On s’en doutait, les chiffres le confirment. L’exposition imaginée par Bernard-Henri Lévy par la Fondation Maeght, Les Aventures de la vérité, est l’un des événements culturels incontournables de l’été. Réunissant, depuis le 29 juin dernier, cent soixante oeuvres, souvent majeures, prêtées par des musées et collectionneurs du monde entier, ce parcours au coeur de l’histoire de l’art, de Cranach l’Ancien à Rothko, du Tintoret à Pollock, attire à Saint-Paul entre 1 000 et 1 300 visiteurs par jour. Avec une pointe à 1 381 entrées jeudi… Dans les pas de Giacometti, dont la rétrospective avait atteint en 2010 un record de fréquentation, BHL sans bouder son plaisir dédie ce succès à Anselm Kiefer, Daniel Buren, Miquel Barcelo, Pierre et Gilles, Jacques Martinez, Kehinde Wiley ou encore à Jake et Dinos Chapman. Qui, tous ont créé une oeuvre spécialement pour les besoins de ce dialogue inédit entre l’art et la philosophie. Ce dialogue, chacun pourra le nouer avec BHL dimanche prochain 28 juillet, lors d’une rencontre-débat à la fondation. Le nombre de places étant limité, il est prudent de réserver.

Outre la satisfaction de l’ego, comment vivez-vous le succès de cette aventure ?
Il s’agit d’abord, et je le dis sans fausse modestie, de la victoire des artistes. Cela dit, c’est évidemment une grande joie. Et puis les circonstances sont rares, dans la vie, qui permettent à un homme d’être fidèle aux rêves de son enfance. Je me souviens de la création de la Fondation Maeght, j’avais 15 ans lors de son inauguration, ma mère m’y a conduit dès le premier été. L’accrochage de cette exposition, il y a quelques semaines, a fait resurgir en moi des émotions enfouies depuis 1964.

L’accrochage démontre que le dialogue est possible entre des oeuvres fortes, quelle qu’en soit l’époque. Une belle révélation ?
C’était mon pari. J’avoue que je tremblais un peu à l’idée que cela puisse choquer ou paraître anachronique. Mais non. Le message est passé.
Les visiteurs reçoivent le message cinq sur cinq : les oeuvres contemporaines, même quand on les croit séparées par cinq siècles. La Pietà de Jan Fabre à côté de celle de Cosme Tura, cela fonctionne. C’est le même temps, un temps homogène. Je le savais en préparant l’exposition. Ce n’est donc par une surprise mais une belle confirmation.

Certaines ont été rarement exposées. Leur réunion résulte de votre entregent ? De votre pouvoir de persuasion ?nice-matin-bhl
Ni l’un ni l’autre. Un partage de désir. Ce lieu est l’un des plus beaux musées du monde, j’avais envie d’y rassembler, l’espace d’une saison, des oeuvres que l’on n’avait jamais vues. C’est le cas du Rothko, du Pollock, du Kiefer, des trois Guy Debord ou même du Cranach l’Ancien et du Tintoret.

Des visteurs s’en tiendront aux oeuvres, au détriment du propos. Est-ce grave ?
Pas du tout. Car contrairement à ce que l’on pourrait croire c’est une exposition facile. Ce n’est pas une » prise de tête » d’intello. On peut la voir à plusieurs niveaux.
Et se laisser juste emporter par la puissance du Picasso, la force du Rothko ou la beauté du Chirico.

Une leçon d’humililté ?
Oui. Même si d’une certaine façon, une aventure comme celle-ci est une oeuvre à part entière. Le public sent qu’il se joue, là, sur les cimaises, quelque chose d’essentiel. « La vérité », ce n’est pas rien !

Informations complémentaires

Les aventures de la vérité

Fondation Maeght, à Saint-Paul-de-Vence

Tous les jours de 10h à 19 h.
Tarifs : 15 €, 10 € pour les étudiants et moins de 18 ans, gratuit pour les moins de 10 ans).
Conférence du 28 juillet : 8 €.
Inscription obligatoire au 04.93.32.45.91 ou par mail à l’adresse : societedesamis@fondation-maeght.com

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