Les images parlent parfois d’une voix bien plus sonore que les mots mêmes. Celle-ci est tragiquement de cette nature.
Au moment même où l’on évoque sans cesse le devoir de mémoire, la nécessité de conserver la trace des crimes du passé, de les graver dans le souvenir commun, afin d’éviter, autant que faire se peut, qu’il ne se reproduisent dans la même insouciance.
Au moment où l’on s’apprête à commémorer le soixante-dixième anniversaire de la Rafle du Vélodrome d’Hiver.
Cette image est une honte. Cette image témoigne, ou d’une inconscience tragiquement coupable, ou d’un irrespect brutal envers la souffrance de ceux qui sont morts pour la France.
On dira, en manière de plaisanterie douteuse, que les préservatifs ont, lors du Débarquement de Normandie, servi aux soldats afin de conserver leurs biens précieux au sec.
Puis on réfléchira un instant. Que, dans le recoin du XVIe arrondissement où, le 9 juin 1943, le Général Charles Delestraint a été acculé par des soldats de la Gestapo, face au métro Muette, se trouve une plaque commémorative, ce n’est là qu’un juste hommage au chef de l’Armée secrète, mandaté par le Général De Gaulle.
En revanche, que, immédiatement en-dessous de cette légitime plaque, hommage minime rendu à un martyr, un distributeur de préservatifs ait été installé, c’est une injure. Une injure faite aux cinquante heures de tortures que cet homme de soixante-quatre ans dut endurer dans les geôles de la Gestapo. Une injure à sa souffrance de déporté à Dachau. Une injure au juste exécuté, d’une balle dans la tête, le 19 avril 1945, dix jours avant la Libération du camp.
Qu’aujourd’hui, au métro Muette, au coin de l’avenue Mozart et de la chaussée de la Muette, une telle ignominie soit présentée au regard de tous, est une honte. Que les passants ne s’interrogent même pas un instant face à cette confrontation contre nature est incompréhensible.
Combien de temps faudra-t-il attendre pour que cette situation soit changée, et que l’on respecte enfin la mémoire d’un défunt qui s’est sacrifié pour son pays ?
Ou doit-on supposer que, dans le champ de la mémoire, tout est désormais possible ?
« Une machine utile qui sauve des vies, contrairement à cet article qui s’indigne dans le vent. »
Au motif de quoi un distributeur de capotes devrait être placé sous la plaque qui commémore un assassinat, précédé de tortures… Je me demande combien de jours de torture certains seraient capables d’endurer pour défendre l’idée qu’un distributeur de capotes au motif qu’il sauve la vie aurait légitimité à se trouver à l’endroit où l’on tente de se souvenir de ce que les héros du passé pour sauver la France d’un avenir infâme, aux bottes des nazis ont acceptés de souffrir?
Qui s’indigne dans le vent….les hurlements des torturés vous parviendrez de cette manière que vous seriez terré à prier tous les saints pour que cela cesse!
Allons, allons, ceci n’est pas sérieux et je parie que la mairie du 16ème va vite s’enquérir de ce que quelqu’un croit utile de marcher sur la mémoire d’un héro pour permettre aux priapiques du coin de se fournir en protection de plastique.
[…] plaque commémorative. Cette disposition incongrue a fait grincer des dents l’auteur du blog Les mots et l’image. Dans « L’ignomie et l’irrespect », billet au vitriol publié la […]
C’est un distributeur de préservatif placé sur la facade d’une pharmacie. Une machine utile qui sauve des vies, contrairement à cet article qui s’indigne dans le vent.
Je me souviens de Siné un mardi 8 mai, provocateur? mec, ouille! fier comme un coq déréglé poussant son cri au crépuscule de ses propres idoles, fier et dégoûté de l’être comme un anar de droite en cavale sur sa gauche se fout de tout à commencer par soi, et là, largue-nargue sur un bardé de médailles que tous les anciens combattants sont à foutre dans le même sac, à remplir de caillasse, double nouer, puis jeter à la mer d’un Débarquement où les armes avaient massacré autant (d’innocents?) de part et d’autre, et portaient le fardeau d’une culpabilité de même nature méritant de sa part le plus profond mépris, avec un soupçon de compassion, tout de même, pour le Teuton défunt.
Duraille pour un fils d’irrésistant de tomber sur le mur où tomba un martyr auquel il doit sa liberté. Pas facile d’hériter d’un désir coupable de paix totalitaire. Je ne citerai pas Otto de Habsbourg-Lorraine sans me rappeler que s’il rappelait très justement que l’«on ne peut demander d’héroïsme qu’à soi-même», c’était en espérant faire taire les chasseurs de nazis soucieux de redonner leurs voix aux victimes de Waldheim, ex-secrétaire général de l’ONU enrôlé «de force» dans la SS, lequel jeune Autrichien de bonne et sainte famille, – son père militait au Parti social chrétien, – avait rejoint les rangs de la Ligue des étudiants allemands national-socialistes peu de temps après l’Anschluss.
La France de Tante Yvonne était certes corsetée à tout faire péter du point de vue des michetons de Barbarella; les vieux, eux, y respiraient à l’aise, on s’habitue même à ce qui tue. Mais les baby boomers ne pouvaient plus s’accommoder d’un froncement de sourcils intimant aux auteurs de faux pas un courbement d’échine. La règle de vie n’est pas la même chez Le Nain ou Legrand. Deux époques. Deux façons de s’évader de la cage thoracique d’une tradition qui vous inspire. Le triple cœur du premier accepte humblement d’occuper dans la joie la place que lui assigne l’ordre de Celui auQuel on fait ce que l’on fait au plus petit des Siens. Le double cœur du second balance entre le Vertigineux (Dizzy Gillespie) et Mademoiselle (Nadia Boulanger), et très vite, c’est la chaleur américaine qui l’emporte sur la froideur européenne (tonale ou atonale), c’est le Parnasse d’un escalier reliant les horizons où les jambes de muses noires et blanches se frôlent sans se frotter les unes aux autres, la bouche entrebâillée de Sutherland, la judéité non honteuse de Streisand, la liberté quoi!
La liberté survient au soi dès l’instant qu’il perçoit autre chose que lui-même dans l’autre; l’amour, idem.
On n’est pas obligé d’enfoncer le Major Oak dans l’anus d’un héros pour se sentir libre.
Mais on a le cul entre deux chaires, la France résistante des irréconciliables et la France collabo des historiens. Au milieu, nous dit-on, se dresse la vérité d’une France ni héroïque ni horrifique, d’un tas de Français sous l’Occupant qu’il faudrait à présent opposer quand tout était dans le temps fait pour les rapprocher l’un de l’Autre, et non sans efficace. Le portrait de Pétain hissé dans les chaumières, les hôtels à particule, les appartements petit-bourgeois, les chambres de bonnes et les taudis. Pétain, grâce à qui le peuple bas et haut ne risquait plus (ou presque plus) sa peau. Or soit! mettons de côté les quelques millions de lettres de délation, mais elles le sont déjà, je veux dire, mises à l’écart de la conscience collective, et reconnaissons l’irresponsabilité d’une nation embarquée sur la propagande monophonique des élites capables, elles, de choisir leurs lectures. Le roi des honnêtes hommes aura failli mourir (je veux bien le croire) de n’avoir pas eu l’idée «excellente», – l’ironie nous fait parfois entendre raison, – de «mourir pour des idées» quand ceux qui l’avaient eue, «multitude accablante», – Moi, j’ai dit multitude, multitude, comme c’est duplice! – «En hurlant à la mort» lui étaient «tombés dessus». Permets-moi de douter, Georges, frère admirable, ami de l’âme humaine parmi les plus ardents, toi que la peur du remords insoutenable poussa aux arrangements d’un cynisme partiel, que les résistants dont tu as le malheur de te situer dans la trajectoire de la chute aient été de ceux qui avaient risqué leur seconde vie trois, quatre ou cinq années durant! «Car, à forcer l’allure, il arrive qu’on meure / Pour des idées n’ayant plus cours le lendemain», oui, ça on peut le constater, le graver dans le marbre, l’effeffeller ou l’effeffier à perdre haleine sans l’allure de quoi, il y a bien longtemps que de telles idées Forces ne seraient plus en cours. À ton tour, maintenant, de me faire reculer. Qu’ils ne soient ni morts ni n’aient risqué la mort ne fait pas des automates qui ont vécu en paix sous le nazisme des nazis de cœur et d’esprit. La peur s’explique face à une tyrannie de cette ampleur. La peur s’y justifie, et il est d’autant plus impérieux que l’on reconnaisse la splendeur inouïe des hommes et femmes ayant fait l’effort de braver les dangers auxquels une telle mutante expose en opérant ses redimensionnements.
Si l’on pense à tirer un coup devant le général Charles Delestraint alias «monsieur Vidal», chef de l’Armée secrète, c’est dans le seul but d’arrêter ses assassins.
Face au nom qui est esprit et corps, plaqué contre un mur de la ville dans l’attente figée de l’instant éternel où s’étire le coup de feu : immobilité (du corps ou de l’esprit), retour en arrière, prière laïque.
Sortez couverts, mais sachez découvrir vos têtes! J’invite la racaille du XVIe à dessouder le distributeur Manix et à ne pas en toucher le butin, même avec un bâton.
Il s’agit de la Pharmacie de La Muette, 11 Chaussée de la Muette Paris 16e…. qui a osé apposer ce distributeur. D’ailleurs quelques soient les produits vendus, c’est immonde !
Quand cela se fait, comment peut-on venir honorer la mémoire du Général Delestraint face à cela !
Un minimum de respect en effet s’impose.
Honteux !
Quelle honte!
Cette image est en effet le triste reflet de notre société. Elle est choquante pour sûr mais pensez-vous qu’une personne a placé Le distributeur à cet endroit pour les raisons auxquelles vous réfléchissez ou simplement un être comme toutes les personnes qui ne s’interrogent même pas en passant devant quotidiennement…. Cette personne a pu se dire que c’est un coin discret pour les gens qui souhaitent s’en servir, d’ailleurs la plaque est minable tant elle est discrètement orientée ! Encore quelqu’un qui ne connaît même pas les raisons pour lesquelles il se lève le matin… Ou alors c’est sciemment exécuté et dans ce cas c’est affreux