Un sommet dans l’obscénité politique et morale a été atteint ce samedi par un obscur parlementaire UMP de la Droite populaire (sic), Philippe Marini, président de la commission des finances au Sénat : « L’afflux des réfugiés africains à Lampedusa et bientôt chez nous me fait regretter la disparition du régime Khadafi en Libye » a twitté ce peu ragoûtant personnage.

Soulignons les omissions et contre-vérités. Les réfugiés « africains » sont, de plus en plus, des réfugiés syriens ou kurdes chassés par la guerre qui ravage leur pays martyr. Passons. Quant au « bientôt chez nous » (à la nage, faut-il supposer) de tous les milliers d’hommes, de femmes et d’enfants parqués dans l’île de Lampedusa sans qu’aucune issue à leur sort ne se dessine, l’épouvantail est tellement énorme qu’on fera l’économie de confondre le vil démagogue.

L’imbécillité des regrets concernant Khadafi mérite, en revanche, d’être relevée comme un petit chef-d’oeuvre de connerie et/ou de mauvaise foi. C’est Kadhafi en personne, passé du terrorisme contre l’Occident à une politique de chantage face à ce même Occident, chantage aux réparations italiennes + chantage à la respectabilité internationale, qui a inventé et mis en place dans les dernières années de sa dictature le robinet de l’immigration clandestine vers l’Italie à partir des ports libyens, étroitement contrôlés, faut-il le dire, par un régime policier de première grandeur.

Selon l’accueil fait à ses foucades, ses diktats ou ses prises d’otages (affaire des infirmières bulgares), par une Europe en mal de contrats pétroliers et autres, selon les crédits, réparations, largesses, rançons qui lui étaient ou non consentis, le dictateur, en toute publicité, ouvrait, fermait ou filtrait les vannes de l’immigration clandestine, envoyait ou reprenait les boat people dont il submergeait à sa main l’Italie.

Lampedusa est un pur héritage de l’ère Kadhafi. Il est vrai que, dans le même ordre d’idée, le même Marini, jamais à court d’une infamie et d’un crachat aux damnés de la terre, affirmait quelque temps plus tôt dans Oise Hebdo que Bachar al-Assad était « un bon politique », à la tête d’un régime autoritaire mais « l’esprit plus moderne que l’opinion ne peut le penser. »

Cette invention-inversion que les dictatures arabes auraient fait barrage à l’islamisme, barrage à la division interne et aux irrédentismes, barrage à « l’invasion » de l’Europe, est à la géopolitique ce que le fantasme est à l’analyse. A proportion de la chape de plomb qu’elles imposaient sur les populations, ces dictatures ont, en réaction, produit sans coup férir l’islamisme, les cassures ethniques ou religieuses, l’exode des opprimés. Les Marini petits et grands sont des boeufs ignorants, sans parler du reste.
Grâce à eux et leurs affidés du FN, solidarité, compassion, secours, internationalisme sont en passe de devenir des gros mots.
Jésus, Victor Hugo, Gandhi, réveillez-vous ! Ils sont en train de devenir fous.

Un commentaire

  1. Bonsoir,
    Il a raison ce député de regretter Kadhafi, si non comment qualifiez vous un pays ou un premier ministre se kidnapper, c’est hallucinant.
    Concéder qu’actuellement la libye n’est plus gouverné à cause de qui d’après eh bien à cause de BHl mon ami.

    Jésus, Victor Hugo, Gandhi, réveillez-vous ! Ils sont en train de devenir fous bhl et compagnie.
    Postez svp mon commentaire.WTD

    Salutations.