Michel Polac, écrivain, critique littéraire et cinéaste, est décédé aujourd’hui mardi 7 août, à l’âge de 82 ans.
Alors qu’il débute à l’ORTF en 1947, à l’âge de 17 ans seulement, il est rapidement repéré par Jean Tardieu. Ce dernier lui proposera huit ans plus tard de créer et animer une émission sur la littérature et le théâtre. C’est ainsi qui naît Le Masque et la Plume, toujours diffusée sur France Inter.
L’année suivante, en 1956, il signe son premier roman, La Vie incertaine.
Il anime parallèlement des émissions télévisuelles et réalise plusieurs films, dont Un fils unique ou encore Question de confiance.
Entre 1981 et 1987, il anime sur TF1 l’émission de débats Droit de réponse, créant régulièrement la polémique.
Il intègre en 1987 la rédaction de L’Évènement du jeudi, l’hebdomadaire fondé par Jean-François Kahn, puis, dix ans plus tard, celle de Charlie Hebdo.
Il officie dans l’émission de Laurent Ruquier On n’est pas couché à son lancement en 2006, avant d’être remplacé l’année suivante par Éric Naulleau pour raisons de santé.
C’est sur ce plateau, à l’occasion de la venue de Daniela Lumbroso le 27 avril 2007, qu’a été ravivée la polémique sur les accusations de pédophilie dont il a fait l’objet : quelques années auparavant, l’animatrice avait lu sur LCI des extraits du journal intime du journaliste, décrivant des relations sexuelles avec de très jeunes filles.
Irrépressible provocateur, Michel Polac a toujours affiché des prises de position audacieuses, et fait en outre partie des signataires de la pétition pour le droit de « Mourir dans la dignité ».
Michel Polac, c’était une transparence. Michel Polac, c’était une opacité. Rien jamais ne lui échappait, tout par moment lui devenait indifférent. Il était le conducteur d’une locomotive, heureux que sa machine se remette en route et l’éloigne du dernier quai où son pied risquait de prendre racine. À ce compte-là, le lieu de destination revêtait la nature d’un lieu de départ. C’est le déplacement seul qui avait force de délivrance. Le déplacement d’un regard vers un feu de feuillets déjà crépitants au bout de cinq minutes après l’allumage du poste se faisait fort de ramener même un Bedos sur les bancs de l’école, – sa moustache polaçonne, sa tête baissée en exemple, son oreille débranchée, le sentiment d’être laissé à la merci de ses camarades, l’incertitude érotiquement pudique, le tout non saupoudré du décillé en pâmoison d’Anne de France ou des œillères ultrapro du commentateur sportif de l’avenue Gabriel, «?» – aux deux bouts de son nez, les quat’ zyeux du tireur de vers leur fichait le trac. Il y avait un «p’tit oui» à l’intérieur se passant de «c’est cela» pour se faire comprendre, un «moui» qui les faisait pâlir à l’idée qu’ils aient pu décevoir l’instaurateur du Droit de réponse. Avec Polac, ce n’est pas gagné d’avance. Nul n’entortille le charmeur de serpent. Il semble avoir tout vu, être revenu de tout, et ce n’est peut-être pas qu’une impression… Il faut dire que ce n’est pas au neveu par alliance de l’irréductible, – Malraux sera aussi rageusement gaulliste après la guerre qu’il avait été communiste avant, – ministre du premier vainqueur dans les urnes de l’actuel (à replacer dans l’époque) président socialiste que l’on va faire sentir l’obligation de trouver en chaque situation le bon geste de gauche au cas où, par malheur? on viendrait à se méprendre sur son compte. Un convive se lève de la table où le placeur l’avait placé, se met à gueuler, à lever le poing dans l’intention de faire taire une personnalité publique dont l’arbitre de la semaine jugeait qu’il avait mérité mieux qu’un supplice de la baignoire en préalable au crachat de morceau, le fait que l’antidémocratie soit de gauche et sa cible de droite n’entre pas une seconde en ligne de compte dans la décision du passeur de parole de demander à ce qu’on fasse dégager manu militari l’abruti du plateau. Polac, c’est le Portique. Celui qui se sent prêt a le droit d’y monter, à ses risques et périls. Ou plutôt, le Banquet. Celui qui prend la parole y est mis à nu de par la qualité d’écoute qu’on lui offre. Il y a sans doute un vent d’hémisphère Nord dont le souffle, par effet de Coriolis, est très naturellement dévié vers l’Est, mais les cadreurs et le preneur de son ne sont pas au courant de ses artifices. Ni le salaud ni le héros ni l’antihéros se seront magnifiés par les prétentions hors de propos d’un showaste profitant de l’occase trop bonne pour se glisser en 2e partie de soirée dans la peau de Leone. Les acteurs de la vie publique sont véracifiés. Ni avilis ni magnifiés sinon par eux-mêmes. Ainsi de l’aristocratissime Serge Morgan de Koralnik, emplissant d’une haleine à 70 degrés son ballon de baudruche en forme de concombre, qu’il colle à sa ceinture, mimant une érection sifflante sortie en trombe d’un Tex Avery jamais réalisé. Avec Polac, tout est possible, rien n’est nuisible, une obscénité affleure inexorablement les tréteaux de la commedia dell’arte. Michel Polac ou L’humour est mon métier. L’anticommandant d’un Auschwitz dont il lui faudra atteindre l’âge d’être grand-père pour s’entendre nous dire que sa mère et lui avaient attendu de longues années que son père en revienne. Michel Polac était un gros chat du Cheshire. Un Apache carrollien tirant sur son calumet de la poisse dès que tournait le vent vers l’âge de raison, tenaillé par l’espoir de retrouver les jours où il avait un père. Son sourire en paraphe surligne sa disparition.
P.-S. : Mon allusion finale à la polémique finale ne vise aucune généralisation (ce serait un comble) à travers une tentative d’explication ne prétendant pas davantage faire œuvre de justification.
WARNING : Depuis l’affaire Polanski, un NON-dit bouche le trou de mémoire béant où ma génération feint de s’être enfoncée. Du vivant de Gainsbourg, Adjani comparait la relation d’amour qu’il nouait alors avec les Français à l’impact que Marilyn Monroe avait eu sur l’Amérique. Gainsbourg fut plus qu’adoré, il fut aimé. Il fut aimé pour avoir su aimer ceux qu’il aimait sans rien cacher à personne de ses sentiments. Vous savez, comme lorsque vous déclarez votre flamme à voix haute au beau milieu d’un restaurant afin d’avoir la possibilité, le jour où fatalement il y aura de l’eau dans le gaz, de ramener les témoins de la scène vers l’élu(e) de votre cœur qui lui confirmeront que vous l’avez aimé(e). L’honnêteté de l’Homme à tête de chou fut inédite en la matière. Ses troubles n’étaient jamais dissimulés, depuis ses parties de rodéo avec l’hippopodame jusqu’aux aveux de ses émois aussi chastes qu’incestueux pour sa petite Charlotte aux pommes. Nous étions charmés par la mise à nu de cette re-Naissance de Vénus venant couronner le sacre de notre nouveau roi, au déstabilisant car transsexuant visage. C’était maintenant : Love on the Beat. Je me souviens d’une citation de Léo Ferré, affirmant comme il savait affirmer que tout homme honnête ne pouvait pas prétendre qu’il n’avait jamais été troublé devant l’explosion hormonale d’une jeune fille au moment de la puberté. J’ignore si le journal de Polac a pris à l’occasion les chemins de traverse de l’auto-«fiction», mais ce que je puis affirmer, c’est que les confidences qu’il nous fait sur le réveil des premières sensations de vide où l’éternel féminin attire l’éternel masculin entrent au Top 50 de tous les hommes déshonnêtes. Pour finir, la série des Emmanuelle extrêmement populaire durant la (décade ant)érieure, dévoilait que les femmes pouvaient elles aussi succomber aux charmes de très jeunes personnes, y compris de leur sexe. Je passe sur les unes hamiltoniennes du magazine Photo, lesquelles traînaient à l’époque sur les lits de tout adolescent bien constitué à côté de la bouche ombilicale aux gros yeux mamelonesques du 45 tours d’Angie. Photographier, filmer, dire le désir, afin de mieux le reconnaître et puis, le réprimer quand il vient à passer, le sublimer d’un regard affectueux sur son propre passé. Paix aux cendres d’antan!
P.-S. : J’hésite à en rester là. Je sais que les lettres ne sont pas censées peindre ce que d’aucuns attendent qu’elles dépeignent. Elles ne jouissent pas de la même liberté qu’on abandonne aux arts, qu’elles embrassent quand elles veulent, mais savent mieux encore dédaigner, voués qu’ils sont à la fosse commune. Et si elles jouent victorieusement au Caravage, elles craignent d’exhiber noir sur blanc son Cupidon et de laisser le spectateur se démerder avec.
Michel Polac, c’était une transparence. Michel Polac, c’était une opacité. Rien jamais ne lui échappait, tout par moment lui devenait indifférent. Il était le conducteur d’une locomotive, heureux que sa machine se remette en route et l’éloigne du dernier quai où son pied risquait de prendre racine. À ce compte-là, le lieu de destination revêtait la nature d’un lieu de départ. C’est le déplacement seul qui avait force de délivrance. Le déplacement d’un regard vers un feu de feuillets déjà crépitants au bout de cinq minutes après l’allumage du poste se faisait fort de ramener même un Bedos sur les bancs de l’école, – sa moustache polaçonne, sa tête baissée en exemple, son oreille débranchée, le sentiment d’être laissé à la merci de ses camarades, l’incertitude érotiquement pudique, le tout non saupoudré du décillé en pâmoison d’Anne de France ou des œillères ultrapro du commentateur sportif de l’avenue Gabriel, «?» – aux deux bouts de son nez, les quat’ zyeux du tireur de vers leur fichait le trac. Il y avait un «p’tit oui» à l’intérieur se passant de «c’est cela» pour se faire comprendre, un «moui» qui les faisait pâlir à l’idée qu’ils aient pu décevoir l’instaurateur du Droit de réponse. Avec Polac, ce n’est pas gagné d’avance. Nul n’entortille le charmeur de serpent. Il semble avoir tout vu, être revenu de tout, et ce n’est peut-être pas qu’une impression… Il faut dire que ce n’est pas au neveu par alliance de l’irréductible, – Malraux sera aussi rageusement gaulliste après la guerre qu’il avait été communiste avant, – ministre du premier vainqueur dans les urnes de l’actuel (à replacer dans l’époque) président socialiste que l’on va faire sentir l’obligation de trouver en chaque situation le bon geste de gauche au cas où, par malheur? on viendrait à se méprendre sur son compte. Un convive se lève de la table où le placeur l’avait placé, se met à gueuler, à lever le poing dans l’intention de faire taire une personnalité publique dont l’arbitre de la semaine jugeait qu’il avait mérité mieux qu’un supplice de la baignoire en préalable au crachat de morceau, le fait que l’antidémocratie soit de gauche et sa cible de droite n’entre pas une seconde en ligne de compte dans la décision du passeur de parole de demander à ce qu’on fasse dégager manu militari l’abruti du plateau. Polac, c’est le Portique. Celui qui se sent prêt a le droit d’y monter, à ses risques et périls. Ou plutôt, le Banquet. Celui qui prend la parole y est mis à nu de par la qualité d’écoute qu’on lui offre. Il y a sans doute un vent d’hémisphère Nord dont le souffle, par effet de Coriolis, est très naturellement dévié vers l’Est, mais les cadreurs et le preneur de son ne sont pas au courant de ses artifices. Ni le salaud ni le héros ni l’antihéros se seront magnifiés par les prétentions hors de propos d’un showaste profitant de l’occase trop bonne pour se glisser en 2e partie de soirée dans la peau de Leone. Les acteurs de la vie publique sont véracifiés. Ni avilis ni magnifiés sinon par eux-mêmes. Ainsi de l’aristocratissime Serge Morgan de Koralnik, emplissant d’une haleine à 70 degrés son ballon de baudruche en forme de concombre, qu’il colle à sa ceinture, mimant une érection sifflante sortie en trombe d’un Tex Avery jamais réalisé. Avec Polac, tout est possible, rien n’est nuisible, une obscénité affleure inexorablement les tréteaux de la commedia dell’arte. Michel Polac ou L’humour est mon métier. L’anticommandant d’un Auschwitz dont il lui faudra atteindre l’âge d’être grand-père pour s’entendre nous dire que sa mère, sa sœur et lui avaient attendu de longues années que son père en revienne. Michel Polac était un gros chat du Cheshire. Un Apache carrollien tirant sur son calumet de la poisse dès que tournait le vent vers l’âge de raison, tenaillé par l’espoir de retrouver les jours où il avait un père. Son sourire en paraphe surligne sa disparition.
N’ayant pas encore lu son journal intime, et n’étant plus très sûr de la composition de sa famille, je vous laisse une seconde version du même hommage auquel je soustrais une sœur dont je ne trouve pas trace dans les différentes biographies en ligne, sachant que vous aurez sur ce point la réponse.