Non, ce n’est pas drôle. L’interminable crise qui menace de faire sombrer l’UMP contribue à miner plus encore la confiance, déjà gravement entamée, entre citoyens et personnel politique. Certes, l’ahurissante bataille pour la présidence du grand parti de droite a pu provoquer une incrédulité amusée. Certes il était presque inévitable, pour des gens de gauche, de ne pas éprouver une joie mauvaise à voir Fillon et Copé s’étriper, Juppé se retrouver entraîné dans la mêlée et vite s’enfuir, Sarkozy tenter de jouer les juges de paix, Borloo en rajouter en tissant sa petite toile. Bref, difficile de cracher sur son plaisir quand l’adversaire s’auto-administre la gigantesque raclée qu’on n’a pas pu lui infliger par nous-mêmes.
Mais par-delà nos petites satisfactions privées narquoises, ce qui se passe dans la droite est en fait inquiétant pour la démocratie. Tout d’abord parce que le Front national risque logiquement d’être le principal bénéficiaire de la sur-droitisation copéiste. Si l’UMP explose, bon nombre de ses élus, cadres et électeurs partisans d’une « droite décomplexée » seront tentés par le parti qui affiche le moins de complexes à s’afficher en droite extrême. Le centre de gravité politique en France ne cesse de dangereusement se déplacer, comme en Grèce ou en Hongrie, vers les cloaques xénophobes, racistes, homophobes et antisémites. Quand Copé, à la suite de Nicolas Sarkozy, s’inspire de Patrick Buisson, on est en alerte orange.
Un petit détour s’impose ici. L’ancien conseiller de Sarkozy, qui fut le patron de Minute, s’avère être le tout récent auteur d’un livre sur « Le Paris de Céline » qui occulte allègrement les raisons pour lesquelles le docteur Destouches a préféré fuir la capitale dans les fourgons des dignitaires nazis. L’ouvrage n’est pas édité par un de ces obscurs éditeurs d’extrême droite qui cherchent inlassablement à réhabiliter l’antisémite forcené auteur de Bagatelles pour un massacre, mais par une maison qui a pignon sur rue, à savoir Albin Michel. Éditeur qui, afin de garantir le succès commercial du livre, a fait appel à Lorànt Deutsch, l’acteur au joli minois qui se définit comme catholique et royaliste, afin de « présenter » ces 192 pages dans lesquelles le sort des Juifs n’est même pas un point de détail puisqu’il en est carrément absent. Quand Copé, donc, usant des recettes élaborées par Buisson, s’efforce d’instrumentaliser à son profit les sales petites jouissances que procure la haine démuselée des impuretés d’un paysage français fantasmé comme éternel terroir, on se dit qu’une menace sourde guette le pacte démocratique.
Mais peut-être plus inquiétant encore est le sentiment qui se conforte ainsi que la politique n’est qu’une lutte entre individus qui veulent accéder au pouvoir, qui veulent juste le pouvoir pour le pouvoir. C’est le « tous pourris » ou le « tous des clowns » qui gagne du terrain. Plus précisément c’est la bonne vieille gouaille populaire, la gouaille des camelots – oui, les camelots comme dans Camelots du roi –, ce bons sens ricaneur rance, qui peut ainsi se délecter de voir les élites s’abaisser, les « puissants » n’être finalement que des nains. C’est la satisfaction revancharde de penser que nous serions ainsi tous les mêmes par notre petitesse et nos bassesses, que nous serions tout un peuple uni par la commune étroitesse d’esprit, par la même vulgarité de nos pauvres petites ambitions. En attendant qu’un authentique chef, un gars qui a de la poigne, vienne remettre de l’ordre dans tout ça, le petit peuple des sans-grades, celui du moins que tous les démagogues nomment ainsi pour le constituer dans l’aigreur et flatter sa hargne, ce petit peuple n’aime rien tant que de voir le monde à son image mesquine, dans l’attente trouble de se soumettre au grand et viril rédempteur.
Les sondages indiquent que Copé sort bien plus affaibli que Fillon de cette cynique et extravagante guerre pour être le chef et prochain candidat UMP à la présidentielle. C’est, dans l’immédiat, une toute petite consolation. Mais le mal est fait, et sans doute sera-t-il durable. La majorité ferait bien d’y penser. En commençant par se demander comment résister au désastreux effet du quasi abandon d’Arcelor Florange.
Copé. Lorsqu’il parle de racisme antiblanc, il le fait en républicain. Vous ne le sentez pas? Moi, je le sens. Il ne dégage rien de dégueulasse. Je le vois tout autant que ceux qui ont vu de leurs yeux vu la culpabilité du Strauss-Kahn menotté leur sauter aux yeux avaient été attendris par le sourire angélique de Roberto Succo dans la même situation. En revanche, quand c’est Le Pen qui donne dans l’antiblanc, elle le fait en Blanche. Vous saisissez la nuance? L’un redoute le communautarisme et le rejet croissant d’une France identifiée à tort ET à raison comme hostile dans certains quartiers peuplés en majorité de travailleurs pas blancs. L’autre attise la défiance des minorités en faisant monter ses petits Blancs en neige carbonisatrice. Alors, Copé se déporte-t-il sur les thèmes du nationalisme? Si vous l’aimez en judéo-croisé assoiffé de sang sarrasin, probablement… Suis-je en accord avec son art et sa manière de combattre ces connards de footeux intouchables, – je précise que je ne fais pas allusion à quoi que ce soit d’autre que ce à quoi je fais allusion, – qui sont sortis du bois pour afficher leur soutien à Gaza? Que nenni. Je préférerais que la France se demande si elle a fait quelque chose d’indigne pour mériter que quelques uns de ses enfants l’envoient ainsi chier. Je dois confesser qu’il m’arriva jusqu’au procès Papon d’éprouver plus souvent qu’à mon tour des poussées d’anti-France. Pour autant, je ne suis pas de ceux qui explosent de joie pendant qu’un autobus explose ou qu’un parti implose. Copé. Derrière la détestation qu’il suscite se dessine par contraste un profil de leader de la droite idéale. Et bizarrement, ce chef de l’UMP-là a tout d’un chef du Parti socialiste. C’est à croire que les militants UMP sont des socialistes honteux, ou que les militants PS souhaiteraient pouvoir être de droite sans qu’on le leur reproche. Hollande. J’ai dit «Hollande»? Pourquoi est-ce que j’ai fait ça… c’est dingue! OK. Copé. Je suis désolé de me le rappeler, mais voilà, il y a autant de salauds à gauche qu’il y en a à droite. Ah ouais, je comprends mieux… Et la réconciliation nationale n’a pas fini de démontrer de sa nécessité à l’endroit même où son artisan n’aura jamais trahi ses propres valeurs en l’imposant à sa nation malade. Et je suis désolé de le rappeler à ceux d’entre mes frères dont la violence des faits qui les percutent autant qu’ils me percutent le leur fait négliger, mais Jean-François Copé n’est pas Patrick Buisson. Je répète. Jean-François Copé n’est pas Patrick Buisson. Dans la même veine, ramener Williamson à l’intérieur de l’Église permet de l’empêcher de grossir à l’extérieur. Alors, Copé Panzer? No way. Copé Jew Panther. Hollande Luther King. Un bras. Deux bras. On se lève et let’s go.
Je partage cette analyse intégralement!
Je pensais être la seule à prendre très au sérieux ce qui est en train de se passer.
Pour ceux à qui ça amuse, regardez les chiffres et le nombre de militants UMP qui rejoignent le Front National.
Ca calme.
Le parti d’NKM existe. Elle n’a pas oublié comment il s’appelle. Que le président du parti d’NKM offre à celle-ci et à quiconque se souviendra de son nom au sortir de l’évanouissement suggéré, un ou n postes dignes de ce que ces derniers ont su bâtir aux moments clés de l’Histoire récente. La présence des ordures kadhafistes au PS n’a jamais empêché Badinter ou Jospin de se regarder dans une glace. Les organisateurs de flottilles pro-Hamas non plus. Le parti d’NKM n’a pas sombré après qu’un futur filloniste fut recadré par sa ministre éponyme sur le concept de hiérarchie des civilisations humaines battu en brèche par les acquis de l’anthropologie structurale. Le président du parti d’NKM ne peut pas se passer des personnalités les plus intelligentes et emblématiques de son mouvement politique. Il doit les placer suffisamment près de son oreille pour que soient parfaitement audibles sous une pluie de grêlons les propositions qu’elles seraient amenées à lui faire à voix basse. Que la motion Louis-Ferdinand Céline soit arrivée presque partout en tête prouve qu’elle ne fut pas lue et ne décide pas davantage de la ligne politique adoptive du président du parti d’NKM que le camp du Non n’avait infléchi à son heure l’européisme de l’actuel président de la République française. C’est à cela que l’on reconnaît un Colombus de la paix, au moment où son équipage à bout de forces, désespéré, vidé, brûlé d’ingratitude, s’est laissé submerger par le fantasme de l’autogestion. Les motions sont indexées sur le diktat de l’émotion au spectacle de la société. On les prend plus qu’on ne s’en éprend. On les jette après qu’on les a prises sans jamais les apprendre. Pas de quoi fouetter le chat de Mesmer.
Le citoyen lambda qui n’est pas adhérent à l’U.M.P. ni à aucun autre parti peut quand même être révolté, en ces temps de crise, de se voir imposé le spectacle de la lamentable pantalonnade qui mobilise tous les médias.
Ce n’est pas de nature à lui redonner confiance dans la classe politique en pleine
déliquescence et dans les Institutions pas au mieux de leur forme.
Ceci est d’autant plus vrai lorsque, de plus, l’un des protagonistes est un professionnel du Monde de la Justice, l’un des piliers de la République.
Il n’est pas en effet acceptable pour les citoyens, qui peuvent être des justiciables, d’assister aux postures et déclarations qui n’honorent pas…les « porteurs de robe. »
Ils sont en droit de s’étonner du silence surprenant du Conseil de l’ordre.
Il est intéressant, et cela pourrait être drôle, de rappeler qu’en novembre 2002 le Conseil de l’Ordre des Avocats de Bergerac avait cru devoir sanctionner l’avocate Valérie Faure, en lui infligeant 6 mois de suspension d’activité, au motif que cette dernière aurait «manqué aux principes d’honneur et de bonnes mœurs »…en jouant de l’accordéon dans la rue en sollicitant la générosité du public» Elle accompagnait, en fait, son mari chanteur de rue…
La situation actuelle, loin de tout respect de l’éthique, n’aurait pas à être évoquée si une proposition de loi présentée à tous les partis et à tous les parlementaires avait été suivie d’effet. Elle porte sur «l’obligation pour les professionnels de Justice de faire un choix entre être « avocat ou magistrat » ou « parlementaire. » Ils votent en effet des lois qu’ils vont ensuite, éventuellement défendre ou mettre à mal dans les prétoires ?
Or « la notion de conflit d’intérêts » est inscrite toute entière dans la parole évangélique « Nul ne peut servir deux maîtres à la fois.» Elle est au cœur même de la déontologie de la plupart des professions libérales et plus particulièrement de celle d’avocat. » Source Conférences des Bâtonniers : http://www.annoncesdelaseine.fr/index.php/2010/05/14/le-conflit-d’interets/
Il faut bien admettre que « la bagarre de chiffonniers » qui se déroule publiquement jette un peu plus de discrédit sur la classe politique et la Démocratie. Elle ne concerne pas que l’UMP.
Elle justifie, à tout le moins, d’indispensables changements dans les comportements et réformes.
Mais comme le dit le rapport du Service Central de la Prévention de la Corruption (SCPC) du Ministère de la Justice au sujet de la réforme, également attendue de manière urgente, du financement public des partis politiques, à savoir : « la difficulté de réformer le dispositif résulte du fait que la classe politique dans cette affaire est à la fois juge et partie »…
Messieurs « LES ABUSEURS PUBLICS » vous ne nous faites plus rire du tout !