I – Les déclarations de Mohamed Morsi
Voir les extraits vidéo sous-titrés en anglais.
Ci-dessous des extraits d’interviews du président égyptien Mohamed Morsi mises en ligne sur Internet en 2010 :
23 septembre 2010 :
Mohamed Morsi : « Ces futiles négociations [israélo-palestiniennes] sont une perte de temps et d’opportunités. Les sionistes gagnent du temps et de nouvelles occasions, alors que les Palestiniens, les Arabes et les musulmans perdent du temps et des occasions, et n’en retirent rien. Nous pouvons voir comment ce rêve s’est égrené. Ce rêve a toujours été une illusion. Pourtant, certains Palestiniens qui croient à tort que leurs ennemis pourraient leur donner quelque chose… Cette Autorité [palestinienne] a été créée par les ennemis sionistes et les Américains dans le seul but de s’opposer à la volonté du peuple palestinien et de ses intérêts.
[…]
Aucune personne raisonnable ne peut s’attendre au moindre progrès sur cette voie. Soit [vous acceptez] les sionistes et tout ce qu’ils veulent, soit c’est la guerre. C’est ce que ces occupants de la terre de Palestine connaissent – ces sangsues qui attaquent les Palestiniens, ces fauteurs de trouble, les descendants des singes et des porcs.
[…]
Nous devons employer toutes les formes de résistance contre eux. Il devrait y avoir une résistance militaire sur la terre de Palestine contre ces criminels sionistes, qui attaquent la Palestine et les Palestiniens. Il devrait également y avoir une résistance politique et économique au moyen d’un boycott, ainsi que par le soutien aux combattants de la résistance. Telle devrait être l’action des musulmans et des Arabes hors de Palestine. Ils devraient soutenir les combattants de la résistance et assiéger les sionistes où qu’ils se trouvent. Aucun des peuples et régimes arabes ou musulmans ne devrait avoir affaire à eux. Des pressions devraient être exercées sur eux. On ne doit pas leur offrir la moindre opportunité, et ils ne doivent poser le pied sur aucune terre arabe ou islamique. Ils doivent être chassés de nos pays.
[…]
Par conséquent, ces négociations doivent cesser une bonne fois pour toutes. Tout le monde doit entreprendre de soutenir la résistance, l’option choisie par les Palestiniens et par nous tous – Arabes et musulmans, Palestiniens et autres. Nous devons tous comprendre que la résistance est le seul moyen de libérer la terre de Palestine.
[…] »
Al-Quds TV (Liban), 20 mars 2010 – vu sur Internet :
Mohamed Morsi : « Les sionistes n’ont pas droit à la terre de Palestine. Il n’y a pas de place pour eux sur la terre de Palestine. Ce qu’ils ont pris avant 1947-48 constitue un pillage, et ce qu’ils font maintenant est la continuation de ce pillage. En aucun cas ne reconnaissons-nous leur Ligne verte. La terre de Palestine appartient aux Palestiniens, et non aux sionistes.
[…]
Nous devons affronter cette entité sioniste. Tous les liens, de toutes sortes, doivent être coupés avec cette entité criminelle d’usurpation, qui est soutenue par l’Amérique et ses armes, ainsi que par ses propres armes nucléaires, dont l’existence est bien connue. Elle mènera à leur propre destruction. Les peuples doivent boycotter cette entité et éviter la normalisation des relations avec elle. Tous les produits en provenance de pays qui soutiennent cette entité – des États-Unis et d’autres – doivent être boycottés.
[…]
Nous voulons un pays pour les Palestiniens sur toute la terre de Palestine, sur la base de la citoyenneté [palestinienne]. Tous les discours sur une solution à deux États et sur la paix ne sont qu’illusion, [une illusion] que les Arabes ont nourrie pendant longtemps maintenant. Ils n’obtiendront rien d’autre des sionistes que cette illusion.
[…]
Ils [les sionistes] ont toujours attisé les flammes de la guerre civile, où qu’ils se trouvaient, tout au long de l’histoire. Ils sont hostiles par nature.
[…]
Les sionistes n’ont compris que le langage de la force. »
II – Réactions en série suite à la publication par le MEMRI des déclarations antisémites de 2010 du président égyptien Mohamed Morsi
Le 3 janvier 2013, MEMRI publiait des déclarations antisémites du président égyptien Mohamed Morside mars 2010. Cette révélation a été relayée dans le monde entier ; elle a suscité la condamnation et une demande de rétraction de la part de l’administration américaine.
En réaction, Morsi a affirmé que ses paroles avaient été sorties de leur contexte, précisant qu’il « n’accepte pas… des propos désobligeants sur… toute religion [quelle qu’elle soit] », marquant là « une première étape importante », selon l’administration américaine.
Les propos antisémites du président Morsi relayés dans le monde
Le 11 janvier, Forbes publiait un article du journaliste Richard Behar, basé sur la vidéo de MEMRI TV et les déclarations de Morsi. Behar notait que, si la chaîne Fox News Channel avait déjà mentionné le sujet, les grands médias avaient gardé le silence sur ces déclarations, malgré leur intérêt manifeste, et s’interrogeait sur ce mutisme.
Le 14 janvier, Jeffrey Goldberg écrivait dans The Atlantic un article au sujet de la vidéo de MEMRI TV, appuyant la critique de l’absence de couverture médiatique de Forbes.
Enfin, le 15 janvier, le New York Times publiait, en une, un article sur les commentaires de Morsi.
Rapports des médias, de la Maison Blanche, du Département d’Etat, de Canada FM, de sénateurs américains condamnant les déclarations de Morsi ; Allemagne : des commentaires agressifs ou blessants « de toutes les parties » sont inutiles
Le 15 janvier, la Maison Blanche et le Département d’État américain ont condamné les déclarations faites par Morsi dans la vidéo de MEMRI TV. Lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, l’attaché de presse Jay Carney qualifiait les remarques de Morsi de « profondément choquantes ». La porte-parole du Département d’État Victoria Nuland a employé les mêmes termes et a affirmé : « Nous pensons que ces commentaires doivent être rétractés et qu’ils doivent l’être fermement ». Et d’ajouter : « Nous réprouvons totalement ces déclarations, comme tout discours de haine religieuse. Ce type de rhétorique est utilisé dans cette région depuis bien trop longtemps. » (Pour voir les deux déclarations, cliquer ici.)
Le ministre des Affaires étrangères canadien condamne les propos de Morsi
Dans une interview à la CBC, le ministre des Affaires étrangères canadien, John Baird, condamne les déclarations de Morsi, disant : « Je pense qu’à chaque fois que l’on entend des propos qui relèvent de ce type de diatribe antisémite, cela éveille en nous tous une profonde inquiétude. Ces remarques étaient absolument odieuses et, bien évidemment, le gouvernement canadien condamne toutes déclarations de cet acabit. »
Les sénateurs américains condamnent les déclarations
Le 16 janvier, le sénateur John McCain, qui se trouvait en Égypte pour une visite de la délégation sénatoriale non divulguée, a condamné les propos du président Morsi, tout en réaffirmant son soutien à un plan d’aide à l’Égypte. Le membre de la délégation, le sénateur Richard Blumenthal, a déclaré que la délégation avait « exprimé notre point de vue dans des termes formels » et que les remarques de Morsi « contrecarraient les objectifs d’amitié entre nos deux peuples ». Un autre membre de la délégation, la sénatrice Kirsten Gillibrand, a affirmé : « J’ai été très précise et directe en demandant au président Morsi de retirer ces commentaires, et de s’exprimer sur la relation de l’Égypte avec Israël et sur les droits des femmes égyptiennes… Je continuerai de suivre ces questions de près. » Elle a ajouté : « Les publications récemment mises au jour sur les remarques désobligeantes du président Morsi envers Israël et le peuple juif sont gênantes et profondément troublantes. »
Le gouvernement allemand : des commentaires agressifs ou blessants « de toutes les parties » sont inutiles
Le 25 janvier, Reuters rapportait en amont de la visite du président Morsi en Allemagne prévue pour la semaine prochaine, qu’un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères avait affirmé, lors d’une conférence de presse, qu’il ne « commenterait pas les remarques attribuées à M. Morsi. » Le porte-parole a ajouté que des commentaires agressifs ou blessants « de toutes les parties » étaient inutiles.
Lors d’une rencontre avec des sénateurs américains, le président Morsi sous-entend qu’il est victime des médias américains dirigés par les juifs
Lors d’une rencontre avec le président Morsi qui a été, selon le blog Foreign Policy’s The Cable, « très contentieuse », Morsi a laissé entendre qu’il était victime des médias américains dirigés par les juifs. Alors que, selon le quotidien égyptien Al-Ahram, Morsi « s’excusait auprès des membres » de la délégation sénatoriale américaine, le sénateur Chris Coons a déclaré : « Il essayait de s’expliquer… puis il a déclaré : Eh bien, je pense que nous savons tous que les médias aux États-Unis en ont fait toute une histoire et nous savons que les médias américains sont contrôlés par certains pouvoirs et qu’ils ne me voient pas d’un bon œil’ ». Coons a poursuivi : « Il n’a pas dit [les juifs], mais j’ai vu que les autres sénateurs ont eu un mouvement de recul, comme moi », ajoutant : « Selon moi, il était impossible de comprendre autre chose. »
Coons a ajouté : « La réunion a ensuite pris une tournure très fortement négative pendant un certain moment. Il a vraiment menacé de tourner à court toute la réunion et de nous empêcher de poursuivre. »
Le rapport rapporte également que les sénateurs ont été interloqués lorsque Morsi a avancé que les critiques de ses déclarations provenaient des juifs dans les médias. Une telle déclaration était peut-être même plus choquante que ses commentaires de 2010.
Réactions du Bureau du président Morsi : Les déclarations ont été sorties de leur contexte, et il « n’accepte pas… des propos désobligeants sur… toute religion [quelle qu’elle soit] »
Le New York Times, le Washington Post, l’Associated Press et l’AFP rapportent que le président Morsi a affirmé que ses propos avaient été sortis de leur contexte. En outre, le Global Post et Salon.com ont indiqué que l’Egypte minimisait les propos de Morsi.
Voyant que le département d’État ne faisait aucun commentaire sur ces réactions, le bureau du président Morsi a dépêché une déclaration en anglais pour dire que « le président a la conviction que nous devons respecter et même célébrer notre humanité commune et n’accepte ou ne tolère des propos désobligeants sur aucun groupe religieux ou ethnique. »
Le Département d’Etat : La déclaration de Morsi n’est qu’« une première étape importante »
Le 17 janvier, l’Associated Press rapportait que selon la porte-parole du département d’Etat Victoria Nuland, les États-Unis n’étaient pas convaincus que Morsi avait renoncé à ses opinions exprimées en 2010, et qu’il leur fallait plus qu’un communiqué du bureau présidentiel.
Elle a déclaré : « De notre point de vue, cette déclaration était un premier pas important pour clarifier que le type de rhétorique choquante dont nous avons pu témoigner en 2010 n’est pas acceptable, ni productif, et ne devait pas exister dans une Égypte démocratique… Cela dit, nous attendons du Président Morsi et des dirigeants égyptiens qu’ils montrent à la fois en paroles et en actions leur engagement à la tolérance religieuse et au respect de toutes les obligations internationales de l’Égypte. »
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