire un tour d’horizon de cette nouvelle équipe de France, la jeunesse au pouvoir.
Varane, Pogba, Sakho, Schneiderlin, Cabella. Cinq patronymes de la France d’aujourd’hui qui incarnent l’avenir de l’équipe de France de football. Par un curieux concours de circonstances mêlant, dans le désordre, les défections de cadres de l’équipe de France (Ribery, Diaby), la retraite d’anciennes gloires (Henry, Gallas) et les déceptions sportives (Ben Arfa, Nasri, Menez), voilà qu’une nouvelle génération de joueurs, parfois née après l’année 1990, arrive au pouvoir. En dépit de la relative inexpérience de ces joueurs au plus haut niveau international, la nouvelle est à accueillir avec le sourire. Exit le souvenir douloureux du fiasco de Knysna, où de multiples incidents et une mutinerie eurent raison du sélectionneur Raymond Domenech. Après Laurent Blanc, c’est Didier Deschamps, l’ancien milieu de terrain organisateur des Bleus, qui a pris les rênes de la sélection nationale. Deschamps, formé à Nantes, passé par l’Olympique de Marseille, la Juventus Turin puis le club anglais de Chelsea et la formation espagnole de Valence est un gagneur. En club ou avec l’Equipe de France, le basque a remporté des trophées majeurs (Coupes et Championnat nationaux, Ligue des Champions, Euro et Coupe du Monde). C’est justement cet esprit conquérant qu’il insuffle aujourd’hui à un groupe qu’il a construit et peaufiné au fil des mois en vue de cette vingtième édition de la Coupe du Monde de football.
De la difficulté de construire une sélection nationale
La France possédant, selon la formule consacrée, 60 millions de sélectionneurs, tout le monde, au bistrot, au bureau, devant sa télé ou stade à son avis sur les joueurs qui doivent composer la sélection nationale. Remontons le fil de l’Histoire récente. En 1998, Aymé Jacquet fut fortement critiqué pour avoir fait le choix de se passer du légendaire mais incontrôlable Eric Cantona, alors au sommet de son art. A la star mancunienne, Jacquet avait alors préféré un jeune attaquant prometteur, Thierry Henry, ou encore le meilleur buteur du Championnat de France de l’époque, moins charismatique mais plus docile, l’auxerrois Stéphane Guivarc’h. Bien lui en as pris. Prophète en son pays, Jacquet remporta la Coupe du Monde. Les critiques se turent. La presse retourna sa veste et salua, unanimement, sa clairvoyance. On comprit alors, exemple à l’appui, qu’une sélection nationale n’était pas forcément composée des meilleurs joueurs en activité mais bien de ceux capables de joueur ensemble, en équipe…
Quelques années plus tard, on raconte que pour constituer son groupe des 23, l’entraîneur Raymond Domenech se fiait au thème astral. La méthode rencontra rapidement ses limites. Sans raison apparente, de bons joueurs furent mis sur la touche. D’autres, comme Ludovic Giuly, l’ailier du FC Barcelone, ne furent pas sélectionnés pour des raisons plus personnelles. On raconte que l’ailier jouant en Espagne courtisa la compagne du sélectionneur… Avant d’être une affaire de talent, la sélection nationale est d’abord une affaire d’hommes. Lors de compétitions qui peuvent durer plusieurs semaines, elle se transforme même en aventure humaine. Au sélectionneur de ménager les susceptibilités afin de tirer le maximum de son groupe. Aux joueurs de s’entendre et de créer des automatismes.
Un groupe E facile… Sur le papier !
Passée par les barrages pour obtenir sa qualification au Mondial 2014, l’Equipe de France a eu, comme ce fut souvent le cas par le passé, une chance insolente lors du tirage de son groupe de Coupe du monde. Favoris du groupe E, les Bleus affronteront ainsi trois adversaires largement à leur portée, la Suisse (plus faible des têtes de série) mais aussi le Honduras (30ème au classement FIFA) et l’Equateur, le plus modeste des représentants sud-américains au Mondial. Plus à l’aise techniquement que leurs adversaires, les joueurs français vont certainement devoir s’armer de patience face à des équipes qui tenteront d’abord de ne pas perdre. L’objectif est simple : gagner d’emblée, se faciliter la tâche en engrangeant le maximum de points lors des deux premiers matchs. Pour sortir de ce groupe E sans se faire peur, il faudra être solide défensivement et efficace en attaque. La clé reposera en partie sur les performances du trio Matuidi-Pogba-Cabaye qui aura la lourde tâche de contrôler le milieu de terrain. Trois athlètes à la tête bien faite qui devront se projeter vers l’avant pour soutenir les attaquants tout en ayant le souci d’un pressing constant lorsque les Bleus seront dépossédés du ballon. L’équilibre de l’Equipe de France en dépend. Sa réussite aussi…