Même un ambassadeur ne peut rester indéfiniment muet face à la répression subie par la population syrienne. Ainsi lundi soir, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur de France à l’Onu, Gérard Araud n’y est pas allé de main morte dénonçant l’immobilisme onusien, affirmant que le Conseil de Sécurité de l’Onu était “moralement responsable de la situation” et que son silence était “scandaleux”.
Indifférence des uns, opposition des autres dont celle, notable, de la Russie et de la Chine qui, après avoir empêché le 4 octobre dernier l’adoption d’une résolution visant à faire pression sur le clan Assad, continuent de camper sur leur position.
En revanche, Allemands et Britanniques se sont accordés avec la France quant à la nécessité d’agir rapidement et significativement sur le régime syrien pour endiguer la répression. “Je pense qu’il est nécessaire pour les pays au Conseil de sécurité qui hésitent encore de changer d’avis. Je suis réellement choqué par ce que j’ai entendu des atrocités en Syrie”, a dénoncé ce lundi le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle.
La haut commissaire aux droits de l’homme de l’Onu a, quant à elle, déclaré de sources fiables que plus de 5000 personnes avaient trouvé la mort en Syrie depuis le début de la répression : “Des informations crédibles réunies par mon personnel démontrent une tendance à l’usage systématique et étendu de la torture lors des interrogatoires”, a ainsi assuré Mme Navi Pillay selon ses sources diplomatiques. “L’inaction de la communauté internationale va enhardir les autorités syriennes et assurer l’impunité aux auteurs” de ces tueries, a-t-elle encore affirmé.
Pendant ce temps en Syrie se tenaient des élections municipales, premier scrutin organisé depuis le début de la contestation en mars dernier. Selon des militants pro-démocratie, seul 1% des 14 millions d’électeurs appelés aux urnes aurait participé à ces élections. En outre, d’importants mouvements de grèves à Homs, Hama et Deraa, immobilisaient le pays, l’opposition ayant lancé dimanche un appel à la désobéissance civile en vue d’épuiser les ressources financières du régime.
La volonté de renverser le régime de Bachar al-Assad est donc toujours aussi vivace ; que ce soit du côté de la population syrienne, de manière vitale ; que du côté occidental, moralement contraint d’agir. Reste à se doter de moyens capables de porter un coup décisif à ce régime délirant.