Tournée mondiale pour Angelina Jolie qui assure une promotion exceptionnelle pour son premier long métrage Au Pays du sang et du miel. Pour la projection parisienne, à laquelle de nombreuses vedettes ont participé, Angelina Jolie a invité Bernard-Henri Lévy, directeur de la revue La Règle du jeu, à présenter le film devant les spectateurs du MK2 Bibliothèque. Un choix qui n’est pas surprenant, puisque l’intellectuel français avait été en contact avec l’actrice d’Un coeur invaincu (dans lequel elle joue l’épouse du journaliste Daniel Pearl à qui BHL a consacré un livre) et qu’il avait tourné Bosna! dans Sarajevo assiégé, un film qui avait été présenté au Festival de Cannes en 1994.
« Le film d’Angelina est incroyable, il m’a absolument renversé » a souligné Bernard-Henri Lévy. Arrivé quelques minutes après le couple Angelina Jolie-Brad Pitt, il a reçu un « You are my champion« , de la part de Brad Pitt. « Je suis si contente que vous soyez là« , a enchaîné Angelina Jolie. Sur quoi Bernard-Henri Lévy lui a présenté Gilles Hertzog, directeur de la publication de La Règle du jeu, avec qui il a précisément tourné Bosna! et avec qui il est en train de terminer le tournage d’un nouveau documentaire, sur la Libye cette fois. Le trio s’était déjà croisé en 2007, à la frontière du Tchad et du Darfour.
Sur la scène, Bernard-Henri Levy a déclaré : « Je connais les lieux qu’a recréés Angelina Jolie, a-t-il expliqué. Je connais des femmes et des hommes qui, dans la vie réelle, ont vécu l’exacte histoire qu’elle raconte dans ce film. Eh bien, ce qui est sidérant, c’est qu’elle a réussi, alors qu’elle n’a rien connu de tout cela, alors qu’elle était une petite teenager quand tout cela s’est produit, à en saisir et en restituer l’essence. Ce n’est pas juste un film. C’est un film juste. Et vrai. […] Grâce à vous, a-t-il continué en s’adressant à Jolie et à ses actrices, des milliers de femmes, en Bosnie, ont commencé de faire enfin le deuil de leur terrible martyr. »
Une oeuvre juste
Au pays du sang et du miel conte la relation amoureuse d’une jeune femme musulmane (Zana Marjanovic) et d’un Serbe (Goran Kostic) qui se retrouvent dans des camps opposés après l’éclatement du conflit. Un sujet délicat, qui a fait polémique dès le tournage. Aucune star, mais des acteurs locaux, un tournage en serbo-croate, un sujet brûlant. Au pays du sang et du miel a été vivement salué au Festival de Berlin (il a reçu au gala Cinema for Peace dans la capitale allemande le prix de l’œuvre à portée humaine).
Le 14 février, Angelina avait présenté son film à Sarajevo, cœur même du long métrage. Une projection devant 6 000 personnes, touchées directement ou indirectement par la guerre qu’elle considère comme l’un des moments les plus forts de sa vie. Rémy Ourdan – le journaliste et correspondant de guerre du Monde qui prépare un dossier sur la Bosnie pour le magazine du quotidien, M – a assisté à l’événement et a fait part son sentiment sur France Info. Il décrit les pleurs du public, composé pour un tiers d’associations de victimes et de survivants, à la fin de la séance. Si les personnalités issues du milieu culturel ont pu avoir un discours plus distancié et ravi, le chef du parti social-démocrate de Bosnie-Herzégovine, Zlatko Lagumdžija, ne pouvait retenir son émotion, au point d’être incapable de parler. Le journaliste français estime qu’en mettant de côté les qualités et défauts cinématographiques d’Au pays du sang et du miel, cette oeuvre est une vision juste et brutale, non caricaturale de ces événements.
Sur le plateau du Grand Journal de Canal+, Angelina Jolie est revenue sur les récentes critiques dont fait l’objet sa réalisation, taxée d’anti-serbe, notamment par le cinéaste serbe Emir Kusturica : « J’ai montré l’humanité dans les deux camps, dira-t-elle. Mais le massacre de Srebrenica a bien eu lieu. » Assumant la violence et la dureté de son film, elle a précisé qu’il ne s’agissait pas d’un documentaire, mais d’une interprétation artistique du cette guerre.
Au pays du sang et du miel sera dans les salles en France le 22 février.